15/01/2013
"Tant mieux pour elle !"
Depuis la grosse discussion entre mes filles, elles n'ont plus jamais abordé le problème qui existe entre elles. Chacune de son côté me fait des commentaires sur l'autre et j'ai toujours pensé qu'elles devraient se reparler. Elles y ont réfléchi et l'une comme l'autre ont décidé qu'elle ne le ferait pas, du moins pour l'instant. L'aînée pense se contenter de la relation actuelle, tandis que la cadette n'a pas le courage d'affronter une nouvelle discussion qui risque de dégénérer. En tout cas pas de faire le premier pas. Cependant, cette dernière y pense beaucoup et tente de décortiquer le sujet avec une kinésiologue. Fait nouveau, elle s'est acheté un petit carnet et prend des notes, lorsqu'elle sort de la séance. Elle y inscrit aussi ses pensées lorsqu'elles surviennent au cours de la journée. C'est un gros progrès car avant, elle aurait bien aimé que la kinésiologue la débarrasse de ses problèmes sans devoir y travailler elle-même.
J'ai eu une discussion intéressante avec elle, dimanche après-midi, alors que je venais chercher mes cobayes qui ont passé le WE chez elle. Nous étions seules, ce qui arrive rarement. Je lui ai demandé ce qu'elle avait ressenti lorsque je lui ai annoncé ma décision d'offrir un lave-linge à sa sœur pour son anniversaire. Ça m'intriguait parce qu'elle m'avait répondu "Tant mieux pour elle" sur un ton neutre qui n'exprimait pas vraiment la satisfaction. Elle ne savait pas trop quoi me répondre, mais elle y a réfléchi.
Le lendemain, elle me téléphonait en me disant qu'elle essayait de se replonger dans son ressenti du moment où je lui avais annoncé le cadeau que je comptais faire à sa sœur. Pour cela, elle voulait savoir pourquoi j'avais décidé de faire un cadeau aussi coûteux, car ce n'était pas mon genre. J'ai eu du mal à donner une raison précise. J'ai évoqué mon éternelle culpabilité de ne pas donner davantage, alors que j'ai quelques réserves financières. J'ai souvent des élans de générosité que d'habitude je réprime, me disant que ça ne la sortirait pas de sa compulsion dépensière. Qu'au contraire cette "aide" ne ferait qu'augmenter sa dépendance. Je me contente donc de lui faire régulièrement des prêts. Il y avait aussi le fait que mon mari m'avait proposé de le faire, ce qu'il n'avait jamais fait auparavant. Ajouté à cela que j'étais assez lassée de ce retour constant des problèmes de machine qui ne lave pas bien et d'odeur persistante du linge sortant. Elle me demande si je le faisais pour l'encourager, parce que je trouvais qu'elle faisait déjà beaucoup d'efforts. Je n'y avais pas pensé en ces termes, mais peut-être bien que ça joué, d'une certaine façon.
Après ces explications, je me suis rendue compte qu'elle n'en avait pas besoin pour déterminer ce qu'elle avait ressenti au moment de mon annonce et je lui en ai fait la remarque. Elle m'a rétorqué qu'elle avait besoin de comprendre mon attitude. D'accord, pour aller plus loin cela pouvait être utile, mais pas pour analyser sa réaction au moment où j'ai annoncé mon intention. Elle admet.
Nous continuons à débattre. Est-elle jalouse ? Elle ne le croit pas. Trouve-t-elle que mon attitude n'est pas la bonne ? Elle ne juge pas mon attitude, elle essaie de comprendre. Pense-t-elle que sa sœur ne mérite pas cela (elle m'a parlé de mérite à d'autres occasions). Non, elle ne voit pas d'autre ressenti que la surprise. Pourtant, selon moi, il y avait quelque chose de plus là derrière. Une surprise peut être agréable ou non. Dans ce cas-ci, elle ne semblait pas être particulièrement plaisante. Je crois qu'elle continuera à y réfléchir.
J'y pense tout à coup. Cette phrase, "tant mieux pour elle", est exactement la même qu'elle a prononcée, sur le même ton, lorsque l'ami de leur père a accepté tout dernièrement de faire un prêt à ma fille aînée. Il faudra que j'en reparle à ma cadette. Faire le parallèle pourra peut-être l'aider à y voir plus clair en elle.
11:44 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (22)
08/01/2013
Bénévolat
L'année 2012 était particulière pour moi, puisque c'était la première année de ma retraite. J'avais fait une petite liste de projets. Il y en avait neuf. Je ne voulais pas tous les réaliser, mais au moins quelques uns. Il s'avère qu'aucun n'a été poursuivi avec assiduité et que finalement je n'avais pas fait grand chose de plus que l'année précédente.
Justement, cet après-midi, à la radio, une psy expliquait qu'à notre époque, nous devions faire beaucoup plus de choix qu'auparavant, lorsque tout était plus codifié, imposé, choisi pour nous. Ainsi, maintenant, nous pouvons nous marier, ou non, vivre en couple ou seul, avoir des enfants, ou pas. Dans le temps, tout nous poussait à nous marier et à avoir des enfants. Point barre. Et c'est ainsi dans beaucoup de domaines. C'est une vraie liberté et en même temps, une difficulté car il faut du courage pour décider et en subir les conséquences.
C'est à cette difficulté là que je suis confrontée actuellement. Je fais partie d'une génération où il y avait quand même beaucoup de devoirs et peu de liberté. Il "fallait" beaucoup de choses, et tant de choix étaient impossibles car "ça ne se faisait pas". Aujourd'hui, je n'ai plus d'obligation et il m'est difficile de me les imposer à moi-même. Ajoutons à cela le fait que je ne suis pas quelqu'un qui déborde de courage et d'énergie...
Il y a aussi le fait que je me sens obligée d'être disponible pour accueillir Bébichon s'il est malade, ce qui est arrivé bien souvent cette année. Mais c'est à moitié une excuse, car il n'a été malade qu'une seule fois au cours des 5 derniers mois de l'année, et je n'ai rien fait de plus que lorsque je travaillais.
Quand j'ai relu ma liste, je me suis rendue compte que j'avais carrément zappé ce que j'avais pourtant envisagé chaque fois que je pensais à ma retraite : le bénévolat. Pourtant j'ai continué à y penser, épisodiquement, sans jamais rien décider.
Une remarque de Chaourcinette m'a fait réagir. Elle me demandait quelles étaient mes résolutions pour 2013. Je lui répondais que je n'en avais qu'une, c'est de poursuivre mon petit chemin en essayant par-ci par-là de l'améliorer. Ce à quoi elle réagit comme suit : "c'est une réponse de normand ça!! mais je te comprends!! l'âge étant là (lol ! mais non, t'es pas vieille!!) il faut se contenter de ce qu'on a !! juste le saupoudrer de paillettes de plaisir et d'or....parfois!" Cela m'a fait un peu tiquer. Que je sois vieille, ou à moitié vieille, ou jeune retraitée, peu importe. Le temps qu'il me reste avant d'être impotente diminue forcément. Il ne faut plus attendre.
Je suis donc allée revoir sur internet les possibilités de volontariat qui existent et notamment l'une qui me bottait bien et à laquelle je pensais déjà depuis des années. Et voilà ! Tout à coup cela m'a paru urgent. Il n'était plus temps de se tâter. J'ai fait ma lettre de motivation, mon CV et ce matin je suis allée demander un certificat de bonne vie et mœurs à la commune. Je peux aller le chercher jeudi. Entretemps, j'en ai parlé à mes filles, pour savoir s'il y aurait une solution si jamais Bébichon était malade un jour où j'aurais quelque chose à faire qui ne souffrait pas d'être remis. Elles ont été positives toutes les deux et m'ont encouragées. La cadette trouvait que c'était un investissement important. L'aînée était fière de moi.
Jeudi, j'envoie ma lettre.
De quoi s'agit-il ? De tutelle de mineur étranger non accompagné.
17:44 | Lien permanent | Commentaires (10)
06/01/2013
21ème rencontre + Pourquoi le pseudo "XY" ?
Hier, Bébichon a vu son papa, qui n'était en retard que de 12 minutes. Sa ponctualité du début se raréfie.
Nous nous demandions ce qu'il allait inventer pour justifier de ne pas s'être présenté, il y a 2 semaines, à l'heure qui lui avait été communiquée par sms plusieurs jours auparavant, suite à un changement demandé par ma fille. Cette dernière croyait qu'il prétexterait la perte de son portable. Il a trouvé plus original. Il serait parti en vacances et on ne lui aurait pas donné l'heure du RV suivant avant qu'il ne parte. Une fois de retour chez lui, il aurait été trop tard pour ... je ne me souviens plus pourquoi. Et donc, il n'est pas venu du tout. C'est ce que lui explique la dame (celle qui avait trouvé "monsieur" génial en tant que papa). Ma fille lui fait remarquer que s'il ne connaissait pas l'heure, il aurait pu se renseigner. Et que s'il n'était pas chez lui, il aurait pu prévenir qu'il ne viendrait pas. La dame dit qu'il vient de s'en excuser, sans doute lorsqu'elle lui en a fait la remarque. Elle semble croire à ses explications. Soit ! Au moins, cela signifie que ses défauts de comportement sont remarqués et qu'on lui demande des comptes, en quelque sorte.
Ce qui a aussi déplu à ma fille, c'est que XY était derrière la porte pendant cette conversation et que la dame - qui le savait - a laisssé parler ma fille. Je crois que ma fille commence à lâcher un peu la réserve qu'elle s'était imposée pendant des mois. Je crains que ce ne soit pas forcément une bonne chose. Cela provient sans doute du fait qu'elle est de nouveau hyper sur les nerfs ces temps-ci.
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Pour Claude, à qui j'avais promis une explication quant au choix du pseudo "XY", la voici :
Lorsque j'ai cherché comment appeler l'ex compagnon de ma fille, j'ai pensé à toutes sortes de surnom. Péjoratifs évidemment. Du genre "l'ogre", "la sangsue", "la bête" ou je ne sais quoi d'autre. Mais j'ai trouvé que cela niait complètement l'humain qui est en lui (bien caché, il est vrai). Ensuite, j'ai pensé le nommer par sa profession, "le bûcheron". Mais j'ai trouvé que c'était insultant envers ce corps de métier. J'ai alors cherché quelque chose de plus symbolique. J'ai pensé à YY qui représentait pour moi le chromosome Y que seul possède l'homme, doublé afin de signifier son hyper agressivité. Mais je me suis ravisée car cela aurait signifié que je considère l'agressivité comme étant l'apanage de l'homme et de lui seul. J'ai alors opté pour XY (en majuscule quand même, pour indiquer le pouvoir !) Etonnamment, pour l'homme qui a mené ma fille à faire une tentative de suicide, j'ai préféré un pseudo respectant son humanité. Même si lui n'en a aucun pour autrui ...
22:44 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (32)