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03/04/2024

groseille à maquereau

Il y a bien longtemps que je ne suis plus venue m'épancher sur mon blog. Il y a une bonne raison à cela. Je ne parle quasi que des soucis que j'ai avec ma fille aînée et j'ai parfois l'impression que je saoule les personnes qui me lisent, même si Chloé me dit que non.

Bref, pour ceux que ça pourrait intéresser, je peux dire que rien n'a changé. À Noël, la discussion a repris à propos de la terre plate. Et ce n'est pas ma fille qui a commencé, mais bien mon petit-fils aîné. Il s'en est mordu les doigts, parce que bien sûr ma fille s'est engouffrée dans cette brèche. Après un court débat, le deuxième de mes petits-fils a déclaré que de toute façon chacun avait son idée et personne ne changerait d'avis. Ça ne servait donc à rien de débattre. Je me suis tournée vers lui d'un air sincèrement admiratif : "Et bien, tu es un vrai philosophe toi !" Tout le monde s'est arrêté de discuter et nous avons pu parler sereinement d'autre chose. Ouf !

Il y a encore eu d'autres épisodes que je ne vais pas énoncer, sauf l'avant-dernier qui a été assez grave. Elle m'a fait une crise de colère et de reproches, déclarant que nos divergences de pensées la minent. Finalement elle est allé pleurer chez sa sœur, affirmant que je ne l'aimais plus. J'ai fait de mon mieux pour la ramener à des idées plus positives. Elle s'est calmée, mais je sais que l'abcès n'est pas percé.

Lundi dernier, à l'occasion du brunch de Pâques organisé par ma fille cadette, nous parlons fruits. Je fais remarquer la bizarrerie de la dénomination groseille à maquereau. Mon petit-fils ainé ironise : « Groseille à Macron ? » Du coup, il est question d’une photo où l'on voit les muscles de Macron. Ma fille se moque : « On dirait un petit garçon qui est tout content d’être le chef. » Cela dévie sur le fait que le premier ministre n'est pas élu, qu'il est nommé directement par le président, que ce n’est pas normal, que les gens devraient pouvoir donner leur avis là-dessus, qu’il y a un tas de choses que si les gens savaient (et qu'elle sait depuis peu, souvent sans en connaître tous les aspects) ils pourraient faire pression pour que cela change. Elle parle de ceux qui se présentent ou ne se présentent pas en séance et sont payés quand même. Mon mari renchérit à propos d'un ministre belge filmé endormi lors d'un débat parlementaire. Je le regarde avec de grands yeux, espérant lui faire comprendre de ne pas alimenter la discussion dans ce sens. Il ne capte pas. Ma fille enchaîne : « Oui, Biden aussi dormait. » Mes antennes, qui étaient déjà en alerte quand la discussion a viré politique, se sont mises à vibrer. J’ai fait un signe que je croyais discret (doigt sur la bouche) vers mon mari pour qu’il arrête de parler sur ce sujet qui nous a déjà valu des discussions houleuses. Il n’a rien compris. Les autres n’ont rien vu, mais ma fille a capté mon geste. « Je t’ai vue, tu sais ! » Elle s’est levée furieuse et est sortie sur la terrasse, tournant le dos à la maison. Je suis allée la rejoindre :

- Tu sais, je préfère vraiment qu’on ne parle pas de politique.
- Oh, mais il n’y a pas de problème.
- Pourquoi tu es sortie alors ?
- Pour prendre l’air.
- Tu vois qu’il y avait un problème.
- C’est pour ne pas t’agresser.

Je n'ai pas su quoi répondre, pensant que si elle sort pour éviter de m'agresser, il vaut mieux que je m'éloigne. Je suis rentrée. Elle est restée encore un peu dehors puis est revenue s'asseoir. Il y a eu un grand froid entre nous. Puis nous avons chacune fini par faire comme si de rien n'était. Mais cet événement ne va faire que se rajouter aux précédents et augmenter encore sa rancune à mon égard ...

Commentaires

Comment faire, comment se comporter quand un.e de nos plus proches ont des croyances surprenantes ? Que dire ? Laisser parler votre fille en vous bouchant les oreilles de manière figurée (sans le faire réellement) ? Quitter la table tranquillement en disant d'une voix posée (autant que faire se peut) qu'un.e convive vienne vous chercher lorsqu'on revient à un autre sujet ? Marquer votre désaccord clairement ? En disant à votre fille que vous l'aimez, vous inquiétez pour elle, que ce sont ses idées qui vous paraissent saugrenues et pas elle ? Que vous vous demandez comment elle en est arrivée là ?
Pensez-vous que ces croyances l'empêchent d'avoir une vie "normale" ? A-t-elle été toujours un peu comme ça ? Et que ça se serait aggravé à l'occasion de difficultés personnelles ?
Est-ce que ça lui permet de faire partie d'un groupe ? D'avoir de la valeur à ses propres yeux ?
Peut-être pourriez-vous tenter de couper lorsqu'elle démarre sur un sujet sensible (politique, platisme...) ? en disant votre désaccord et votre souhait de ne pas vous disputer avec elle parce que vous l'aimez même si parfois vous avez du mal à la comprendre ?
Je lance des idées, trop peut-être. J'espère qu'avoir écrit ce texte vous a fait du bien, a permis de poser une partie de votre inquiétude de mère au sujet de votre fille.
Je vous souhaite une relation apaisée.
Bonne soirée.

Écrit par : Chantal | 07/04/2024

Merci beaucoup Chantal, pour toutes ces pistes. Il y en a que j'ai déjà testées. Mon médecin de famille (un autre que l'homéopathe dont j'ai déjà parlé) m'a fait des suggestions similaires. Je lui en ai parlé parce que je le consultais pour un eczéma important et après avoir fait le tour des causes possibles, il en est venu à évoquer une origine nerveuse.
En fait, j'en parle sur mon blog dans l'espoir illusoire que quelqu'un va me donner "la" solution, alors que je sais bien qu'elle n'existe pas. Qu'il faudra toujours naviguer en eaux troubles. Tenter des attitudes ou des dialogues diver·s·es. Ecrire soulage un peu, mais ce n'est que momentané.
La difficulté supplémentaire c'est que ma fille est régulièrement en dépression ou tout au bord et donc fragile. En même temps, je crois avoir le droit de me protéger également. L'équilibre n'est pas facile à trouver.
Une vie "normale", je ne peux pas dire qu'elle l'ait. En tout cas pas du point de vue relationnel. Elle n'a pas vraiment d'ami·e·s. Elle ne sort pour ainsi dire pas. Elle travaille, mais son boulot ne lui plaît pas et elle est en télé-travail 4 jours sur 5, ce qui ne favorise pas les interactions sociales, voire amicales éventuelles avec les collègues. Elle passe la plupart de son temps libre sur internet. Voilà un peu la situation.
En tout cas, recevoir votre commentaire compréhensif et empathique m'a fait du bien. Merci encore et bonne soirée.

Écrit par : quantique | 08/04/2024

Hello, Quantique !

Je me demandais, comment réagissent les autres quand ta fille aînée parle de ces sujets ? Ton mari, ta fille cadette, tes petits-fils et même d'autres personnes ?

Bises,

Écrit par : Stef | 11/04/2024

Ma fille cadette évite ces sujets. Quand elles sont à deux, si l'aînée commence, après 5 minutes elle lui dit : "Bon, ça va, on passe à autre chose." Quand on est en famille, elle s'éclipse. Mon mari essaie de ne pas réagir, mais il n'y réussit pas toujours. Les fils de ma fille cadette sont parfois entrés dans la discussion, mais maintenant ils essaient aussi d'éviter. Ce n'est pas évident car on ne sait pas toujours par quel biais elle va introduire ses obsessions. La seule personne extérieure à la famille avec laquelle elle discute est un ancien collègue qu'elle ne voit que 2 fois par an. Lui, il argumente. Parfois ça donne des étincelles, parfois moins. Mais je n'assiste pas, donc je ne sais pas vraiment comment ça se passe. Des exemples de comportement, j'en ai toute une série maintenant avec tous les conseils que je reçois.

Écrit par : quantique | 11/04/2024

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