07/03/2013
Bigoudis
À la mi-janvier, j'ai envoyé ma lettre de candidature à la fonction de tutrice de mineur étranger non accompagné. À ce jour, je n'ai pas eu de réponse. Un mail envoyé est également resté sans réaction de la part du service organisateur (ministère de la justice). J'ai donc téléphoné. Une dame m'a répondu que ma demande avait bien été enregistrée. Elle m'informe en outre qu'un cycle de formation venait de se terminer. Le prochain aurait lieu dans la seconde partie de l'année. Des demandes arrivaient tous les jours. Je recevrais une réponse au mois d'avril.
Un peu déçue de tant de lenteur, je me suis demandée si je ne ferais pas bien de m'engager dans une autre voie, du moins pour l'instant. Car non seulement il me faudrait participer à la formation, mais rien ne dit que ma candidature serait acceptée. Surtout si les demandes sont aussi nombreuses. Et si la réponse est positive, je ne pourrais commencer à m'investir que dans plus de six mois.
Sur ces entrefaits, un petit encart dans la gazette communale fait appel à une bénévole pour le salon de coiffure de la maison de retraite. Ce n'est pas l'activité dont je rêverais, mais pourquoi pas ? Je téléphone et suis reçue quelques jours plus tard par la responsable du staff de bénévoles. Elle me demande si je tiens à cette activité particulière ou si une autre me conviendrait également. Comme je n'ai pas de préférences, elle me propose de choisir entre la participation à la journée "crêpe" (vaisselle, service ...) ou au bricolage. Je choisis cette dernière option. Elle remplit des papiers et me contactera quand la direction aura accepté ma candidature. Elle me rassure, les refus sont extrêmements rares et correspondent à des situations particulières, par exemple l'alcoolisme.
Quelques jours plus tard, cette dame me contacte à nouveau. Elle me demande si c'est à moi qu'elle a demandé de faire un remplacement d'urgence au salon de coiffure. Je lui réponds par la négative, mais j'accepte de le faire si nécessaire. Je commence à stresser. Ne vais-je pas faire couler de l'eau dans les yeux des gens ? Comment serais-je accueillie ? Vont-elles rouspéter parce que les bigoudis ne sont pas placés comme elles le souhaitent ? Bof, on verra bien ! Me voilà donc à me présenter dans le petit salon de coiffure du home. La première fois que je l'avais vu (lors de mon entretien "d'embauche"), je l'avais trouvé assez froid. Une personne lavait des cheveux. Une autre plaçait des bigoudis. Le silence était absolu.
Cette fois, par contre, je suis accueillie par un joyeux trio de dames (retraitées comme moi, je suppose, vu leur âge) qui me demandent comment je m'appelle, d'où je viens, ou j'habite etc. Celle qui s'occupe du salon manifeste son plaisir de me voir intégrer l'équipe. Le trio se disperse et la coiffeuse en titre (qui n'est qu'une bénévole ayant reçu une petite formation) m'explique le rangement, les produits, les ustensiles. Elle commence le placement de bigoudis et je prends la relève, un peu gauche et tremblotante au début. J'ai fait ce genre de chose pour ma mère, jadis, quand j'étais jeune fille, c'est-à-dire il y a bien longtemps. Mais je dois dire que c'est comme le vélo. Ça revient très vite. Ma "patronne" est contente. Elle trouve que je vais vite (moi qui me trouve lente d'habitude) et que je parais avoir fait ça toute ma vie.
Toutes mes "clientes" se sont endormies pendant que je plaçais les bigoudis. Au moins, ça signifie que je n'ai pas tiraillé leurs cheveux et ne leur ai pas enfoncé les pics dans le crâne !
Je me suis notamment occupée d'une dame qui avait fêté ses 100 ans. Elle avait encore toute sa tête. Et par-dessus, une chevelure bien fournie. Je l'ai un peu bousculée en plaçant le casque sèche-cheveux, mais pas trop. Je l'ai reconduite dans sa chambre en chaise roulante. Elle s'est déplacée elle-même vers son fauteuil rempli de petits coussins. J'ai rangé sa chaise roulante là où elle me le demandait et elle m'a gratifiée d'un merci accompagné d'un large sourire. Elle s'est un peu tendue vers moi en levant la main et j'ai cru comprendre qu'elle voulait m'embrasser, ce que j'ai fait avec plaisir. Nouveau sourire de sa part.
Voilà une matinée bien remplie et satisfaisante. C'est aussi un petit défi pour moi de faire ce genre de chose, moi qui suis un peu asociale et timide !
09:00 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (23)
04/03/2013
La capacité d'empathie de Bébichon
Bébichon regarde un dessin animé. Le petit personnage principal est triste parce qu'il n'a pas d'amis. Les yeux de Bébichon rougissent. Son visage se décompose. Ma fille le rassure en lui expliquant qu'il n'a pas d'amis maintenant, mais après, il en aura. Bébichon regarde jusqu'au bout et son visage reprend sa sérénité.
Ma fille se fait mal. Elle pousse un "aïe"et se frotte l'endroit douloureux. Bébichon vient près d'elle et demande : "Ça va, maman ?" Il lui fait un bisou ou une petite caresse sur la tête.
Ma fille a de la visite. Une amie accompagnée de sa petite fille (6 ans). Bébichon (2 ans et 8 mois) arrive dans la cuisine où se tient ma fille, en tenant la petite par la main. Elle est en larme. Il montre à ma fille en expliquant avec ses petits mots et des gestes évocateurs, qu'elle s'est fait mal. Ma fille console la fillette et l'embrasse sur son bobo. C'est visiblement ce que Bébichon attendait. Les deux enfants s'en retournent jouer dans le salon.
L'empathie, quel beau sentiment, qui s'installe très tôt dans l'enfance ! ... C'est ce qui manque aux PN ... Ils l'avaient peut-être, mais ils l'ont perdue ... XY n'a aucune empathie ...
12:45 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (17)
03/03/2013
25 ème rencontre
J'aimerais d'abord relater l'incident qui s'est passé au MIR il y a quinze jours, lors de la 24ème rencontre.
J'avais eu ma fille au téléphone, le samedi matin, pendant que Bébichon voyait son papa. Elle était hyper nerveuse. Le soir, vers 6h30, je reçois un sms : Bébichon a pleuré très fort en quittant le MIR. "Papaaaa, papaaa !" Il ne voulait pas mettre sa veste. La dame est arrivée et lui a dit : "Oh, tu es triste de quitter ton papa. Mais tu le verras dans 15 jours, tu sais !" Celle-là, elle me rendra folle ! Je lui ai dit bon WE sèchement !"
Je ne réponds pas tout de suite au sms et je m'interroge. L'incident, si on peut l'appeler ainsi, a eu lieu vers midi et c'est maintenant qu'elle m'en informe. Cela signifie-t-il qu'elle s'est rongé les sangs pendant tout l'après-midi à cause de cette dame qu'elle ne supporte plus et qui en l'occurrence n'avait rien fait de mal, selon moi ? Il me semble que ma fille a les nerfs vraiment à fleur de peau.
Quand je la contacte, elle me confirme que ça l'a poursuivie pendant des heures. Je lui fais remarquer que sa réaction est disproportionnée par rapport à l'intervention de la dame. Elle se braque et justifie son attitude. Déjà, en temps normal, elle s'énerve très vite quand Bébichon refuse de s'habiller, qui plus est en public. Et puis, elle imagine la jubilation de XY, derrière la porte. Un bon point pour lui que l'enfant pleure parce qu'il doit partir. Qui sait même s'il n'a pas versé une larme hypocrite pour émouvoir la personne du MIR qui était auprès de lui à ce moment-là. Il en est capable ! Et pour couronner le tout, la dame appuie où ça fait mal chez ma fille, en accentuant le fait que Bébichon est triste de quitter son papa.
Le lendemain, nous en reparlons. Elle admet qu'elle ne se contrôle plus, que c'est dur, et qu'elle ne sait comment y remédier. Comme elle ne se voit pas, une fois de plus, raconter sa vie à un psy pour le moment, je lui conseille d'au moins retourner voir son médecin pour qu'il lui prescrive quelque chose. La dernière fois, le médicament qu'il lui avait prescrit avait eu des effets secondaires fort désagréables et elle avait arrêté de les prendre. Mais il pouvait trouver quelque chose qui lui conviendrait mieux, non ?
Elle m'a écoutée et a même fait plus. Elle est allée faire un examen du cœur qui lui avait été prescrit précédemment et qui n'a rien révélé de spécial. Elle a aussi demandé une semaine de congé de maladie. Le médecin lui a prescrit un médicament contre l'angoisse, mais elle ne le prend pas. Elle a peur de la dépendance. Elle semble un peu plus calme, mais à peine. Quant à ses douleurs musculaires, les examens précédents n'ayant rien révélé, il s'agit probablement de fibromyalgie.
Hier avait donc lieu la 25 ème rencontre. XY est arrivé en retard de quelque 8 minutes. Ma fille a entendu une personne dire à une autre de terminer bien à l'heure. Sous-entendu que XY ne pourrait pas bénéficier d'un rajout de 8 minutes à la fin de la séance. Petit plaisir pour ma fille.
Le petit xy était là. Elle ne reste plus avec lui depuis le gros incident avec la protectrice de XY. Sa discussion avec la directrice l'a amenée à prendre ses distances avec l'enfant et à renoncer à faire quelque chose pour lui. Il lui a apporté 2 photos faites par le photographe, à l'école. Il avait l'air triste.
Quand ma fille récupère Bébichon, il refait sa crise de ne pas vouloir mettre sa veste. Une des dames du centre compatit, mais ne fait aucune allusion à XY. Elle dit simplement : "Il est fatigué !"
18:53 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (19)