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02/04/2012

Quatrième rencontre

 

Samedi dernier, je ne devais pas voir ma fille, puisqu’il était prévu que j’irais chez elle dimanche. Mais en fin d’après-midi, elle me téléphone pour demander si elle peut passer. J’étais un peu contrariée. Je venais de commencer à jardiner. Elle a dû sentir mes réticences, mais elle insistait, me rappelant qu’elle avait conduit Bébichon auprès de son papa. Je l’ai donc laissée venir, m’attendant à une nouvelle entourloupe de XY ou peut-être à une attitude inadéquate d’une psychologue, comme c’est arrivé une fois.

Finalement, il n’y a rien eu de grave. Rien que la routine d’un manipulateur invétéré. Il est arrivé avec ¼ d’heure de retard, qu’il a pu rattraper en restant ¼  d’heure de plus, sans que l’on demande l’avis de ma fille qui aurait pu avoir autre chose à faire après cette visite. Elle l’a entendu s’excuser très poliment, tout en charme et cordialité, parlant  du beau temps etc. Elle est persuadée qu’il avait bu, à la façon dont il parlait fort, au point qu’elle comprenait ce qu’il disait, à 2 pièces de là, ce qui n’était pas le cas les fois précédentes. Elle se demande si les psychologues s’en sont rendues compte. C’étaient d’autres personnes. Il a donc refait son numéro de langer son fils sans nécessité. Ça énerve prodigieusement ma fille. On dirait qu’elle supporte de moins en moins ses manœuvres, même les plus bénignes.

Il a encore apporté un jouet pour Bébichon. Ma fille a de la peine pour le petit xy qui lui n’a rien reçu de sa part, parce qu’elle ne veut pas entrer dans la surenchère des cadeaux.

Elle n’a vu le petit xy que 2 minutes, quand il était temps de partir. Elle lui a demandé s’il n’avait pas eu envie de venir jouer avec elle. Il a répondu très spontanément que si. Elle lui a alors demandé s’il n’avait pas osé demander. Il a répondu par une sorte de grimace et de sons hésitants qui voulaient probablement dire qu’il ne pouvait pas ou n’osait pas répondre sincèrement à la question. Ma fille pense que XY lui a interdit de la rejoindre. On pourra penser qu’elle fantasme. Elle peut se tromper, mais ses soupçons peuvent être justifiés car elle a vécu tout ce qui s’est passé entre XY et la mère du petit. Chaque parent empêchait l’enfant de révéler un tas de choses à l’autre ou l’encourageait à mentir, ce qu’eux-mêmes faisaient constamment. Il faut savoir aussi qu’il y a 15 jours, elle a fait une demande de visite au petit garçon. Pas un droit entériné par un jugement. Juste une convention actée par avocats. Demande qui n’a pas eu de suite à ce jour.

Ma fille a décidé que dorénavant elle ne dirait plus rien aux psychologues au sujet de XY ou de son fils aîné. En ce qui concerne ce dernier, elle croit que le personnel s’apercevra de son état où tout épanouissement est exclu. Ses regards fuyants, son attitude raide, sa peur de déplaire à son père. Elle veut se montrer irréprochable et de bonne volonté et ne veut pas passer pour une hystérique. Espérons que les psychologues sont professionnelles et fines.

Univers infini, je remets Bébichon entre tes mains.

 

 

24/03/2012

Troisième rencontre

Bébichon connaît son père maintenant. Samedi de la semaine dernière, quand ma fille l’a conduit au centre MIR, il a accompagné sans rechigner une bénévole qu’il n’avait jamais vue auparavant. Il savait très bien où il allait et qui il allait voir. Et apparemment, il s'en réjouissait. Il a même fait un câlin à son papa. Ma fille se disait satisfaite. Tout se passait bien. J’étais un peu étonnée de sa réaction positive. Pour ma part, j’étais mitigée car si XY arrive à ne montrer que son beau côté, il obtiendra des droits plus étendus et sera alors hors contrôle. Elle précisera plus tard qu’effectivement, elle était contente que Bébichon sache maintenant qu’il a un papa, comme les autres enfants, qu’il le connaisse et que les échanges soient positifs. C’est une belle façon de vivre le moment présent. Mais elle craint bien sûr le choc et la déception, plus tard, quand il découvrira qui il est. Elle réfléchit beaucoup à la façon de gérer cet « après », qu’elle souhaite voir arriver le plus tard possible. Et à ce qu’elle expliquera alors à Bébichon, avec des mots qu’il puisse comprendre.

Pendant une partie de cette rencontre, ma fille a joué à un jeu de société avec le petit xy.  C’était une bonne idée, étant donné que l’enfant parle peu. Elle a pu constater qu’à près de 8 ans, alors qu’il recommence sa première année primaire, il lit très mal des mots assez simple,  comme « Maria ».  Ma fille lui a soufflé : « Mmmm… ». Il a dit alors « Marie », non « Maria ». Elle croit qu’il sait, mais qu’il n’ose pas, de peur d’être rabroué, comme il en l’a l’habitude. Elle le trouve complètement renfermé. Elle envisage de demander un droit aux relations personnelles, comme peuvent l’obtenir les grands-parents, par exemple. Mais son avocate lui a formellement conseillé d’attendre.

19/03/2012

Au bord de la folie ?

D’habitude, quand vient le WE, ma fille propose soit de venir chez moi, soit que je vienne chez elle, avec ou sans mon mari (qui n’est pas son père). Souvent c’est l’après-midi. Mais dimanche de la semaine dernière, elle me téléphone le matin  pour me proposer de venir.  Quand je demande « quand », sa réponse est sans équivoque : « le plus tôt possible et le plus longtemps possible ». C’est clair, quand elle est gourmande comme ça, c’est qu’elle ne va pas bien. C’était le cas. Je fais quelques courses pour manger et débarque chez elle vers 11 heures. Elle me parle de sa paranoïa. Elle est perpétuellement aux aguets. Parfois, en rentrant chez elle, elle entend un bruit. Elle a l'impression que XY s'est introduit chez elle. Elle croit voir sa voiture partout. Elle est même sûre de l’avoir vue un jour, garée près de chez elle et XY regardait vers son appartement. Pourtant, elle ne l’a pas formellement reconnu et n’a pas pu voir la plaque d’immatriculation. Elle s’imagine qu’il complote quelque chose contre elle. Qu’il va inverser les rôles en essayant de la faire passer, elle, pour une manipulatrice et une mauvaise mère. Parfois, elle imagine qu’il envisage de la tuer. Elle craint d’être au bord de la folie. Je lui rappelle que ce sentiment-là, ce n’est pas la première fois qu’elle le ressent, et que c’était avant XY. Elle ne s’en souvient pas. Elle parle de reprendre des antidépresseurs pour ne pas craquer.

Pendant 7 heures, je l’écoute, tente de la rassurer. Même si XY l’épie, elle n’a rien à cacher, C’est embêtant, mais ça ne changera pas grand-chose. Et jusqu’à présent, il a toujours déclaré au tribunal qu’elle était une bonne mère. Il ne va pas tout à coup, dire le contraire, ce ne serait pas crédible. En plus, tout malin qu’il soit, il n’a jamais été capable de préparer un coup bien pensé (en bien ou en mal). Il est futé pour retomber sur ses pattes et trouver des parades à postériori, mais pas pour élaborer des plans bien structurés. Il n’agit que par à-coup. Elle m’écoute - enfin je crois - mais je ne sais pas si mes arguments arrivent à la toucher. 

Je rentre chez moi, inquiète. Puis je relativise. Cyclothymique, elle le sera toujours. Si ça tombe, demain, elle ira beaucoup mieux. Ce fut le cas. Ouf !