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21/07/2022

ambivalence

Sur ma terrasse, les ruines d'un clapier attendaient depuis pas mal de temps que quelqu'un ait le courage de les évacuer. Ce matin, je m'y suis mise. Après avoir ramassé les parties les plus imposantes, il restait à terre des débris plus petits, mélangés à des feuilles et fleurs mortes. Laly est allé fureter par là assez longuement. Je ne me suis pourtant pas préoccupée de savoir ce qui pouvait l'intéresser à ce point. Quand elle s'est éloignée, c'est Mika qui est venue renifler le même endroit. Cette fois, je me suis posé des questions et je suis venue voir à mon tour. Et là, j'ai découvert une minuscule petite chose vivante, nue, rose, aveugle qui agitait doucement les pattes et ouvrait son minuscule museau, le refermait, le rouvrait ... Qu'allais-je faire ? Était-ce bien une souris, comme je l'imaginais ? D'abord la photographier, ensuite réfléchir. Je n'allais quand même pas faire 10 kilomètres à vélo pour l'amener au centre de revalidation des oiseaux et petits animaux sauvages de ma région ?! D'abord il fallait la sauver des crocs de mes 2 molosses de pacotille qui tout compte fait ne lui avaient pas fait de mal jusque là. Trouver d'où elle venait me paraissait mission impossible. Peut-être qu'en arrachant les herbes envahissantes, j'avais dérangé le nid et ramené cette crevette sur la terrasse. Le mieux c'était donc de la remettre dans les environs. La maman allait pouvoir retrouver son petit. IMG_20220720_085139.jpg

Mon mari me téléphone. Pendant qu'on se parle j'aperçois, devinez quoi ? Une souris qui quadrille à toute vitesse l'endroit où j'ai trouvé son bébé. Oh, merde ! J'aurais donc mieux fait de le laisser là ! Je la vois disparaître sous les débris de planchettes et je comprends que c'était là son nid. Je la laisse chercher sans bouger. Elle finirait sans doute par agrandir le cercle de ses recherches. Tout à coup, je la vois attraper quelque chose et s'éclipser à toute allure. Il y avait apparemment un deuxième bébé. Ensuite elle revient courir en tout sens, nord, sud, est, ouest. Mais elle ne trouve plus rien.

Je vaque à mes occupations pour ne pas déranger ses recherches  et un peu plus tard, maman souris partie, je vais voir dans les plantations. Le bébé n'est plus là. Cool ! La maman l'a retrouvé !

J'étais toute attendrie et rassurée. C'est alors que l'ambivalence de mes réactions m'est apparue. Quand les souris viennent ronger mes patates, je râle. Mais quand une maman souris perd son petit, je m'empresse de l'aider à le retrouver.

29/06/2022

Un reste de traumatisme

Quand ma fille aînée m'a déclaré qu'elle avait arrêté de regarder des vidéos complotistes, je n'en suis pas revenue. C'était le 18 mars de cette année. Je suis restée sur le qui-vive pendant quelque temps. Surtout que j'avais remarqué chez elle un petit carnet de notes resté ouvert. Elle y avait inscrit des informations concernant Hitler. Ça m'a fait un peu peur, sachant ce qu'elle disait à propos de Trump d'abord, de Poutine ensuite. Allait-elle cautionner les actions d'Hitler ?

Puis, le temps passant, ma fille reprenant une vie "normale", je me suis calmée. Il s'est alors passé un phénomène interpellant pour moi. Comme je ne recevais plus de vidéos que je m'efforçais d'analyser, plus de propos à vérifier, j'ai fini par ressentir une sorte de vide. Un manque même ! Quand j'ai expliqué ça à mon mari, il a été surpris, mais ça l'a fait rire. Il est vrai que je le lui avais dit sur un ton léger, sans dramatisation. Bien sûr, je n'avais pas arrêté de vivre pour moi pendant ces 2 années et demie et j'avais la chance de pouvoir discuter longuement avec mon mari de tous les échanges que j'avais avec ma fille.  Mais un grand pan de mon esprit était occupé par ce qui se passait dans celui de ma fille. Pendant que je me promenais, jardinais, faisais des courses, la vaisselle, n'importe quoi ...

Cette sensation de vide a fini par se dissiper. Seul est resté un certain état de vigilance. Je crois que je suis encore marquée. Je remarque par exemple que je ne vois plus ma fille de la même façon. Quand je revois sa vie, j'ai maintenant le sentiment que ce retour à la normale n'est qu'une pause avant une prochaine obsession. Ou faut-il l'appeler délire ? S'il s'agit d'un trouble psychiatrique, va-t-il s'aggraver ? Il y en a quelques-uns dans ma famille, du côté de ma mère. Y a-t-il quelque chose qui se transmet de génération en génération ? Si c'est le cas, y a-t-il une démarche à entreprendre pour que ça s'arrête ? Ou faut-il simplement attendre et voir venir ?

09/06/2022

L'après

Comment les choses évoluent-elles ? Ma fille est-elle rentrée dans le rang ? Revient-elle sur ses croyances pas si lointaines ? Et moi, comment je vois tout ça maintenant, avec un peu de recul ?

Je ne l'interroge jamais à ce sujet. Je n'y fais aucune allusion. Mais parfois, le thème se glisse fortuitement dans la conversation.

Par exemple, le 11 avril, quand elle parlait de son voisin qui l'évitait soigneusement parce qu'elle le "saoulait" avec ses histoires de complots. Alors que précédemment elle s'entendait super bien avec lui. Selon elle, rien ne justifiait qu'il la traite de cette manière. S'il en avait marre de son discours, il n'avait qu'à lui demander de ne plus en parler. J'ai réagi en disant qu'à une époque, elle était incapable de ne pas aborder le sujet. Elle m'a rétorqué : "Avec toi ! Mais avec lui je me serais tue. Puis elle rajoute : "Mais de toute façon, tu me relançais tout le temps." Je n'ai pas réagi sur le moment. Nous étions en famille et je ne voulais pas risquer de pourrir l'ambiance en m'engageant sur cette pente glissante. Par contre, je lui ai écrit un mail par la suite en lui faisant remarquer que jamais je ne l'ai relancée. Je me suis contentée de réagir à ce qu'elle m'envoyait. Ce à quoi elle n'a pas répondu. C'était une constante d'ailleurs pendant toute cette période. Elle avançait une théorie. Je la remettais en question. Et le plus souvent, les choses en restaient là.

Le 24 avril, c'est elle qui en a parlé. Elle disait que toute cette époque était vraiment celle des fake news en tout genre. Dans le contexte, le "en tout genre" est important car c'est la façon dont elle explique sa nouvelle attitude. C'est-à-dire que tout, absolument tout est susceptible d'être faux. Je lui ai demandé si ça ne l'avait quand même pas fait douter de ses certitudes. Elle ne m'a répondu ni oui ni non : "C'est plutôt que ça ne sert à rien de s'informer puisqu'on ne saura jamais où est la vérité. Je lui fais remarquer qu'elle passe d'un extrême à l'autre. Elle acquiesce : "Je sais, je suis bizarre." Je n'insiste pas. Sans doute est-ce trop dur pour elle de se remettre en question. Ne m'avait-elle pas dit un jour que si "la" vérité éclatait, au moins elle saurait qu'elle n'était pas folle. Comme aucune vérité n'a éclaté, elle devrait admettre son erreur, ce qui serait pour elle l'équivalent d'admettre sa folie.

C'est peut-être du déni. À moins que ce ne soit qu'une façon de sauver la face consciemment par rapport à nous. En tout cas, moi, je ne vais pas la pousser. Elle va mieux et a repris une vie normale. On est tranquille pour quelque temps j'espère.