09/06/2022
L'après
Comment les choses évoluent-elles ? Ma fille est-elle rentrée dans le rang ? Revient-elle sur ses croyances pas si lointaines ? Et moi, comment je vois tout ça maintenant, avec un peu de recul ?
Je ne l'interroge jamais à ce sujet. Je n'y fais aucune allusion. Mais parfois, le thème se glisse fortuitement dans la conversation.
Par exemple, le 11 avril, quand elle parlait de son voisin qui l'évitait soigneusement parce qu'elle le "saoulait" avec ses histoires de complots. Alors que précédemment elle s'entendait super bien avec lui. Selon elle, rien ne justifiait qu'il la traite de cette manière. S'il en avait marre de son discours, il n'avait qu'à lui demander de ne plus en parler. J'ai réagi en disant qu'à une époque, elle était incapable de ne pas aborder le sujet. Elle m'a rétorqué : "Avec toi ! Mais avec lui je me serais tue. Puis elle rajoute : "Mais de toute façon, tu me relançais tout le temps." Je n'ai pas réagi sur le moment. Nous étions en famille et je ne voulais pas risquer de pourrir l'ambiance en m'engageant sur cette pente glissante. Par contre, je lui ai écrit un mail par la suite en lui faisant remarquer que jamais je ne l'ai relancée. Je me suis contentée de réagir à ce qu'elle m'envoyait. Ce à quoi elle n'a pas répondu. C'était une constante d'ailleurs pendant toute cette période. Elle avançait une théorie. Je la remettais en question. Et le plus souvent, les choses en restaient là.
Le 24 avril, c'est elle qui en a parlé. Elle disait que toute cette époque était vraiment celle des fake news en tout genre. Dans le contexte, le "en tout genre" est important car c'est la façon dont elle explique sa nouvelle attitude. C'est-à-dire que tout, absolument tout est susceptible d'être faux. Je lui ai demandé si ça ne l'avait quand même pas fait douter de ses certitudes. Elle ne m'a répondu ni oui ni non : "C'est plutôt que ça ne sert à rien de s'informer puisqu'on ne saura jamais où est la vérité. Je lui fais remarquer qu'elle passe d'un extrême à l'autre. Elle acquiesce : "Je sais, je suis bizarre." Je n'insiste pas. Sans doute est-ce trop dur pour elle de se remettre en question. Ne m'avait-elle pas dit un jour que si "la" vérité éclatait, au moins elle saurait qu'elle n'était pas folle. Comme aucune vérité n'a éclaté, elle devrait admettre son erreur, ce qui serait pour elle l'équivalent d'admettre sa folie.
C'est peut-être du déni. À moins que ce ne soit qu'une façon de sauver la face consciemment par rapport à nous. En tout cas, moi, je ne vais pas la pousser. Elle va mieux et a repris une vie normale. On est tranquille pour quelque temps j'espère.
17:38 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (11)
03/06/2022
L'humour de Marcel
Marcel, mon copain de la maison de retraite, est quelqu'un de positif. Il aime chanter. Il aime rire. Il fait de l'humour. Et pourtant, quand je lui raconte les blagues qui paraissent dans la revue de la résidence, il ne rit jamais. Par exemple :
Moi : "Ça, c'est la page des blagues, mais toi elles ne te font jamais rire. Ce n'est donc pas la peine que je te les raconte."
Marcel : "Si, si, parfois je ris."
Moi : "OK, on va voir. C'est l'histoire d'un flic qui interpelle un cycliste :
- Dites-donc, mon gars, votre vélo a pas mal de problèmes. Vos freins ne fonctionnent pas, votre phare ne s'allume pas et votre sonnette est cassée. Ça va vous coûter 25 € !
- D'accord, répond le cycliste. Mais alors, il faudra qu'il soit prêt pour demain."
Marcel me regarde, perplexe, attendant peut-être la suite ? Je lui explique le malentendu. Il hausse les épaules, dépité. Je ne sais jamais s'il ne comprend pas la blague ou si tout simplement il ne la trouve pas drôle.
Moi par contre, je ris 2 fois. Une fois pour la blague. Une deuxième fois en voyant la tête déconfite de Marcel.
16:29 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (12)
01/04/2022
boîte aux souvenirs
Nous avons fêté l'anniversaire de ma fille aînée avec plus de 2 mois de retard. Plusieurs fois, la date a dû être repoussée pour cause de maladie ou d'indisponibilité de l'un ou de l'autre. Enfin, la fête a eu lieu. C'était le WE dernier. Ma fille cadette qui l'organisait avait été grippée et n'était pas tout à fait remise. Tout s'est cependant très bien passé.
Cet anniversaire étant quand même spécial (50 ans !) je préparais depuis des semaines une boîte souvenirs où j'avais rassemblé un tas d'objets divers ayant appartenu à ma fille aînée. Courriers, photos, carnets intimes, tickets de cinéma, portefeuilles et porte-monnaie dont un rempli de francs belges et pièces d'autres pays. Des dessins réalisés à l'école gardienne. Un bandana lila que Picolo s'est approprié. Il l'a reniflé comme pour s'imprégner de l'odeur de sa maman de l'époque. Quelques petits jouets et autres petits objets. Un monchichi qu'on lui avait volé, causant un des premiers drames de sa vie, et qui a été retrouvé longtemps après. J'y ai ajouté un gobelet en argent, cadeau de baptême, gravé au nom de son père et dont elle ne connaissait pas l'existence. J'y ai mis aussi une clé USB contenant des scans de photos diverses et couvrant une longue période.
Elle a été très touchée de cette attention. Elle a exploré la boîte longuement en notre présence. Picolo était particulièrement attentif et même attendri.
L'aspirateur qu'on lui a offert comme cadeau n'a pas soulevé autant d'intérêt. lol !
Je savais que ces souvenirs lui feraient plaisir, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point.
Quand on l'a ramenée chez elle le soir, elle a notamment évoqué le carnet de poésie dans lequel j'avais écrit quelque chose du style : "Les chemins de la vie ne seront pas toujours faciles, mais j'espère que tu retrouveras toujours le bon." Cet espoir n'a pas encore été déçu, même si les chemins de traverse ont parfois été longs avant le retour sur une voie plus harmonieuse. J'avais dessiné une petite fille sur un banc, jouant du violon (ma fille jouait du violon), entourée de quelques animaux. Un poteau indicateur désignait 2 directions : l'une vers le négatif (violence, haine, laideur et je ne sais plus quoi d'autre) l'autre vers le positif (nature, amitié, musique, ...) Elle m'a fait remarquer en souriant qu'il n'y avait pas de panneau montrant par où se trouvait le complotisme, ni la perversité narcissique. J'ai répondu qu'en effet, je ne connaissais pas ces concepts à l'époque. Par après, je me suis demandée si elle-même n'était pas en train de situer le complotisme sur le "chemin du mal". Comme elle l'a fait il y a 12 ans en ce qui concernait son compagnon pervers narcissique de l'époque. C'était aussi moi qui lui avait fait prendre conscience de la pathologie dont était atteint cet homme, même si elle l'a nié longtemps et cru ensuite que son amour pour lui le guérirait. Maintenant, elle en connaît tous les aspects mieux que moi.
22:30 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (16)