24/12/2021
Retenez-moi !
Après avoir brutalement écourté notre dernière conversation téléphonique de jeudi dernier, je me demandais comment le contact se rétablirait entre ma fille aînée et moi. J'avais l'intention d'attendre que cela vienne d'elle. C'est venu, cadeaux de Noël oblige ! ;)
Je savais qu'elle cherchait un bureau de seconde main pour Picolo. Dimanche, elle m'envoie par messenger un lien vers Marketplace. Pas d'entrée en matière. Aucun mot. Juste un lien vers une annonce. Je supposais bien que l'idée serait de demander de l'aide pour le transport. Mais elle ne le formulait pas. Je lui réponds "Et ?" Elle précise "C'est ce que Picolo voudrait comme cadeau de Noël. Maintenant je ne sais pas s'il vous sera possible de le transporter avec votre voiture..." Nous continuons à échanger à propos d'autres bureaux car celui-là avait des marques qu'elle n'avait pas vues. Le contact est rétabli. Chacune fait semblant de rien bien que je me demande s'il ne serait pas judicieux de revenir sur la façon dont elle m'a traitée.
Hier matin, elle me téléphone pleine d'enthousiasme. Elle discute des cadeaux, des préparatifs de la fête pour lesquels elle s'organise avec sa sœur. Elle parle du coach qu'elle avait rencontré il y a quelque temps. Elle vient de faire connaissance avec sa femme et d'une personne très sympa. Surtout qu'elle partage ses idées sur "ce qui se passe en ce moment". Je ne suis pas sûre qu'elle les partage toutes, car celles de ma filles vont quand même extrêmement loin. Je ne fais pas de commentaire.
Dans l'après-midi, je m'aperçois qu'elle a publié sur facebook une vidéo techniquement très bien réalisée par un collectif d'anciens journalistes dont on ne nous dévoile pas les noms. Le contenu est en quelque sorte un résumé des idées complotistes relatives au vaccin. Au début, on entend une musique lancinante sur image de cimetière, semble-t-il. Dans la brume. C'est bien la brume, ça fait mystérieux. On n'y retrouve aucun argument, aucun chiffre, rien de factuel. Il y a quelques personnalités (complotistes) connues qui disent quelques mots. Sinon, rien que des témoignages du style : "Elle est sûre que c'est le vaccin qui a tué sa fille" - "Avant je voyais bien." Une seringue s'enfonce dans un bras. Des gens pleurent sans rien dire. Des regards tristes. Quelqu'un avec des fleurs (mortuaires). Etc. Et entre les coups, un écran noir où est indiqué "On nous ment".
En visionnant cette vidéo, je sens la colère monter en moi. Ma fille dit parfois des choses intelligentes, qui interpellent un moment. Mais là, c'est vraiment n'importe quoi ! C'est la base de la base de la manipulation complotiste ! J'ai envie de lui envoyer un commentaire bien senti. Ce que je ne fais pas bien entendu. Ensuite j'imagine une façon plus douce de donner mon avis. Mais je m'abstiens aussi. J'ai du mal pourtant. L'envie me revient plusieurs fois. J'écris alors cette note pour canaliser la violence que je sens en moi. Je ne me calme pas tout de suite. Ça va et ça vient par vagues. Mais ça fini par venir pour de bon. Quand mon mari rentre, je lui raconte l'histoire sans plus ressentir aucune colère.
Dans la soirée, elle m'envoie une vidéo de BMF TV dans laquelle un non-vacciné encourage les gens à se faire vacciner car lui a chopé le covid et se retrouve à l'hôpital avec une aide respiratoire. Ma fille me demande :"Fake ou pas fake ? À ton avis ?" Je lui réponds : "Je suis déjà sûre que tu vas me le dire". Entretemps, j'ai regardé un peu ce qu'il en était. Je trouve dans les commentaires au bas de la vidéo, comme d'habitude, des gens qui s'engueulent, qui se traitent de tous les noms. Certains disent que c'est un acteur. Je n'ai la preuve de rien, donc je ne prétends rien. Mais je ne vais pas investiguer plus avant. Et je crois bien que je vais lui dire que je répondrai dorénavant à ce qu'elle m'envoie, uniquement quand elle aura répondu aux nombreuses questions restées en suspens lors de tous nos soi-disant dialogues ...
00:05 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (5)
19/12/2021
Trump le retour !
Ha ha ha ! Je vous entends déjà : « Encore ?! » Hé oui, et cette fois, ça a déraillé !
Un matin, en début de semaine, j'avais eu une longue conversation téléphonique avec ma fille aînée. D'abord quelques considérations pratiques. Puis, elle s'est plainte des propos de sa sœur. Ensuite, on a parlé de son fils. Et finalement de son moral. La conversation était fluide. Je la sentais calme et ouverte. J'ai pu aborder certains sujets sans la blesser, la vexer ou la contrarier. J'ai quand même pris pas mal de précautions oratoires. L'idée de se faire aider pour sa dépression ne semble décidément pas être à l'ordre du jour. Ses arguments sont tous fort discutables. Pourtant, elle ne voit pas non plus d'autre solution pour aller mieux.
C'est alors qu'elle a évoqué un élément qui m'a interpellée. Elle prétend que s’il s’avère que ses théories (complotistes) correspondent à la réalité, cela lui (re)donnera de la confiance en elle. Elle verra qu’elle n’est pas nulle. Cela lui permettra de remonter la pente. Je rétorque que même si ses théories s’avèrent fausses, elle n’en sera pas nulle pour autant. Tout le monde peut se tromper. Mais rien de ce que je dis ne semble faire mouche. Je comprends cependant mieux maintenant pourquoi elle s'accroche à ses croyances. Dur d'admettre être dans l'erreur quand sa "valeur" est mise en cause.
Qui a abordé le thème Trump ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je lui demande ce qu’il en est du statut actuel du grand sauveur potentiel de l'humanité. Est-il toujours président, comme elle le prétendait ? Elle me répond qu’il est commandeur de l’armée. D’après ce que je vérifierai par la suite, le président en exercice a le grade de commandant en chef de l'armée et de la marine, "commandeur" étant la traduction qu'elle a faite elle-même du mot anglais "commander". J’insiste, mais elle ne dira jamais qu’il n’est plus président. Elle répètera simplement qu’il est le commandeur de l’armée. Dans la soirée, je trouve un site américain de fact checking qui dément cette rumeur et montre une image de Trump en uniforme militaire étant sensé prouver qu'il dirige toujours l'armée. Image non datée, bien entendu. Non que j'aie eu des doutes, mais j'avais envie de voir. Bref ...
Elle revient sur les remarques que je lui ai faites, selon lesquelles elle relayait régulièrement des idées d'extrême-droite. Mais pour elle, être d’extrême-droite, c’est être raciste, point barre. Et elle n’est pas raciste. Tout comme Trump n’est pas raciste, ajoute-t-elle. Il n’a jamais eu de propos à l’encontre des étrangers. Je lui fais entrevoir que le racisme peut prendre des formes subtiles. Par exemple, prendre des mesures contre l’entrée des musulmans de différents pays, comme l’a fait Trump, c’est une forme de racisme. Elle n’est pas au courant. Elle va se renseigner. Je l’arrête, ou du moins j’essaie : « Ecoute, je ne veux pas recommencer les polémiques à propos de Trump. Ça va faire 2 ans que ça revient sur le tapis et qu’on n’est pas d’accord.» Trop tard ! elle s’engouffre dans la brèche. La conversation se termine toutefois gentiment et vite. Elle est pressée d'aller « investiguer ».
L'après-midi, je rentre de promenade. Elle m’appelle à nouveau. Elle a trouvé la raison pour laquelle Trump a pris cette décision. Elle me l'explique et marque son accord, bien évidemment. Rien de ce que fait Trump ne souffre de critique à ses yeux. Puis elle s’en prend à Biden avec une sorte de rage qui monte : « ... Et maintenant les cages, elles sont pleines d’immigrés. »
Je n'objecte rien. Je tente une nouvelle fois d’arrêter la discussion. Je lui dis que je regrette d’avoir parlé de Trump. On en a déjà tellement discuté. Ça n'a mené à rien. Et là, elle s’énerve : « C’est ça ! En fait, tu ne veux pas avoir à te remettre en question. Tu es comme les autres, tous ceux qui … (je ne sais plus quoi). Vas-ty, diabolise-le ! Ça me met en colère ! Ça me dégoûte ! » Cette diatribe me sidère. Ce n'est pas son comportement habituel et j'ai envie de lui raccrocher au nez. Je me retiens. Elle clôture la conversation sèchement, terminant quand même par le « bisou » traditionnel, sur le ton qu’elle aurait pu utiliser pour me dire d'aller au diable ! Elle ajoute : « Salut ! » Moi je n’ai pas pu dire « bisou ». Je n’ai dit que « salut ».
En fait, elle ne considère pas seulement que j’ai un avis différent du sien, mais elle m’accuse en quelque sorte d’être de mauvaise foi ! Cela m’a mise brièvement en colère. Ensuite des larmes ont tenté de me monter aux yeux, mais son redescendues aussitôt d'où elles venaient.
Au cours de la première conversation, celle du matin qui s'était si bien passée, je disais que de toute façon les vrais dialogues étaient rarissimes entre nous et que celui qui avait été le plus approfondi, au sujet de l'inventeur du test PCR, avait quand même fini par se terminer en queue de poisson. Elle prétendait qu'elle avait répondu à toutes mes remarques sur ce sujet. Après le clash de l'après-midi, j’envisageais de lui renvoyer le mail qui était resté sans réponse et de signer « ta maman (qui a le droit de se tromper ou/et de ne pas être d’accord avec toi.) »
Finalement, j’ai préféré ne rien faire du tout et laisser décanter … Elle avait proposé qu’on mange ensemble la semaine prochaine. J’attends de voir si elle réitère la proposition ou si elle revient sur sa réaction de colère …
19:21 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (9)
12/11/2021
Touchée
Je voulais poster une vidéo de mes chiens rencontrant un cheval très intéressé par ces deux petits quadrupèdes qui passent près de la clôture de son pré. Pas du tout par la bipède qui les accompagne. Mes chiens aussi s'approchent pour examiner ce géant, mais pas de trop près. Comme la vidéo ne passe pas, je vais vous raconter 2 petites anecdotes touchantes et récentes pour vous faire savoir que j'ai aussi une vie en dehors de ma fille ...
Il y a quelques jours, j'entrais dans un magasin de seconde main alors qu'une dame quittait la caisse avec une petite fille. La femme, qui devait être la grand-mère, dit à la petite : "Oui, maintenant elle est à toi." Et je vois la fillette portant une poupée-fille dans les bras. Elle la tenait horizontalement, sans la serrer, comme un objet super précieux. Elle ne la quittait pas du regard et restait plantée là, au point que la dame a dû la diriger vers la sortie en la poussant doucement.
Ça m'a rappelé l'importance qu'avaient mes poupées dans mon cœur d'enfant. J'ai lu dernièrement que jouer avec une poupée aidait les enfants à développer de l'empathie. Est-ce que les garçons jouent à la poupée à notre époque ? Quand j'étais petite, c'était tout à fait proscrit.
La deuxième anecdote date de la semaine dernière. Comme toutes les semaines, j'allais voir mon copain Marcel à la maison de retraite. Au sortir de l'ascenseur, me voyant arriver, une animatrice me prévient que Marcel est tombé. Il n'a rien de grave, mais il ne peut plus rester dans sa chambre momentanément car il faut que le personnel puisse le surveiller quelque temps. Un peu plus loin, le jeune ergothérapeute que je connais et apprécie beaucoup, me donne un peu plus de détails sur l'état psychologique de Marcel.
Je découvre Marcel près de la cage aux oiseaux, dans un petit salon appelé "espace télé". Nous parlons un peu. Il est contrarié de ne pas pouvoir rejoindre sa chambre, mais il ne fait pas trop d'histoires. Je lui propose de chanter. C'est ce que nous faisons presque toutes les semaines maintenant. Il est très demandeur. Quand par hasard nous ne chantons pas, au moment où je m'en vais, il me dit : "Et on n'a même pas chanté !"
Il y a une autre personne dans la pièce. Elle apprécie l'ambiance. Elle fait de petites réflexions approbatrices et chantonne quelques bribes avec nous. Je la rapproche avec sa chaise roulante pour créer plus de proximité. Entre 2 chansons, elle me demande si elle peut me raconter quelque chose de triste. Ça ne sera pas long, précise-t-elle, comme pour s'excuser de me prendre de mon temps. Et elle m'explique que son fils ne vient jamais la voir, mais qu'enfin, il est venu. Et qu'elle va le revoir par tablette interposée. Je lui demande où il habite. Elle me dit en Afrique du Sud ! Pas étonnant qu'il ne vienne pas trop régulièrement. Bref, raconter cette histoire, qu'elle a sans doute déjà racontée un tas de fois, a dû la soulager un peu, momentanément. Ensuite, elle s'est assoupie.
Une autre dame est amenée, également en chaise roulante. Elle sort du salon de coiffure. Elle a toujours un air revêche et pourtant, une fois la glace brisée, elle est charmante. Nous chantons. La dame dit qu'elle a beaucoup chanté dans sa jeunesse, mais qu'elle ne chante plus. Sa voix est partie. Et pourtant, peu après, elle ne peut visiblement pas s'empêcher de nous accompagner.
Une infirmière s'arrête à l'entrée de la pièce. Elle s'appuie contre le chambranle en souriant. Elle me dit que ce qui est bien, du fait que Marcel doit rester là, c'est que d'autres personnes profitent de ma venue. Elle dit qu'elle adore quand Marcel se met à chanter. Il est connu pour ça dans la maison. Ils se vannent un peu mutuellement en rigolant, puis elle repart. Je suis surprise car habituellement cette personne m'ignore totalement. Elle semble éviter mon regard. Si elle le croise par accident et que c'est moi qui lui dit bonjour, elle me répond du bout des lèvres, les yeux rapidement tournés ailleurs.
Bref, ce sont des petits moments qui font chaud au cœur.
16:38 Publié dans Anecdotes et réflexions diverses | Lien permanent | Commentaires (13)