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25/08/2022

Marcel ne va pas bien

Au cours de mon coup de mou récent, j'ai pris des vacances de Marcel. Trois semaines sans aller le voir. Je l'ai prévenu. Je me sentais un brin coupable, mais une part de moi se rappelait les paroles de Blanche concernant d'autres circonstances : "Pourquoi vous vous imposez ça ?" Ce sont les obligations qui ont fait de moi une rebelle. Celles que l'on m'a imposées. Et puis celles que j'ai fini par m'infliger moi-même. Oh, je n'ai jamais produit de grosses vagues destructrices. Juste des vaguelettes de résistance passive ...

Je suis donc retournée voir Marcel, qui était bien content de me revoir. Il m'a dit qu'il craignait que je ne lui rende plus visite.

Après avoir essayé de m'embrasser, il y a quelques années, il n'avait plus fait allusion à cet "incident" pendant longtemps. Et moi non plus. Mais depuis quelque temps, il suggère très régulièrement qu'une relation pourrait exister entre nous. C'est souvent présenté de façon légère, humoristique. "Tu ne veux pas rester dormir avec moi ?" Dans ce cas je lui réponds sur le même registre : "Ici dans ton petit lit d'une personne ? Ce ne serait pas très confortable, dis donc !" Ou parfois, il me regarde et s'interroge tout haut : "Serait-il possible que je sois en train de tomber amoureux de toi ?" Je lui réponds :"Tu m'as déjà parlé de ça, mais tu sais ce qu'il en est hein ?" Lui : "Oui, je sais, ce n'est pas possible car tu es mariée." Moi : "Oui, et j'aime beaucoup mon mari." Une autre fois c'était : "On serait bien en couple, non ?" Moi :"C'est bien aussi d'être amis, non ?"

Mais aujourd'hui, c'était tout autre histoire. Il n'était pas dans sa chambre, mais dans l'espace TV, ce qui n'arrive jamais. Il dormait assis. Je suis allée demander à l'infirmière s'il y avait un souci avec lui. Elle m'a répondu que non. Je suis donc retournée auprès de Marcel et l'ai réveillé doucement. Il se plaignait de fatigue et ne pas se sentir bien. Ensuite il a voulu se raser. Nous sommes donc retournés dans sa chambre. En chemin, il a retrouvé sa joie de vivre et a fait quelques enjambées au pas de course. Enfin, façon de parler c'est juste une marche un peu plus rapide et plus ou moins sautillante. C'est la troisième visite au cours de laquelle il me dit qu'il ne se sent pas bien, sans être capable de préciser ce qui ne va pas. Et qu'il dit qu'il va mourir. Cette fois-ci je l'ai en effet trouvé pâle et un peu confus. Je lui ai lu une note concernant le 4ème vaccin covid prévu. Il m'a écouté en silence et quand j'ai eu fini, il m'a dit d'un air perdu qu'il n'avait rien compris, en ajoutant que ça n'allait pas du tout avec lui, qu'il ne voyait plus rien, qu'il ne comprenait plus rien. Il est vrai que sa vue baisse drastiquement et que son appareil auditif ne fonctionnait pas. Alors, je lui ai dit succinctement et plus simplement de quoi il s'agissait. Là il a compris et s'est calmé.

J'ai ensuite reçu un appel téléphonique et j'ai dû rentrer chez moi un peu précipitamment. Il était assez dépité que je m'en aille déjà. Le médecin lui a dit qu'il vivrait jusqu'à 100 ans. Il en a 95. Un jour j'arriverai dans sa chambre et il y aura quelqu'un d'autre. Car je ne suis pas sûre qu'on me prévienne s'il lui arrivait quelque chose.

17/08/2022

le bazar

En pleine réflexion ... existentielle ? Peut-être ... sans doute ... mais à vrai dire, c'est un peu la confusion ... l'impression de ne pas comprendre grand-chose ... de ne pas être dans la norme ... sans vraiment savoir quelle est cette norme ... de ne pas avoir intégré les règles de base. Faire ou ne pas faire ... dire ou se taire ... intervenir ou laisser aller ... si toutefois elles existent, ces règles ... le bazar quoi ... dans ma tête comme dans ma maison ...

L'origine de mon questionnement est diversifié. De ma perplexité plutôt. Mais quelque chose l'a mise en évidence. Un livre de Françoise Mallet-Joris. J'avais lu "La maison de papier" quand j'étais jeune. Je sais que je l'avais aimé, sans plus savoir de quoi ça parlait. Internet m'a rappelé que c'est elle qui a également écrit "le rempart des béguines" dont j'ai vu le film en son temps. Cette fois, je suis tombée sur "Allegra" (en seconde main dans mon magasin préféré). J'ai beaucoup apprécié.

Pas d'ordinateurs dans ce roman. Ni téléphone cellulaire. Pas de monde virtuel. C'était une autre époque. Mais la technique n'a rien changé aux relations familiales et autres qui étaient déjà ce qu'elles sont toujours aujourd'hui. Complexes, à la fois soutenantes et protectrices. Mais aussi castratrices et destructrices. Le roman tourne autour des interactions au sein de 3 générations. Pressions morales, besoin de liberté, fidélités, infidélités, introspection, déni, peur du jugement, etc. Bref, les paradoxes, les contradictions, les peurs et tout le fatras de sentiments clairs ou diffus qui anime tout.e humain.e. Qui m'anime donc moi aussi, plus spécialement en ce moment.

Rien de grave ...

21/07/2022

ambivalence

Sur ma terrasse, les ruines d'un clapier attendaient depuis pas mal de temps que quelqu'un ait le courage de les évacuer. Ce matin, je m'y suis mise. Après avoir ramassé les parties les plus imposantes, il restait à terre des débris plus petits, mélangés à des feuilles et fleurs mortes. Laly est allé fureter par là assez longuement. Je ne me suis pourtant pas préoccupée de savoir ce qui pouvait l'intéresser à ce point. Quand elle s'est éloignée, c'est Mika qui est venue renifler le même endroit. Cette fois, je me suis posé des questions et je suis venue voir à mon tour. Et là, j'ai découvert une minuscule petite chose vivante, nue, rose, aveugle qui agitait doucement les pattes et ouvrait son minuscule museau, le refermait, le rouvrait ... Qu'allais-je faire ? Était-ce bien une souris, comme je l'imaginais ? D'abord la photographier, ensuite réfléchir. Je n'allais quand même pas faire 10 kilomètres à vélo pour l'amener au centre de revalidation des oiseaux et petits animaux sauvages de ma région ?! D'abord il fallait la sauver des crocs de mes 2 molosses de pacotille qui tout compte fait ne lui avaient pas fait de mal jusque là. Trouver d'où elle venait me paraissait mission impossible. Peut-être qu'en arrachant les herbes envahissantes, j'avais dérangé le nid et ramené cette crevette sur la terrasse. Le mieux c'était donc de la remettre dans les environs. La maman allait pouvoir retrouver son petit. IMG_20220720_085139.jpg

Mon mari me téléphone. Pendant qu'on se parle j'aperçois, devinez quoi ? Une souris qui quadrille à toute vitesse l'endroit où j'ai trouvé son bébé. Oh, merde ! J'aurais donc mieux fait de le laisser là ! Je la vois disparaître sous les débris de planchettes et je comprends que c'était là son nid. Je la laisse chercher sans bouger. Elle finirait sans doute par agrandir le cercle de ses recherches. Tout à coup, je la vois attraper quelque chose et s'éclipser à toute allure. Il y avait apparemment un deuxième bébé. Ensuite elle revient courir en tout sens, nord, sud, est, ouest. Mais elle ne trouve plus rien.

Je vaque à mes occupations pour ne pas déranger ses recherches  et un peu plus tard, maman souris partie, je vais voir dans les plantations. Le bébé n'est plus là. Cool ! La maman l'a retrouvé !

J'étais toute attendrie et rassurée. C'est alors que l'ambivalence de mes réactions m'est apparue. Quand les souris viennent ronger mes patates, je râle. Mais quand une maman souris perd son petit, je m'empresse de l'aider à le retrouver.