31/05/2018
Ma place
Je n'écris plus beaucoup ici. Ma thérapie prend toute la place dans ma tête. J'ai 2 séances par semaine que je retranscris par la suite. C'est déjà un bel exercice d'écriture. Un exercice analytique aussi. En effet, je découvre parfois des pistes en les retranscrivant. Difficile d'en parler sur mon blog. Y a trop. Trop intime aussi.
Est-ce que pour autant mon gros symptôme s'estompe, bouge, régresse ? Pas du tout. Ce serait désespérant s'il n'y avait pas le reste. Les diverses conscientisations, notamment mon éternel sentiment de culpabilité, de ne jamais en faire assez, ni assez bien. Le respect de mes choix de vie, de ma manière de vivre, par moi-même d'abord, par mon mari aussi. L'histoire de mon manque d'auto-respect. L'importance castratrice du regard des autres quand il est négatif. La peur. Et là derrière, tout ce qui m'a construit ainsi. Le plus impressionnant a été de découvrir pourquoi j'ai été amenée à devenir tutrice MENA (mineur étranger non accompagné).
Ce qui m'aide aussi beaucoup, c'est mon nouveau regard sur ma relation avec mes filles et mes petits-enfants. Blanche est psychanalyste, mais aussi formatrice à la fondation Dolto à Bruxelles. En analyse, elle ne donne pas d'avis. Un jour, je lui en ai demandé un. Elle m'a dit : "Mais vous, qu'est-ce que vous en pensez ?" En revanche, quand je parle de mes petits-enfants et même de mes filles, elle se permet des conseils. Et ça m'arrange bien. Ainsi, hier, je lui parlais de Picolo (ex-Bébichon). Ma fille me l'avait amené malade. Il avait mal au ventre. Elle était sûre qu'il allait vomir et que ça irait mieux après. Mais Picolo n'avait pas envie de vomir. Il avait seulement mal au ventre et un air fatigué. Je lui avais proposé de se reposer un peu dans le canapé. Il s'y était assis en tailleur et au bout d'un temps, il me dit :"C'est drôle Mamy, quand je suis chez toi, je vais toujours mieux". Il a fini par se coucher et dormir une bonne heure et demie. Au réveil, tout souriant, il annonce qu'il va bien.
En fin de journée, quand ma fille vient le rechercher, Picolo lui déclare que c'est grâce à moi qu'il est guéri parce que je lui ai conseillé de se reposer et qu'après, il s'est senti bien. Je fais un petit compte rendu de la journée (bien mangé, pas vomi, pas de fièvre, exercices de calcul avec Papy et de lecture avec mamy...). Elle en conclu qu'il a dû souffrir de stress. Mais quel stress ? La veille, une surveillante l'avait grondé parce qu'il avait bâclé la deuxième partie de son devoir de calcul. Elle l'avait fait recommencer et privé de récréation. Ma fille comptait lui demander de ne plus intervenir si son travail était mal fait. Qu'elle s'en occuperait elle-même. Je me demandais ce que j'aurais fait moi-même. Je pense que je n'aurais rien fait dans un premier temps, vu que c'est la première fois que ça arrive et je me demandais si une intervention ne serait pas de la surprotection. Blanche me dit de laisser gérer cet aspect par ma fille. De m'en tenir, comme je l'ai fait, à mon rôle de Mamy. De "garder ma place". Elle ne peut cependant s'empêcher de critiquer l'accueillante qui, selon elle est là pour veiller à ce que tout se passe bien, mais que l'aspect purement scolaire (les devoirs) est du ressort de l'institutrice et des parents. Elle m'informe aussi qu'en principe, les écoles ne sont pas autorisées à donner du travail aux enfants en 1er et 2ème année et que pourtant beaucoup le font. C'est une bonne chose à savoir. Je demande aussi comment armer, soutenir un enfant qui subit ce genre de frustration ? Comment soulager cette somatisation ? Elle me répond que Picolo est un enfant sensible. Qu'un enfant a besoin de bases solides, d'être valorisé et que dans son cas, il souffre de l'absence de père. Ma fille doit jouer les 2 rôles, ce qui n'est pas facile.
Ce qui m'a valorisée, moi, c'est l'enthousiasme de Blanche quant aux réflexions de Picolo à mon sujet. "Vous vous rendez-compte, il trouve chez vous un havre de sécurité (j'ajouterais "et de bienveillance") et vient se guérir chez vous ! Ce n'est pas formidable ça ?"
08:45 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (62)
11/04/2018
Bo à la maison de retraite !
La semaine dernière, je faisais un remplacement au salon de coiffure de la maison de retraite. Quelques personnes discutaient à l'entrée du secrétariat. Près d'elles, un adorable petit chien sans laisse se tourne vers moi. Je l'interpelle. Il s'approche, remuant la queue. Il est super sympa. Je le câline un moment, puis je vais "au boulot". L'heure c'est l'heure ! De là, je vois passer une infirmière. Elle appelle le toutou qui la suit aussitôt. C'est visiblement le sien. Je me dis que c'est cool de venir travailler avec son animal de compagnie !
Lundi, je vais faire du massage de mains à quelques personnes. Au troisième étage, je remarque un grand panier en osier garni d'un bon gros coussin. L'anecdote précitée oubliée, je fais remarquer à la responsable : "Tiens, il y a un panier pour chien ici, je pourrais venir avec mes toutous." - "C'est le panier de Bo." - " Bo ?" - "Tu ne sais pas, c'est le chien de la maison." - "Ah bon ? Mais c'est génial ! Mais qui s'en occupe pour le sortir et tout ça ?" - "C'est l'infirmière Une Telle. Le soir, elle le ramène chez elle et quand elle est en vacances, un autre membre du personnel prend la relève. Ils sont allés le chercher dans un refuge et il s'est étonnamment vite adapté à son nouvel environnement."
Les maisons de retraite ne se valent pas. Et même si ce n'est pas le lieu où les résidents rêvent de finir leurs jours, je dois dire qu'ici, on fait quand même beaucoup d'efforts pour rendre le lieu accueillant et vivant. Il va en avoir des câlins le petit Bo !
10:22 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (15)
18/03/2018
Les types de résidents
Je ne ne vais pas faire un catalogue exhaustif des types de résidents en maison de retraite. Ce serait un peu limitatif. Mais je voulais réagir au commentaire de Chaourcinette qui pense que ces personnes n'ont qu'une envie, c'est de se racrapoter dans leur chambre et de ne pas bouger.
Dans la maison de retraite où je suis bénévole, parmi les personnes atteintes de démence, il y a quelques cas dramatiques qui semblent souffrir tous les jours d'être perdus et s'agitent. D'autres ne s'agitent qu'occasionnellement. Certains sont calmes et ne quittent pas leur fauteuil de la journée, sans plus. Et quelques-uns sont toujours joyeux, mais il est vrai que ce sont des exceptions.
En ce qui concerne ceux qui sont encore capables de participer aux activités, il y a ceux qui refusent tout, pour différentes raisons. Parce qu'ils préfèrent le feuilleton à la télé, parce qu'ils n'aiment pas la promiscuité, parce qu'ils ont de la visite ou parce qu'ils préfèrent une autre activité personnelle (puzzle, cartes, tricot, lecture ...)
Il y a ceux que l'on "pousse". Ils viennent parce qu'ils n'osent pas dire non. Ils se sentent obligés. Parmi eux, certains sont soulagés quand c'est fini. D'autres se disent que finalement ça leur a plu. Qu'ils ont bien fait de venir. C'est ce qui rend difficile la façon de les motiver. Encourager, sans forcer. Ce n'est pas toujours facile à évaluer. La responsable principale a tendance à pousser beaucoup. Elle va jusqu'à prétendre leur demander de l'aide. Moi je n'aime pas cette tactique. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une manipulation et que la personne n'a pas un véritable choix. Elle accepte "pour faire plaisir". Ce que les résidents aiment généralement bien c'est d'emmener leurs œuvres, même si, en fait, c'est une(e) bénévole qui l'a réalisée pour la plus grande part, si pas entièrement.
Il y a aussi ceux qui viennent, sans participer. Ils sont contents de voir faire les autres et ça les change des 4 petits murs de leur chambre.
Et puis, il y a ceux qui viennent volontiers. Soit par intérêt véritable, soit par défaut, pour ne pas s'ennuyer. Et ça, c'est chouette !
Demain, on va faire des décorations de Pâques ...
17:04 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (4)