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06/08/2019

Tarot zen

10RougeLaRepression.jpgChloé se spécialise dans les oracles. Cela m'a rappelé l'époque où j'aimais bien consulter le tarot zen OSHO. Je ne l'ai jamais utilisé selon le mode d'emploi "officiel". Je me contentais de tirer une carte et de voir ce qu'elle avait à me dire. Chloé m'a donné envie de recommencer aujourd'hui. J'ai tiré la carte n°10, La répression. L'image évoque pour moi la souffrance, le poids, les attaches douloureuses, l'absence de liberté et de joie.

Le fascicule d'accompagnement dit notamment : "La personne réprimée est toujours tendue car une agitation nerveuse subsiste au fond d'elle-même. Si vous cessez de vous contrôler, votre vie est alerte et vivante, tel un fleuve qui coule ... Ce qui arrive, arrive. Vous ne vous promettez rien de l'avenir et vous ne voulez rien prouver ... Le Roi des Nuages nous conseille de respirer profondément, de dénouer notre cravate et de nous détendre. C'est tout à fait naturel de commettre des erreurs. Elles sont même les bienvenues car la vie offre bien plus que d'être un expert en toutes les matières !

C'est quand même assez étonnant car hier encore, au cours d'une séance d'analyse, il était question de lâcher le contrôle permanent, de cesser d'être la petite fille sage, conforme. J'ai régulièrement l'impression de stagner, mais finalement je crois que je progresse, à très petits pas peut-être - j'ai même envie de dire centimètre par centimètre - mais il y a progrès ...

28/07/2019

Marcel (1)

Au début, Marcel refusa mon aide. Il aurait voulu qu’on s’occupe de lui au sein même de la maison de retraite, dès qu’il le demandait. Il sollicitait beaucoup le personnel, l’assistante sociale notamment, qui commençait à se lasser. À défaut d’obtenir qu’on réponde à ses appels immédiatement, il finit par accepter mes visites hebdomadaires.

Je suis allée le voir pour la première fois le 25 avril 2019.

La semaine suivante, il avait oublié mon prénom, Catherine (prénom d'emprunt). Pour l’aider à se le rappeler, je lui ai suggéré de penser à l’actrice Catherine Deneuve. Il m’a rétorqué, non sans humour : « Oh non, alors j’aurais 2 noms à retenir  ! » Il s’est cependant toujours souvenu de mon prénom par la suite.

Après quelques rencontres, je lui ai demandé si ça lui convenait toujours que je vienne le voir et s’il désirait continuer. Il m’a répondu que ça l’aidait beaucoup, mais m’interrogeait sur mon envie à moi ? Je l’ai assuré que je le faisais avec plaisir. « Dans ce cas, je suis content moi aussi », a-t-il ajouté.

Que faisons-nous donc chaque jeudi pendant une heure ? Quelle est ma « mission » ? L’animatrice qui m’avait interpelée pour cette intervention m’avait prévenue que ce ne serait sans doute pas toujours facile. Il était assez exigeant et j'aurais beaucoup à lui rappeler les mêmes choses. Ayant pensé à moi du fait de ma patience, elle espérait néanmoins que je pourrais l’aider à se sentir moins perdu. En effet, étant donné sa vue fort défaillante, il ne maîtrisait plus certaines situations vu qu’il était incapable de réexaminer les documents, les classer, etc. Il perdait le contrôle et ça l’angoissait. Il fut convenu que je lui consacrerais une heure par semaine.

Les premières fois, je les ai passées à lire et relire, feuille après feuille, tout le contenu de ses dossiers. Cela allait des factures en tout genre au décorations militaires, dont il était assez fier, en passant par le projet de faire-part de son propre décès, tel qu’il voulait qu’il soit rédigé. Il me demandait aussi d’examiner les publicités de chez Carrefour et les tickets de caisse, pour savoir combien de points il avait gagné et de quelles réductions il pouvait bénéficier.

Qu’il avait été militaire, on me l’avait dit avant que je ne le rencontre. Il avait aussi été contrôleur des contributions. Ces deux choix professionnels ajouté à son caractère apparemment autoritaire m’avaient donné une idée un peu caricaturale du personnage.

Je me demandais, au début, s’il n’avait pas surtout besoin de parler, mais il s’avéra qu’il ne parlait jamais longtemps et se replongeait rapidement dans ses papiers. C’était réellement un stress pour lui. La peur d’oublier notamment. Petit à petit cependant, le tour de ses paperasses ayant été fait plusieurs fois, nous avons bavardé de plus en plus.

18/01/2019

Le point

Steph me demande de faire une note sur la situation de ma fille ainée et de son fils. Pourquoi pas ? C'est l'occasion de faire le point pour moi-même.

Picolo a 8 ans et demi maintenant. Il fut un temps, quand il était en conflit avec ma fille, il la menaçait de la "dénoncer" à son papa, alors qu'il ne sait même pas où il habite et ne le voit jamais. Il l'accusait d'être "méchante" parce qu'il ne pouvait pas faire absolument tout ce qu'il voulait. Il sentait bien par quel moyen il pouvait la toucher. Il y a aussi eu une période où il inventait des histoires. "C'est mon papa qui a arrangé ma chambre" ... "Mon papa m'a fait à manger" ... Au point que mon mari se demandait si ma fille n'avait pas repris contact avec le fameux XY. Moi j'ai vite compris qu'il fantasmait. Il s'inventait un gentil papa qui prenait soin de lui.

Tout ceci est loin. Il ne parle plus de son papa. Cela ne signifie pas, bien entendu, qu'il n'y pense plus, qu'il ne souffre plus de la situation. Les dernières choses qu'il ait dites à ce propos c'est, en voyant une publicité où un papa porte un petit garçon sur les épaules : "OOhhh, tu vois, c'est ça que j'aimerais bien." Ça m'a fendu le cœur !" et puis, il n'y a pas longtemps : "Au fond, je n'ai pas besoin d'un papa. J'ai Papy."

En ce qui concerne la relation à sa maman, il y a eu la période d'hyper-attachement, l'année dernière, où il ne voulait pas la quitter d'un pouce. C'était la croix et la bannière, y compris pour venir chez moi ou pour aller à l'école. Il faisait du reflux dû à l'anxiété. Ça va beaucoup mieux actuellement, quoique ces derniers temps les problèmes d'acidité sont revenus, heureusement de façon plus modérée, ainsi que les cauchemars. Plus petit, il faisait de terribles terreurs nocturnes.

Ce qui n'est pas réglé, c'est le moment du coucher. Pendant des années, ma fille l'a laissé s'endormir dans le canapé, devant une vidéo. Quand il était endormi, elle le changeait et le portait dans son lit. Je pense même qu'un moment donné elle ne le changeait pas. Maintenant il est devenu carrément trop lourd. Donc, elle le met au lit et se couche près de lui jusqu'à ce qu'il soit endormi. Je l'ai appris il n'y a pas longtemps. J'en ai parlé à ma psy. Elle est aussi spécialiste pour enfants, dans la mouvance Françoise Dolto. Donc, dans ce domaine-là, elle ne me dit pas de ne pas m'en mêler. Elle trouve que ce n'est pas sain et me suggère de trouver une façon non culpabilisante de le faire comprendre à ma fille. Qu'au moins, elle ne soit pas couchée contre lui. Qu'elle reste par exemple dans un siège à côté.

Ce qui s'est amélioré, sans être complètement réglé, c'est la difficulté qu'a ma fille à refuser ce que Picolo lui demande. Elle est très "tolérante" on va dire. Ma fille cadette dirait "laxiste". Et de plus, il n'est pas rare qu'après un refus, elle démissionne en lui accordant quand même ce qu'il demande, incapable de lui dire "non" quand il insiste. Je pense aussi que les gros pugilats entre eux ont diminué. Ou alors elle en parle moins, mais je ne crois pas.

Ce qui m'inquiète aussi, c'est la question de l'alimentation. Du choco tous les matins, à la cuiller dans une tasse. Régulièrement du choco sur les tartines de midi, du chocolat quasi à volonté, bonbons, chips, etc).

Pour moi, tout ça n'est pas facile à gérer, intérieurement, en respectant la non-ingérence par rapport à l'éducation que ma fille donne à son fils. Je sais que c'est aussi compliqué pour elle et qu'elle fait ce qu'elle peut. Ma psy m'aide dans ce domaine. Du recul, j'en ai pris beaucoup grâce à la thérapie. 

En ce qui concerne plus personnellement ma fille, après quelques déboires amoureux, elle est maintenant en relation assez intime avec un collègue. Tout ne coule pas de source, ce serait trop simple ! Il est gentil, doux, attentionné, très à l'écoute, etc. Et seul depuis 10 ans. L'homme idéal en quelque sorte. Mais (parce qu'il y a forcément un "mais") il ne veut pas s'engager. Il est clair à ce sujet. Elle insiste. Elle espère une évolution. Il y en a déjà eu, mais voilà ! Moi, je crois qu'elle essaie toujours de réparer le rejet qu'elle ressentait de la part de son père ...  L'avantage, quand même, c'est que ma fille semble plus épanouie qu'avant. Il y a longtemps qu'elle n'a pas eu de période dépressive. Et ça, c'est tout bénef !