Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/03/2012

Une ourse suspecte

Ce matin, je me suis réveillée en état de bien-être. Pendant un long moment, j’ai continué à profiter consciemment de la chaleur sous la couette, puis je me suis levée, j’ai pris mon petit déjeuner et je suis allée à pied à la banque, au marché et à la mutuelle.  Il ne pleuvait pas et les 7° C suffisaient à ne pas faire souffrir ma cicatrice. Je me disais : « C’est quand même un luxe de pouvoir ainsi profiter de sa liberté ! » Ce n’est pas la première fois que je le pense, depuis que je suis à la retraite, mais c’est la première fois que je le ressens. Et ça me fait plaisir. C’est fou le temps qu’il me faut pour intégrer les choses. Voilà quasi 4 mois que je suis à la maison.

Au marché, un marchand plein de bonhommie m’interpelle : « Hein, madame, que c’est vrai ? »  Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais je réponds en riant : « C’est tout à fait vrai ! » - « Ah, vous voyez ? Madame confirme » Les clientes rient. C’est sympa. C’est simple. C’est la vie.

Ensuite, je me balade dans une ruelle où j’aimerais beaucoup habiter. C’est tout près du centre du village et pourtant entouré de nature. Seules les voitures des habitants peuvent y passer. Ni train, ni route proche. C’est d’un calme ! Je ne passe plus que rarement par là parce que je crains toujours d’y rencontrer ma cousine dont la maison s'y trouve. Je l’aime bien pourtant, ma cousine, elle a des qualités, mais elle me gave avec ses remarques, ses critiques et ses intrusions. Je préfère la tenir à distance.

Aujourd’hui cependant, je suis allée jusque chez elle. Je lui avais promis la photo souvenir de notre tante décédée dernièrement. Dans un sens j’aurais préféré glisser l’image dans sa boîte aux lettres, mais je me suis dit que j’allais surmonter mon côté ours et sonner à sa porte. Elle me ferait certainement entrer. Elle aime bien avoir de la visite. Je n’étais pas obligée de rester longtemps. Finalement, elle n’était pas là. L’univers avait décidé de m’épargner cette rencontre. C’est très bien ainsi.

Ensuite, je suis allée faire des petites courses. Je n’avais acheté que peu de marchandises et, arrivée à la caisse, la caissière me demande si elle peut regarder dans mon sac à dos. Je ne prends rien d’autre quand je me balade. Un peu saisie, et bien que sachant que je ne suis pas obligée d’obtempérer, je la laisse regarder. Je me dis que sinon j’aurai l’air vraiment coupable. Elle me remercie, l’air de rien et me dit au revoir tout à fait normalement, sans me regarder. C’est incroyable ! En 30 ans que j’habite dans ce village, jamais personne ne m’a demandé ce genre de chose. Cette grande surface, j’y vais chaque semaine. Et tout à coup, je parais suspecte ? Le plus marrant, c’est qu’au moment où j’étais dans les rayons, j’avais vu passer cette caissière derrière moi, faisant son travail sans s’occuper de personne, moi y compris. Je m’étais dit que c’était quand même bizarre de fréquenter de mêmes lieux pendant si longtemps, sans jamais rien échanger avec les employés. Avais-je inconsciemment senti son regard sur moi ? Son regard soupçonneux ?

En sortant de là, j’étais un peu perturbée. Je me souviens qu’un jour une autre dame avait fait la même expérience dans cette même grande surface. C’était une noire. Je crois que la couleur de sa peau a joué un rôle. Mais moi je ne fais partie d’aucune de ces catégories que certains malheureusement stigmatisent. Je ne suis ni noire, ni jeune, ni droguée, ni sdf. En quoi mon attitude était-elle louche ? Peut-être est-ce mon sac à dos qui m’a valu cette suspicion. Il n’y en a pas beaucoup qui vont faire leurs courses avec un sac à dos.

Le reste de la promenade fut moins agréable. Je me suis mise à repenser à mes collègues qui n’ont pas répondu à mes vœux, à ma fille qui m’avait dit un jour que je n’avais pas l’air sympa. À contrario, j’ai aussi pensé aux personnes qui aimeraient avoir des relations avec moi et que je fuis.

Et puis, j’ai relativisé. Je suis une ourse. Une solitaire qui cueille de l’herbe le long des chemins pour ses cobayes. J’ai souris. J’imaginais la surprise de la caissière si elle avait trouvé un paquet d’herbe dans mon sac à dos. De l’herbe normale, hein, pas de l’ « herbe » ! :o)

03/03/2012

Deuxième rencontre

Bébichon a revu son père ce matin. Il a encore un peu pleuré au début, mais moins que la première fois. XY lui avait à nouveau apporté un cadeau. Le petit xy (fils aîné de XY) n’est pas resté longtemps avec ma fille cette fois. Comme il n’était pas bavard, assez gêné, elle ne savait pas trop non plus quoi lui dire. Elle lui a fait remarquer qu’il était fort gercé autour de la bouche. Elle sait que ça lui arrive quand il est fort stressé. L’enfant dit que c’est une allergie, à cause des 2 chiens. Elle demande s’ils vont donc se séparer des animaux. Il répond que oui. Est-ce qu’il est triste de ne plus avoir de chiens ? Non, ça ne le touche pas. Tout comme ça ne le tourmentait pas de voir sa mère se faire battre par son jule (le successeur de XY). Il se protège déjà bien de ses émotions ce pauvre bonhomme ! Ma fille lui a promis un cadeau pour son anniversaire, en avril.

Ma fille projetait d’écrire une lettre au directeur de l’école de l’enfant, pour qu’il fasse plus attention à lui. SOS enfance lui avait conseillé de ne pas s’étendre sur son propre vécu avec le père, mais de mettre en évidence uniquement ce qu’elle avait constaté en revoyant l’enfant. Depuis, l'association a eu un débriefing où ils ont discuté du cas. Ils ont recontacté ma fille en lui déconseillant cette fois de faire la démarche. Cela pourrait se retourner contre elle si le directeur convoquait XY pour avoir une explication. Eux-mêmes ne pouvaient pas intervenir, mais ils lui ont par contre suggéré de s’adresser au centre de rencontre MIR (Médiations-Investigations familiales-Rencontres assistées). C’est ce que ma fille a fait. Ils lui ont répondu que ce n’était pas un cas dont ils étaient sensés s’occuper, mais bien entendu, s’ils constataient quelque chose de probant, ils l’acteraient dans le dossier.

Le plus inattendu, mais non anodin, c’est qu’XY a apporté des fleurs à ma fille ! Est-ce un conseil de son avocat ? Ce n’est certainement pas pour lui faire plaisir, mais plutôt pour toucher la psy. Quelle délicatesse n’est-ce pas, envers celle qui le quitte et tente de l’empêcher de voir son enfant ? Il avait déjà réussi à attendrir la dame en changeant les couches du bébé qui n’en avait pas besoin. C’est émouvant non, un papa qui prend soin de son bébé ? Jolie manipulation ! Et il a dit à la psy que xy n'avait cessé de parler de ma fille ces dernier 15 jours, depuis qu'il l'avait revue. Il sait que ça va lui arracher le cœur.

Dans la salle d’attente, une femme pète un câble. Elle crache sa peur. Le centre a fait un rapport élogieux sur son ex qui, paraît-il, a une attitude irréprochable avec son fils de +/- 5 ans. Bien sûr, ces êtres sont capables de faire belle-belle pendant une heure, dès lors qu’ils se savent observés et jugés. Ces rencontres sont probablement mieux que rien, mais ce n’est pas la panacée quand même. Il faudrait quelqu’un qui les titillent un peu, pour voir combien de temps ils peuvent tenir avant que leur naturel agressif, manipulateur et pervers ne revienne au galop.

Ma fille a eu la migraine pendant toute la journée. Son moral est à plat. Elle a peur de craquer.Elle a contacté son avocate et attend sa réponse pour savoir comment les choses vont se profiler à présent.

Moi, ce qui me turlupine (entre autres), c’est la façon dont les enfants sont protégés. Et je parle ici autant du petit xy que de Bébichon. Au début, j’entendais parler d’enquête sociale, d’interrogatoire des proches. J’avais cru comprendre que c’était la justice qui devait s’occuper de ça. Mais rien de tout ça n’est arrivé. SOS enfance ne peut rien faire. Le centre MIR non plus. L’école ne voit rien ou ne veut rien voir. Si elle tente une démarche, ma fille risque de se mettre elle-même en danger , au détriment de son propre enfant. Mais qui peut donc faire quelque chose ?! S'il n'y a pas danger physique ou négligence grave, personne ne se préoccupe de la maltraitance psychologique !

01/03/2012

Reconnu !

Pour que XY n’obtienne pas la reconnaissance de sa paternité, il aurait fallu que sa nocivité puisse être prouvée de façon patente, ce qui n’a pas été possible. Je n’avais donc aucun doute sur l’issue du procès. Pourtant, dernièrement, ma fille me disait qu’elle nourrissait parfois encore l’espoir que le jugement conclurait à un refus. Par capillarité, cet espoir me titillait donc aussi par moment, même si ma raison me disait qu’il ne fallait pas s’attendre à ça. Ma raison avait raison ! La reconnaissance a été prononcée.  Je trouve que c’est normal, mais j’en ai été plus bouleversée que je ne m’y attendais.

J’ai lu le jugement et n’ai pu m’empêcher  de ressentir de la colère à certains passages, notamment celui-ci : « Attendu qu’il n’est pas anodin d’observer que Mme * qui se plaint de son ancien compagnon a pourtant partagé relativement longtemps son quotidien et celui de son premier enfant. » À croire qu’ils n’ont jamais entendu parler de la violence psychologique et même physique qui peut durer encore bien plus longtemps que dans le cas de ma fille.

Ce qui a aussi plaidé en faveur de XY, c’est le fait que ma fille ait accepté les choses suivantes :

- que son fils porte en deuxième prénom le prénom du père,

- que l’enfant voie son père, au cours des premiers mois après la naissance

- la médiation

Ainsi donc, si elle avait tout refusé en bloc dès la naissance, XY aurait eu moins de chances d’obtenir la paternité ? D’un côté, je comprends le principe, mais en même temps, c’est un peu aberrant, vu qu’elle était toujours sous influence. Elle pensait encore que cette naissance allait le pousser à changer. Ce n’est qu’au bout d’un moment, après que l’agressivité de XY se soit manifestée par deux fois devant le bébé, qu’elle a complètement fait marche arrière.

Heureusement, malgré les allégations de XY qui a essayé de faire croire au tribunal que tout allait bien entre eux et que ma fille a pris cette décision « comme ça, sans raison »,  le jugement souligne que « selon toute vraisemblance, il y eut de grosses difficultés au sein de couple ».

Heureusement surtout que cette reconnaissance n’implique rien concernant l’exercice de l’autorité parentale, le droit d’hébergement etc. La seule chose que ça change, c’est qu’on sait maintenant qu’il va falloir se battre sans cesse.