03/02/2012
Un vieux monsieur
Mercredi, dans la station de métro, un vieux monsieur, pas rasé, pas très propre, les chaussures 2 tailles trop grandes, fouille dans une poubelle. Il en retire et examine quelques berlingots tout raplaplas. Je lui demande ce qu'il cherche. "De l'or", me répond-il, sans me regarder. "De l'or ?" - "Oui, de l'or". Je ne sais pas s'il ironise ou s'il est un peu zinzin. Il s'attarde à ce moment à quelques feuillets de journaux et en prend un. Il n'a pas l'air d'être à l'affût de vieux sandwiches abandonnés par les ventres trop pleins. Comme je n'ai pas d'or, je m'éloigne. Oui m'enfin, si j'ai pas d'or, de l'argent c'est peut-être bon aussi ? Je reviens. Il me regarde cette fois et avant que je l'interpelle, il me demande : "T'as kèk chose à manger ?" - "Non, mais je peux vous donner de l'argent pour acheter de quoi". Je lui refile 5 €. Il s'exclame, l'air de s'excuser : "Ah, merci, mais à midi, hein, pas maintenant" - "Mais, quand vous voulez, monsieur." Il empoche le petit billet et me dit : "Bon. Merci bien. Au revoir."
Je ne saurai jamais s'il se moquait de moi en prétendant chercher de l'or, ce que j'aurais tout compte fait trouvé amusant. Mais quelle misère quand même ! Et avec le temps qu'il fait pour le moment, je dirais volontiers, comme chante Charles Aznavour : "Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil"
22:46 | Lien permanent | Commentaires (28)
26/01/2012
Mauvaise interprétation
À l’audience du tribunal, XY est arrivé en montrant à son avocat un extrait de compte. J’en avais déduit que, comme la fois précédente, il venait de payer la pension alimentaire à la dernière minute. Il avait dû le faire le matin même, puisque la veille, ma fille n’avait pas vu de versement sur son compte. Mon interprétation était erronée. L’extrait bancaire concernait probablement le paiement qu’il avait fait au centre de rencontre car, dans sa plaidoirie, l’avocat de XY a admis que son client n’avait rien versé à ma fille, mais qu’il fallait le comprendre, puisqu’il ne pouvait pas voir son fils. Je ne suis pas sûre que cette attitude soit à son avantage. Je peux me tromper, mais je crois savoir que le droit de visite est indépendant de la contribution en faveur de l’enfant. D’ailleurs, la formulation « il faut le comprendre » exprime bien, à mon sens, que la légalité n’est pas respectée, mais que XY a des excuses.
16:05 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (7)
24/01/2012
Reconnaissance de paternité
L’audience a eu lieu ce matin. Quand XY est arrivé, en retard de 20 minutes comme de bien entendu, ma fille a gardé la tête baissée, mais moi je me suis tournée vers lui. Il a évité mon regard. Il a remis à l’avocat l’extrait de compte prouvant qu’il avait payé la pension alimentaire, le matin même, y compris les mois de retard, je suppose. À la dernière minute, comme d’hab, mais payé quand même, comme ça on ne peut rien lui reprocher. Dès que le jugement aura eu lieu, ce sera fini. Les magistrats, quant à eux, se sont pointés trois quarts d’heures après l’heure prévue. Soit ! Ma fille était tendue, bien entendu, et mon coeur à moi se mettait par moment à battre la chamade, comme si j’allais passer un examen. Je n’ai pas pu assister à l’audience, malgré ce que m’avait dit l’avocate.
Celle-ci a échangé quelques mots avec l’avocat “de la partie adverse”, comme on dit. Ils ont déploré le manque de place dans les espaces-rencontre. L’avocate de ma fille disait que cette situation était parfois dramatique pour les parents empêchés de voir leur enfant. L’avocat de XY lui a répondu que c’était justement le cas pour son client ! Je trouve cela assez déplacé de parler ainsi devant nous. Par ailleurs, cette déclaration met à mal l’impression de ma fille que ce gars avait peut-être mis à jour la personnalité de XY, car il semblait défendre son client avec beaucoup moins de conviction. Peu importe. Il fait son travail.
Les plaidoiries tournaient autour des mêmes thèmes que les précédentes, qui concernaient le droit de visite. Cette fois, XY n’a pas pu résister à la tentation de noircir ma fille, malgré les tentatives discrètes de son avocat de l’en dissuader. Il a heureusement reconnu qu’elle était une bonne mère, même si par ailleurs, il déclarait qu’elle consommait 500 € de drogue par mois. Il l’a aussi accusée d’être responsable du redoublement du petit xy (le fils aîné de XY), en première année primaire, du fait de l’avoir “abandonné”. Ses résultats scolaires s’élevaient à 34 % ! En entendant cettte accusation, ma fille a fondu en larme. Il a ensuite voulu se mettre en valeur en ajoutant que depuis, l’enfant avait de bons résultats, parce que “maintenant”, il s’en occupait. Il n’a même pas réalisé qu’il admettait ainsi qu’avant il ne s’en occupait pas. Qui alors s’occupait de l’enfant, quand XY l’a repris chez lui, enfin, chez sa nouvelle amie. La dame en question ? Ou personne ? …
La juge lui a demandé s’il travaillait maintenant. Depuis que ma fille le connaît, il a travaillé une seule et unique semaine en près de 6 ans ! Il a répondu qu’il cherchait un emploi. Qu’il était un “homme au foyer”. Oh, la jolie formule ! Et qu’il avait 100 mails d’employeurs qui étaient intéressés par ses services (vantardise), mais qu’il devait soigneusement réfléchir avant de se décider, car il exerçait une profession à risque. Je pense qu’il va encore se tâter quelques années. Jusqu’à la retraite peut-être. L’avocate de ma fille ne s’est pas retenue de ricaner à ces affirmations.
Quand ils sont sortis de la salle, un peu moins d’une heure plus tard, j’ai vu que ma fille n’était pas complètement abattue. J’ai observé XY. Nos regards se sont croisés, mais il a détourné les yeux. Quand nous sommes partis, j’ai encore tourné la tête vers lui. Alors, il m’a regardé et m’a demandé “ça va ?” (Ben oui, pourquoi ça n’irait pas, après tout ?) Il s’est alors dirigé vers moi et m’a fait la bise, sous le regard perplexe de son avocat. Je lui ai signalé que j’avais déjà voulu lui dire bonjour, mais que je n’en avais pas eu la possibilité puisqu'il semblait me fuir. Il m’a dit que c’était parce que j’étais près de ma fille et qu’il ne voulait pas avoir affaire à elle. Vous croyez qu’il m’a demandé des nouvelles de Bébichon ? Pas du tout. Son souci n’est pas l’enfant en tant que petit être auquel il peut apporter quelque chose, mais seulement en tant que possession et faire-valoir.
L’avocate dit que la juge a été très à l’écoute, que les messages étaient bien passés, mais que même si, en tant qu'être humain, elle le souhaitait, elle ne pourrait pas refuser la reconnaissance de la paternité à XY. Ça, nous le savions, même si ma fille continuait à rêver un peu du contraire.
Ceci est un nouveau cap dépassé. Le résultat du jugement sera connu dans un mois environ. Prochaine étape : les rencontres ! …
Petite anecdote que je rajoute après coup :
Lorsque nous nous sommes éloignées du tribunal, à pied, nous avons soudain entendu klaxonner. C’était XY qui nous faisait de grands signes. Etonnant non, pour quelqu’un qui ne voulait pas me saluer sous prétexte que ma fille était près de moi ? Ma fille pense qu’il manifestait ainsi ce qu’il pense être une victoire ou qu’il voulait montrer sa nouvelle voiture. Nous étions perplexe, mais en même temps ça nous a fait rire.
Deuxième anecdote :
J’ai emmené ma fille dans un bon restaurant, pas cher, que je fréquentais quand je travaillais. Alors qu’elle ne mange rien quand elle est tendue, et qu'elle est bien plus sélective que moi, elle a apprécié et dévoré avec appétit le plat du jour. Elle en avait plein la bouche (au propre comme au figuré), quant à la qualité du plat. Ça signifiait que les tensions étaient apaisées et que j'avais bien choisi l'endroit ! Ça fait plaisir !
23:34 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (19)