18/12/2013
Urgence !
Hier, en fin d'après-midi, je reviens de la maison de retraite. Laly et Mika, comme d'habitude, me font la fête. Cependant, l'accueil de Laly me semble anormalement manquer d'ardeur. Je les sors dans le jardin. Là aussi Laly me paraît hésitante. Elle s'abaisse pour faire son besoin, puis sautille de façon malhabile, toujours baissée et pointe le museau vers son flanc. Je me dis que quelque chose la gêne. Quand elle revient vers moi, je passe la main sur son côté pour l'examiner. La nuit commence à tomber, on n'y voit plus très clair. Mes doigts rencontrent l'endroit où j'avais cru voir une tache plus sombre. Je me retire vivement car je viens de sentir un endroit humide qui doit être une blessure et qui me semble assez profonde. Rentrée dans la cuisine, je ne peux que constater une horrible plaie verticale de la longueur de mon index, laissant la chair à vif.
Je cherche ce qui aurait pu la blesser dans la pièce où elle est restée pendant mon absence et ne voit strictement rien. L'air penaud de Laly me fait monter les larmes aux yeux. Immédiatement, je téléphone au véto. Il me donne rendez-vous à 6h30'. Je ne veux pas aller à pied avec un chien blessé. Le harnais pourrait tirer sur la blessure. Mon mari, qui rentre toujours à 4 h n'arrive cette fois qu'à 6h40. Cinq minutes plus tard, je suis chez le véto qui, entretemps, s'occupe d'un autre toutou.
C'est mon tour. Il m'annonce qu'il faut suturer. Ça, je n'en doutais pas. Il lui donne ce qu'il appelle "un bon calmant". Moi, j'imagine que Laly va juste être un peu sonnée. Je n'avais jamais vu un chien subir une anesthésie. Bizarrement, alors que la piqûre est donnée dans le cou, c'est par l'arrière-train qu'elle commence à se ramollir, puis ses pattes avant. C'est alors que je la dépose sur la table d'examen. Le cou, la tête, resteront longtemps redressés pendant la désinfection. Puis sa tête se laissera aller dans ma main et ses yeux resteront ouverts pendant la "couture". Le véto m'a demandé si cela irait pour moi de voir ce qu'il allait faire. Je l'ai rassuré ; je n'allais pas m'évanouir. Il lui a fait tout un tas de points, je n'ai pas compté, lui non plus. C'est lui qui a proposé de la porter dans la voiture. Je ne sais pas comment j'aurais fait pour ouvrir la porte avec un chien endormi dans les bras.
C'est un toutou complètement mou que j'ai ramené à la maison. Ses yeux s'étaient finalement fermés. Je peux vous assurer que ce n'est pas facile à porter, 12 kilos de chien inerte, la tête pendant dans le vide. Mika, affolée, sautait vers elle, tant et si bien que je lui ai marché 3 fois sur la patte. J'ai installé Laly par terre, sur le coussin à langer de Bébichon. Sous elle, une double serviette. Au-dessus, une serviette aussi, puis un ancien sac à couchage, double. Le véto avait dit qu'il fallait la garder au chaud. Mika l'a reniflée de tous côtés, puis elle s'est calmée.
Et puis la respiration de Laly s'est mise à ralentir. Je me suis inquiétée. J'ai vérifié 366 fois si elle respirait toujours. Il fallait vraiment regarder de près pour le voir. Et malgré toutes les couvertures, son corps n'était pas très chaud. Le véto a dit qu'elle dormirait un heure, une heure et demie. Après 2 heures, alors que je venais regarder pour la 745ème fois (mère-poule que je suis !), j'ai vu bouger une de ses oreilles, et comme j'en faisais la remarque à mon mari, à l'autre bout de la couche improvisée, sa queue s'est mise à battre (la queue du chien !). Je l'ai caressée. Ses yeux étaient ouverts, mais son corps et sa tête ne bougeaient pas. Comme elle était émouvante ! Elle a tenté de se redresser une première fois, mais les couvertures l'en ont empêchée et elle s'est recouchée encore un bon moment.
Quand elle s'est relevée, péniblement, elle est venue chercher des caresses, les oreilles basses et la queue entre les jambes. Ses yeux étaient tout petits de fatigue. Elle tremblait. J'ai dormi en bas, dans le canapé et n'ai pas baissé le thermostat du chauffage. Elle est allée dans son panier où je l'ai couverte. Ce matin, elle tremblait toujours, se déplaçait un peu mieux, mais encore avec lenteur et beaucoup de raideur.
J'ai une petite idée de la façon dont elle s'est blessée, mais je ne suis pas sûre. Le matin, quand j'ai laissé sortir les toutous, elles se sont ruées dans le jardin et Laly a carrément renversé une mangeoire à poules qui se trouvait sur la terrasse. Cet engin est bien pratique, mais non dépourvu de défauts, dont celui d'être très coupant sur les bords. Ce qui m'étonne c'est que Laly n'a pas crié et je n'ai rien vu d'anormal dans son comportement dans la matinée. Je ne saurai sans doute jamais ce qui est arrivé vraiment ...
Mais tout est bien qui fini bien. Bientôt, il n'y paraîtra plus. Et, qu'elle ait ou non à voir avec l'affaire, la mangeoire à poule est ... rangée !
11:33 Publié dans Mes amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (38)
16/12/2013
Comment donner un avis à un enfant adulte
Vous, parents d'un enfant adulte, vous savez sans doute comme moi à quel point il est délicat de donner un avis sur une manière de faire que vous trouvez inadéquate de la part de votre enfant adulte. Je parle ici d'un avis non sollicité. Et vous, les enfants adultes, vous serez d'accord avec moi pour dire que vous vous passeriez bien des conseils ou remarques impromptues de vos parents. Faut-il pour autant se taire tout le temps ? Surtout si cela implique une attitude envers un enfant. Et sinon, quand et comment s'exprimer ?
C'est une question à laquelle je suis souvent confrontée avec ma fille aînée qui me raconte beaucoup, mais ne me demande que rarement ce que j'en pense. Apparemment, son amie la plus proche a trouvé la manière de lui dire certaines vérités sans la vexer. Ce n'est pas mon cas. Avec moi, elle se sent jugée. Je m'abstiens donc la plupart du temps. Et je reste avec ma frustration !
Cependant, dernièrement, elle me racontait une confrontation avec Bébichon au cours de laquelle il l'avait frappée, comme il le fait très souvent quand il n'obtient pas ce qu'il veut. Comme j'en avais été témoin quelques jours auparavant, j'avais retourné dans ma tête des phrases et des arguments pour lui faire comprendre, sans la blesser, qu'elle ne devait pas autoriser ce comportement. Je lui ai donc demandé pourquoi elle le laissait la frapper. Elle m'a répondu qu'elle ne se laissait pas faire puisqu'elle le regardait sévèrement (ce qui n'impressionne pas du tout le mioche) et s'il continuait (ce qu'il fait neuf fois sur dix), elle le grondait (ce qui le laisse complètement indifférent). Ensuite, elle le menaçait d'être puni dans sa chambre, etc. Je lui ai rappelé qu'elle oubliait une étape. En effet, quand il commence à la frapper, elle commence par l'ignorer. Ce n'est qu'après plusieurs tapes qu'elle réagit. C'est alors que je lui demande pourquoi il peut la frapper 15 fois et que la 16ème fois la tape n'est plus permise ? Pourquoi la première et les suivantes n'étaient-elles pas sanctionnées ? Il ne devrait pas la frapper du tout, à mon avis. Que ce soit fort ou pas d'ailleurs. Ce n'est pas l'intensité du geste qui compte, mais son intention.
Je sens ma fille un peu déstabilisée par mon avis tranché. D'habitude, quand je m'y risque, j'y vais plus en douceur. Je ne sais pas comment elle l'a ressenti sur le moment, mais mon avis l'a apparemment interpellée. Quelques jours plus tard, sans que je lui en reparle, elle me dit qu'elle est d'accord avec moi. Qu'il n'y a pas de raisons qu'elle laisse son fils la frapper, même une seule fois. J'aurai l'occasion de m'apercevoir par la suite qu'effectivement, elle réagit maintenant immédiatement et l'enfant s'arrête tout de suite.
Ouf, c'est une bonne chose d'acquise !
12:53 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (25)
04/12/2013
Stimuler, motiver, sans forcer
Depuis le début, je me pose des questions quant à la manière d'encourager les résidents de la maison de retraite à participer aux activités. Bien sûr, je suis d'accord qu'il faut tenter de les motiver, mais jusqu'à quel point ?
Un jour, lorsque je suis arrivée, madame Bricolage avait déjà été chercher une dame en chaise roulante. La personne demandait à retourner dans sa chambre, mais madame B. tentait de la retenir. Moralement j'entends puisque de toute façon, la dame était incapable de déplacer son fauteuil toute seule. À mon tour, je lui explique que d'autres personnes vont arriver. Elle sera en bonne compagnie et pourra regarder ce qui se fait. Ça pourrait être intéressant. Elle sourit et dit "oui, oui", mais quelques secondes plus tard, elle réitère son désir de retourner dans sa chambre. Au bout de 10 minutes, madame Bricolage m'autorise à la reconduire. Elle considère qu'elle a fait ce qu'elle a pu, mais que ça suffit. Je suis soulagée. Moi, je n'aime pas qu'on force les gens.
En chemin, je demande à un membre du personnel où se trouve la chambre de la dame qui elle-même n'en sait rien. Elle me répond qu'il faut la mettre dans le petit salon (où les gens sont parqués les uns à côté des autres devant la télé). Mais la dame s'y oppose avec véhémence. Elle criaille de sa petite voix aigrelette. J'insiste pour pouvoir la ramener dans sa chambre, mais on ne me laisse pas faire. Le fauteuil m'est enlevé et la dame est emmenée d'autorité dans le salon. En chemin, elle tend les bras vers le mur le plus proche et tente au passage de se retenir aux chambranles des portes, sans émouvoir le moins du monde la conductrice.
Ça fait mal au cœur ! Et je m'imagine un jour, moi qui aime être seule et qui déteste la télé qui marche constamment. Ça fait peur ! Ce qu'il faudrait, c'est crier jusqu'à obtention de ce que l'on veut et auquel on a droit, nom de nom !
À contrario, hier, j'invite un monsieur à venir bricoler. Il refuse catégoriquement. J'insiste en expliquant ce qu'on va faire. Il ne veut pas. Je le laisse donc et vais chercher d'autres personnes. Et que vois-je en revenant ? Le monsieur en question assis à la table de bricolage. À la fin de la séance, il exprime le plaisir qu'il a eu. Non seulement il s'est bien amusé en décorant un petit cadre en bois, mais en plus il a blagué avec les dames autour de lui et a mis une bonne ambiance. C'est alors que je l'interpelle en le taquinant à mon tour, d'un faux air de reproche : "Ah ben ça alors, avec moi vous ne vouliez pas venir et avec quelqu'un d'autre vous acceptez ?" - "Ah oui, c'est vrai !" - "Je m'en souviendrai, la prochaine fois ;o) !"
Comme quoi, c'est bien d'insister parfois. Et je dois apparemment apprendre à le faire mieux, sans tomber dans la tyrannie décrite plus haut. Madame responsable brico m'a dit qu'il fallait leur demander de venir "aider". Moi, ça me dérange de passer par ce subterfuge un rien manipulatoire, même si c'est pour la bonne cause. Car j'ai remarqué que certaines personnes se sentent alors obligées et se forcent. Je vais trouver ma manière à moi ...
13:38 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (15)