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09/04/2017

Craquer ou ne pas craquer ...

Depuis la fin de l'année dernière, Bébichon souffre de malaises divers : reflux, acidité, nausées, maux de ventre, maux de tête. Les examens médicaux n'ont rien révélé. La cause en serait psychologique. Le stress, l'anxiété, les pensées morbides ? Le problème majeur est l'angoisse de séparation. Bébichon ne veut plus aller nulle part sans sa mère. Il pleure chaque jour quand elle le dépose à l'école. Ma psy m'a renseigné un pédopsy, mais ma fille voulait autre chose. L'ostéopathe qui avait soulagé son fils quand il était bébé, par exemple. Ensuite elle a trouvé une kinésiologue dont le site l'avait attiré. Elle me dit que cette dame s'occupe exactement de ce que Bébichon présente comme symptômes."Oui, bien sûr, mais tous les kinésiologues s'occupent de ces questions. (Les pédopsy aussi, mais je ne le précise pas pour ne pas faire pression sur elle.) Et pourquoi faire 120 km uniquement parce que le site est bien fait ? Finalement, elle n'a rien fait. J'en ai parlé à ma psy. Selon elle, sur base de ce que je lui raconte, l'enfant se pose des questions sur son père. En effet, il en reparle ces temps-ci. Moi, je pense qu'il a aussi peur de la mort. La mort de sa mère notamment. Et aussi qu'il se sent responsable d'elle, parce qu'il n'y a pas de papa à la maison pour remplir ce rôle. Mais bon, ce ne sont que des hypothèses.

Quelques semaines plus tard, comme il n'y avait pas d'évolution, ma fille me demande si je n'ai pas l'adresse d'un pédopsy. Elle avait oublié que je lui en avait donné une. Je lui ai donc rappelé les coordonnées, mais ma fille n'a pas pris contact. Récemment, elle me dit que ça va beaucoup mieux. Qu'en fait le problème provenait du fait qu'elle n'était plus connectée à lui, trop prise par ses propres soucis. Elle a reconnecté et maintenant, il n'y a plus de problèmes. Moi : "Il ne pleure plus pour aller à l'école ?" - "Plus tous les jours." Pourtant, la seule activité à laquelle il accepte de participer, c'est le foot. Tout simplement parce que ma fille l'accompagne et reste sur le bord du terrain, à la limite à la cafèt. Selon moi, même si ça va un peu mieux, le problème n'est pas résolu.

Pour les vacances de Pâques, ma fille a inscrit son fils à un stage de foot. Le souci c'est que ce n'est pas comme aux entraînement et aux match dans le courant de l'année scolaire. Car elle doit le laisser pour se rendre à son travail. Donc, il ne veut pas y aller. Je ne sais pas comment elle a fait le premier jour. Le deuxième, elle a dû lui a laissé entrevoir que si ça n'allait "vraiment pas", il se pourrait qu'il ne doive plus aller les jours suivants.

Fort de cette possibilité, qui dans sa tête était déjà une certitude (il connaît sa mère), lorsque je vais le chercher, je l'entends dire à son copain qu'il ne viendra pas le lendemain.

Moi : Mais si, tu vas venir toute la semaine. 5 jours.
Lui : Mais, Maman a dit 2 jours ?!
Moi : Mais non, tu dois avoir mal compris, tu vas une semaine au foot et la semaine suivante tu restes chez maman. Elle aura congé. Tu lui demanderas tout à l'heure.
Lui : OK
Moi : Et sinon, tu as eu une bonne journée ?
Lui : Oui
Moi : Tu as fait du foot toute la journée ?
Lui : Non, on a aussi fait des jeux.
Moi : Et c'était chouette ?
Lui : Oui
Moi : Le coach est sympa ?
Lui : Oui

Quand ma fille vient le chercher, elle l'interroge aussi, mais les réponses vont prendre une autre tournure :

Elle : Alors, ça a été aujourd'hui ?
Lui : Oui ... (là il se souvient sans doute de ce que son "oui" implique) Alors il ajoute : "un peu"
Elle : Un peu mieux qu'hier ? (du coup je réalise qu'il a dû se plaindre la veille - il le fait systématiquement depuis des mois - et qu'il a bien senti qu'elle pourrait se laisser amadouer.)
Lui : Un petit peu
Moi : Mais, Bébichon, à moi tu as dit que tu t'étais bien amusé ?!
Lui : Hein ? Je ne me souviens pas.
Moi : Toi, tu essaies de faire craquer ta mère pour rester avec elle !
Elle à moi : Mais non, puisqu'il viendrait chez toi. (Bonne répartie, sauf que comme elle ne peut pas l'emmener au travail, il faut bien qu'il aille quelque part. Et il préfère, à défaut, venir chez moi que n'importe où ailleurs.)
Moi : Maaaiiiis non, il va aller au foot !
Elle (se tournant vers lui, pleine de douceur) : Ecoute, il reste 2 jours. Et vendredi ce n'est qu'un demi jour et tu recevras une médaille. Si tu n'y vas pas, tu n'auras pas de médaille.
Lui : J'aimerais bien avoir la médaille, mais je ne veux pas y aller quand même.
Elle : Ce serait pourtant dommage de ne pas recevoir la médaille !
Lui : Je ne veux pas y aller !

Elle (à moi, en aparté) : "C'est pénible. Je ne sais pas quoi faire pour qu'il ne pleure pas constamment." Elle semble abattue. Je n'ai pas le cœur de lui répéter ce que je lui ai déjà dit. À savoir qu'elle doit être plus ferme. Il sent tellement le pouvoir qu'il a sur elle.

Après leur départ, je me demande ce qu'elle va faire. Va-t-elle me téléphoner le lendemain, à l'entrée du stage, (comme elle l'avait fait lors d'un stage précédent) en me demandant si je veux bien m'en occuper, parce qu'il ne veut "vraiment pas" y aller ?

Le lendemain, j'attends 9 h pour être sûre qu'elle aura tenu bon. L'a-t-elle forcé ? A-t-elle négocié je ne sais quoi pour le convaincre ? Puis, une idée me traverse l'esprit. Peut-être n'a-t-elle rien osé me demander, consciente que je n'apprécierais pas son "craquage" et se rappelant de mon refus antérieur dans la même situation. Peut-être a-t-elle fait appel à la famille à qui elle avait confié in extremis son fils à cette précédente occasion. Vous me direz que ce serait quand même une séparation d'avec sa mère. Oui, sauf que c'est beaucoup moins dur car il y est traité comme un petit roi et passe même avant les enfants de la famille. Je m'énerve un peu intérieurement à cette idée qui revient comme une vague que je balaie à chaque fois.

Même si ça me démange, je ne téléphone ni mercredi ni jeudi pour savoir comment ça se passe. Peur qu'elle tente de m'apitoyer. Peur de m'énerver. Le vendredi matin, j'envoie un sms : "Alors, comment s'est passé le reste de la semaine au foot ?" Elle me répond : "trrrrèèèèès bien !"

???!!!

J'en suis toute ébahie, mais très satisfaite ! Comme quoi, ça ne sert à rien de gamberger négativement ! Il y avait longtemps que ça ne m'était plus arrivé. J'ai d'ailleurs tenté de résister, avec un succès, disons, moyen.

14/03/2017

Petit geste qui m'a émue

À la maison de retraite, je me suis prise d'affection pour une dame de 84 ans qui est aveugle. De plus, elle entend mal et se déplace avec difficultés. Sa famille vient lui rendre visite le WE, mais en semaine, elle se sent très isolée et incapable de profiter des activités, exception faite de la musique ou des après-midi crêpes, gaufres ou glaces. Je vais la voir une fois par semaine ou au moins tous les quinze jours. Elle est toujours très contente et parfois elle insiste pour que je reste encore un peu.

Elle parle de sa santé, mais surtout de ses chagrins et frustrations. Je suis intervenue par 2 fois pour qu'on pense à se présenter quand on entre dans sa chambre et qu'on lui dise ce qu'on vient y faire, comme reprendre une tasse par exemple. Une fois par le biais d'un formulaire de réclamations/suggestions, une autre fois via l'assistante sociale. Certains membres du personnel le font, d'autres non. C'est une des choses dont elle se plaignait beaucoup au début que je lui rendais visite. Je crois que le personnel n'est pas de mauvaise volonté, mais ne prend pas la mesure de ce que cela représente pour une résidente aveugle. Un moment donné, elle m'avait dit que ce n'était pas encore parfait, mais que ça allait mieux. Lors de mes dernières visites, elle n'en a plus parlé.

La dernière fois que je l'ai vue, j'avais posé ma main sur l'accoudoir de son fauteuil. Elle l'avait senti et avait pris ma main dans la sienne. De l'autre main, tout en bavardant, elle tripotait machinalement mon petit doigt. Cela a duré tout un temps. Ça m'avait touchée et j'ai eu envie de le raconter ici. Voilà, c'est fait !

26/02/2017

J'me suis fait draguer !

Au service de tutelle, nous avons chacun un référent à qui nous devons adresser nos rapports et à qui nous pouvons poser d'éventuelles questions. La personne à qui je devais m'adresser n'a jamais répondu à mes mails. Je me suis débrouillée autrement pour avoir des réponses. Je ne lui en fais pas le reproche. Je sais qu'elle était débordée. Mais j'ai appris dernièrement qu'ils avaient engagé du personnel. Et en effet, un nouveau référent m'a été attribué. Il m'a adressé un mail pour m'en informer et me poser quelques questions destinées à repréciser mon engagement et mes limites (géographiques notamment).

Quelques jours plus tard, ce monsieur me contacte par téléphone. De professionnelle dans sa première phase, la conversation dévie subitement. Il commente mon adresse mail d'un ton moqueur. Je lui explique la raison de mon choix qui est symbolique et qui pourrait être considéré comme un pseudo et ne contient donc pas mon nom. "Oui, je sais que c'est un peu spécial. C'est peut-être que je suis un peu spéciale aussi." Il me dit qu'il adore être surpris ainsi. Bon ok, revenons à nos moutons. Je profite de son coup de fil pour lui signaler que la copie de la lettre de fin de tutelle qu'il a adressée à mon ex-pupille ne porte pas la bonne adresse vu qu'il a déménagé. "Est-ce que je dois lui envoyer moi-même ou est-ce vous qui allez le faire ? Je suppose que j'aurais dû vous prévenir." Et là, par jeu, il prend un ton paternaliste : "Bien sûr, sinon comment le saurions-nous, jeune fille ?" Moi : "Ha ha ha, jeune fille, c'était il y a longtemps ça !" Lui, faussement sévère : "Vous savez que vous allez devoir passer à la caisse ?" Moi, riant : "Heu, oui, bon ..." (Je ne sais pas moi si dans le langage jeune "passer à la caisse" n'a pas un double sens). Je ne sais plus ce qu'il me dit d'autre, mais je fini par lui demander son âge. 41 ans. "Ah là là, c'est trop jeune !" Lui : "Mais non !" Moi : "Si, pour moi, oui !" Lui : "Mais non ! Moi : "Si, si !" Lui : "La balle est dans votre camp." Moi : "Bon, on va en rester là, alors." Lui : "C'est vous qui décidez !" ...

Il ne doit pas avoir regardé mon curriculum vitae avant de me téléphoner. Je parie qu'il l'aura fait après. J'aurais voulu voir sa tête ! Je suis une chichiteuse quand même ! Finalement, il n'y a en fait que 24 ans de différence entre nous ! Je me demande sur quel ton il va me parler la prochaine fois. Je me marre !