04/10/2016
Reconnaissance et progrès
Mes deux Syriens se sont vu reconnaître la qualité de réfugié !!! :)))
J'aime bien la formulation officielle "reconnaître la qualité de réfugié". On entend trop souvent parler d' "accorder le statut de réfugié" comme s'il s'agissait d'un cadeau et non d'une reconnaissance de fait.
Voilà une bonne chose d'accomplie. Il faut maintenant attendre 30 jours pour obtenir l'attestation de réfugié, vu qu'un recours peut toujours être introduit. Le grand va pouvoir déstresser, du moins dans ce domaine.
Après, il faut gérer le quotidien et notamment sa présence à l'école qui n'est pas évidente. Je communique avec lui par sms. Les premiers étaient écrits par l'un ou l'autre de ses copains. Certains sont presque exempts de fautes, d'autres sont rédigés dans un français plus approximatif, mais lisible. Cela doit dépendre du copain disponible à ce moment-là. Le dernier cependant m'a bien fait rire :
Oujjour duijevai Vai partition alieje ches lafamille heresy unease sine.
Je pense qu'il l'a écrit tout seul. En même temps que ça m'a amusée, ça m'a fait plaisir qu'il commence à se débrouiller, qu'il s'efforce de communiquer par ses propres moyens. Et de communiquer tout court d'ailleurs. Vu le contexte des messages précédents, j'ai pu lire ceci :
Aujourd'hui, je vais partir à Liège chez la famille ...
La suite je ne l'ai pas comprise. Il s'agit peut-être du nom de ces personnes. En effet, la fin ressemble à un prénom : Yassine.
08:11 | Lien permanent | Commentaires (8)
27/09/2016
Le monde dont je rêve
"Si on le résume, notre idéal est assez commun finalement : paix, amitié, partage, tendresse, solidarité, reconnaissance. Nous pouvons déplorer le chaos, la confusion, l'agressivité, la méchanceté, les rapports faux, les rapports biaisés, la langue de bois, l'hypocrisie. Mais moi, est-ce que je suis par mon attitude en train de créer le monde dont je rêve ? Est-ce que je fais partie de la solution ? Ou est-ce que j'entretiens le problème ?"
Thomas d'Ansembourg au Sommet de la Conscience 2016 - Communication Non Violente (CNV)
À voir ici : Thomas d'Ansembourg au Sommet de la Conscience 2016 - Communication NonViolente CNV
12:06 | Lien permanent | Commentaires (6)
22/09/2016
Mon Syrien a craqué !
Journée importante hier, pour mes deux Syriens, le grand et la petite. Ils ont été auditionnés au CGRA, chacun pendant 1h30. Sur leur famille, leur voyage d'exil, leurs souvenirs de la Syrie, leurs objectifs en Belgique. C'est cette instance qui décide de l'octroi du droit d'asile.
La fillette, dont on m'avait pourtant dit qu'elle était très stressée, s'est montrée très calme.
Le garçon s'est bien tenu aussi, contrairement à la première interview à l'OE (Office des Etrangers) où il avait manifesté de l'impatience. Nous l'avions bien préparé je crois, l'avocate et moi-même en lui expliquant que ce serait long et répétitif, mais que c'était la règle pour tout le monde et que dans sa situation, il n'y aurait pas de problème quant à son droit d'asile. Tout cela lui a permis, semble-t-il, de maîtriser sa nervosité.
Par contre, après avoir répondu aux questions concernant tous les membres de sa famille, l'auditrice lui a demandé s'il y avait d'autres personnes importantes qu'il avait dû quitter. Il a alors cité son petit frère, bien que cet enfant fasse partie de sa famille. Il a été invité à en dire plus. C'est alors qu'il a craqué. Il s'est mis à pleurer et nous avons fait une petite pause. Quand il s'est calmé, l'auditrice lui a demandé d'expliquer un peu ce point. Il a raconté que l'enfant avait 1 ans quand il est parti, qu'il n'y avait rien à dire de spécial, juste qu'il était attaché à lui. Je pense que tout le monde a été touché par cette réaction émotive et personnellement, par la raison qui l'a provoquée. L'auditrice lui a fait comprendre qu'il n'avait pas à être gêné et qu'il avait le droit d'exprimer son ressenti. Je l'ai trouvée bien plus humaine que celle qui l'avait interrogé lors de la première interview à l'OE (instance qui décide si la demande d'asile est recevable et si oui le transmet au CGRA). Je l'avais trouvée froide et moralisatrice, alors que la réputation des 2 organismes est inverse, c'est-à-dire souplesse à l'OE et sévérité au CGRA.
Quand tout a été fini, j'ai remercié la jeune femme pour son attitude. Je crois que ça ne lui a pas été indifférent. Son rôle n'est pas facile. J'ai eu l'impression qu'elle cherchait à rassurer et à établir un contact "vrai", ce qui n'est pas évident. Souvent, les demandeurs d'asile sont méfiants. Ils ont peur de ne pas donner "la" bonne réponse et donc adaptent leur discours en fonction de ce qu'ils croient devoir dire. J'ai vu à plusieurs reprises un petit sourire de frustration à une réponse un peu laconique ou convenue.
Dans quelques semaines, ils recevront leur décision. Positive, bien entendu ! :)
10:14 | Lien permanent | Commentaires (4)