11/08/2014
Les bébés et moi (2) Réponse à Chaourcinette
Chaourcinette : étrange effectivement, cette manière de t'annoncer qu'elle avait perdu le bébé...
étrange plutôt de ne PAS m'avoir annoncé la "perte" du bébé, alors qu'elle m'avait pourtant dit être enceinte. Je pense, comme je l'ai écrit dans ma note, qu'elle n'a pas dû savoir tout de suite qu'il lui serait possible d'avorter. Sinon, elle ne m'aurait sans doute rien dit du tout dès le départ.
et faire sortir ce lait devant toi est très surprenant..comme si elle allait jusqu'au bout d'un acte (voulu? ou pas...) perte de l’embryon,et fin de l'histoire en expulsant le lait qui la liait à cet embryon....
Il faut que je précise, si je me souviens bien. Nous n'avions pas de salle de bain. Ma mère se trouvait dans la cuisine quand je suis passée par là et qu'elle était occupée à vider ses seins. Je me suis arrêtée pour regarder ; elle m'a montré. La nudité était normale à la maison (sauf celle de mon père). Il ne s'agit donc pas d'exhibition voulue de la part de ma mère. L'avortement, lui, était voulu, bien sûr.
comment as tu vécu ça ??
Comme je le disais dans ma note, ce lait me paraissait malsain. Je me disais avec un peu de dégoût : "c'est ça que le bébé aurait reçu ?" Sinon, je ne me souviens pas précisément des sentiments qui m'ont animée à ce moment.
as tu nourri tes petits par la suite ?
Oui, je leur ai donné le sein à toutes les deux, naturellement, sans que la question ne se pose.
je me demande comment tu t'es investie dans ta première grossesse ? à 3 ans près, c'était ce petit enfant disparu....as tu fais le lien avec ?
Je ne me souviens pas avoir pensé au bébé de ma mère quand j'ai été moi-même enceinte. Tu suggères que ma première fille serait un bébé de remplacement ? Hou là ! Dans mes rêves éveillés, j'imaginais mon petit frère ou ma petite sœur être le jeune oncle ou la jeune tante de mes filles. Il ou elle aurait été souvent avec nous. Comme la différence d'âge aurait été d'environ 6 ans (non pas 3), la relation aurait plus été de l'ordre cousin/cousine, voire fraternelle ...
t'es tu sur investie dans la relation avec ton premier enfant?
Il ne me semble pas. Un premier enfant, c'est toujours l'inconnu, l'angoisse est plus grande. Pour le deuxième, on a plus d'expérience. Tu penses sans doute aux difficultés que ma fille rencontre encore maintenant, sa dépendance et tout ça ?
tu étais attirée par les petits en difficulté....Pourquoi?
Je n'en ai aucune idée. C'est une sensibilité qui s'est installée petit à petit, je crois. Mais je ne sais pas pourquoi.
as tu toujours un manque pour ne pas l'avoir fait puisque la vie t'a entraînée ailleurs ?
Au cours de ma carrière de fonctionnaire, j'ai toujours pensé que je ne faisais pas ce que j'aimais, mais que je n'avais plus le choix, une fois sur le chemin, càd l'envol du nid parental et le mariage. J'ai quand même fait du mieux que j'ai pu, me disant : "quand on n'a pas le travail qu'on aime, il faut aimer le travail qu'on a". Maintenant, tout ça est derrière moi et je n'ai pas de regrets.
plein de questions hein ? mais toi seule a les réponses !! bises !
Plein de questions, en effet. Intéressantes d'ailleurs ! Mais il y en a une autre : d'où me vient ce premier "désir d'enfant", si l'on peut s'exprimer ainsi, l'enfant de ma mère, puisque cela ne te semble pas normal à cet âge. Cette question jusqu'à présent ne m'avait pas semblé outre mesure hors norme. Je n'ai pas la réponse non plus ...
13:52 | Lien permanent | Commentaires (4)
10/08/2014
Démission
Ma fille me racontait une conversation qu'elle avait eue avec sa sœur au sujet de l'éducation qu'elle donne à Bébichon. Depuis des mois, je ne dis rien, mais comme elle en parlait, je n'ai pas pu m'empêcher de donner mon opinion. Très souvent, elle refuse quelque chose à Bébichon pour le lui accorder ensuite quand il insiste.
Elle ne se reconnaissait pas dans ce comportement et avait demandé l'avis de son amie qui, elle non plus, ne voyait pas les choses comme moi. Elle en a conclu que cela se passe seulement en ma présence. Et aussi quand elle est avec sa sœur. Mais elle ne s'en est jamais rendu compte. Je suis plutôt perplexe par cette absence de conscience, mais comme j'ai décidé de la croire, je la crois. Il se pourrait que ce soit du déni. Elle admet quand même qu'il lui arrive d'agir comme ça quand elle est sur les nerfs ou déprimée (ce qui est très souvent le cas) et qu'elle veut la paix. Elle "suppose" qu'il en est de même quand elle est avec moi. Comme elle veut que je l'écoute, elle accorde à Bébichon ce qu'il demande, après le lui avoir refusé, afin qu'il la laisse tranquille.
Elle trouve qu'elle est une bonne mère et ne comprend pas que je la traite de mère démissionnaire. Je m'énerve. Je n'ai pas dit qu'elle était une "mauvaise mère", ni même une mère globalement démissionnaire. Je n'ai d'ailleurs pas employé ce mot. Je lui ai seulement donné un fait récurrent. Elle finit par me demander des exemples. J'en trouve un, assez ancien, qui est assez précis. Elle ne s'en souvient pas. Je lui en donne un autre, très récent. Elle me répond : "ça, c'est possible".
Après plusieurs conversations sur ce thème, nous finissons par mettre les choses à plat et à éclaircir les malentendus. Je lui dit que je suis désolée qu'elle se soit mise dans tous ses états. Que j'essaie d'éviter de faire des remarques, mais un moment donné, je sature et je lâche le morceau. Est-ce que j'en ai le droit ? Elle me répond que j'en ai tout à fait le droit, mais qu'elle préfère que je ne le fasse pas au moment même. Mon mari me dit que si je diffère, il y aura "oubli" ou explications sur l'interprétation ou sur le fait même. Il a raison, mais je ne me vois pas intervenir immédiatement. C'est trop brusque. Et en plus, en présence de Bébichon. Je n'ai d'ailleurs pas l'intention d'intervenir à chaque coup. L'important est qu'elle ait maintenant matière à réflexion. Si elle ne s'en est jamais rendu compte jusqu'à présent, je pense que dorénavant, elle s'en apercevra au moment où ça se passera ...
22:07 | Lien permanent | Commentaires (4)
07/08/2014
Les bébés et moi (1)
Je n'avais pas 16 ans. Seulement 14, je crois. Ma mère m'avait dit qu'elle était enceinte. Ça ne se voyait pas encore vraiment. Juste un petit renflement. Quand elle se couchait sur le ventre, j'avais peur qu'elle n'écrase le bébé. Un jour, j'avais remarqué qu'elle portait une serviette hygiénique. Je lui ai demandé si l'enfant était toujours là. Elle m'a dit non. Elle ne savait peut-être pas comment me l'annoncer. Je ne me souviens pas quelle explication elle m'a donnée, si elle m'a menti purement ou simplement, ou par omission. Je crois qu'elle m'a juste dit qu'il était parti. Je n'ai pas su si elle était triste ou au contraire soulagée. Elle était comme d'habitude, du moins à mes yeux. Je ne sais pas si elle a eu conscience de ma peine à moi. Elle me montrait comment elle pressait ses seins pour en faire sortir le lait qui ne servirait pas. Ces gouttelettes jaunâtres m'avaient d'ailleurs l'air plutôt malsain. Je suppose que si elle avait su qu'elle allait, qu'elle pouvait avorter, elle ne m'aurait jamais dit qu'elle était enceinte.
Je ne pensais pas jouer le rôle de mère auprès de cet enfant. Mais j'aurais été fière de conduire mon frère, ma sœur à l'école. De m'occuper de ses devoirs. De le mettre au lit. Jamais je n'imaginais les pleurs, les maladies, les problèmes. Bien sûr, j'idéalisais la situation !
J'avais une amie d'enfance chez qui je passais beaucoup de temps. Sa mère a essayé de me consoler en me montrant le bon côté des choses. Elle disait que si ce bébé était né, j'aurais sans doute été beaucoup sollicitée et j'aurais pu passer moins de temps avec mon amie. Ça ne me consolait pas du tout, bien au contraire. J'avais envie de lui dire que ça m'était égal. Mais je savais que ça aurait été blessant pour mon amie. J'ai donc ravalé mon chagrin et me suis tue.
L'année suivante, à ma demande, nous avons accueilli une petite fille noire pour les vacances. Anne-Marie. Une enfant de 4 ans dont les parents étaient en difficultés. J'avais "demandé" un bébé, mais il n'y en avait pas en stock. LOL. C'est une connaissance à mon père qui a organisé cet arrangement. Elle était directrice d'une association d'aide aux familles.
Plus tard, pendant les vacances, je me suis occupée d'enfants placés dans un petit home familial, par le biais de cette même personne. J'avais 17 ans. J'y ai vécu une des périodes les plus riches de ma vie. Quand je suis retournée en visite quelque temps plus tard, le home n'existait plus. Je n'ai jamais revu aucun des enfants. Claude (autiste), Noël (que j'aimais particulièrement), Chantal (adorable et mignonne), Thérèse (épileptique qui ne parlait pas), Marie-Jeanne (qui ne parlait pas non plus)... Que de fois je me suis demandée ce qu'étaient devenus tous ces gosses, plus marqués les uns que les autres. Longtemps je me les suis imaginés. Je calculais l'âge qu'ils auraient maintenant. Comment avaient-ils évolués ? Avaient-ils une vie "normale" ? J'imaginais parfois aussi que j'en avais accueilli certains ou qu'ils venaient chez moi régulièrement.
C'est à cette période également que j'ai eu un retard de règles suffisamment important pour m'inquiéter, vu que j'allais toujours à l'école et que je vivais, bien sûr, chez mes parents. Je n'avais pas du tout envie d'avoir un bébé dans le ventre dans ces circonstances, surtout à cette époque et dans cette famille. Heureusement, ce fut une fausse alerte.
À 18 ans et 11 mois, je me suis mariée. Je n'avais qu'une hâte, c'est d'être enceinte. J'ai pleuré plusieurs fois, au retour de mes règles. Je craignais d'être stérile. Il faut dire qu'un radiesthésiste m'avait assuré que je ne pourrais avoir d'enfants que si je suivais un traitement qu'il me prescrirait. Comme je n'avais pas confiance en lui, je n'en ai rien fait. Huit mois plus tard, ça y était. J'allais devenir maman pour la première fois ! Et sans traitement !
19:09 | Lien permanent | Commentaires (13)