05/05/2014
Demander sans demander
Quand ma fille cadette a besoin d'un service, elle me le demande directement. Parfois, elle ajoute même : "Tu peux dire non, hein !"
Mon mari, lui, a l'art de suggérer : "On devrait, il faudrait ...", ce qui signifie : "Moi j'ai pas envie, ce serait bien si toi tu le faisais". Démasqué, on en rit désormais. Je lui réponds : "Ah, c'est une bonne idée, "on" va le faire. Mais qui est "on" ? C'est toi ou c'est moi ?"
Pendant longtemps, j'ai eu tendance à tomber dans le piège et à faire ce qui était demandé sans être exprimé ouvertement. À partir du moment où j'ai senti que c'était de la manipulation, j'ai freiné mes réactions de "gentille" et j'ai réfléchi d'abord. Est-ce que ce qui était suggéré répondait à une envie de ma part ? À un besoin ? À une nécessité objective ? Est-ce que j'étais trop bonne ? Maintenant, je réponds souvent à mon mari qu'il peut me demander directement de faire telle ou telle chose si lui n'en a pas le courage à cet instant précis. J'ai aussi appris à ne pas faire pour l'autre quand j'entends une phrase du genre : "Oh, zut, j'ai oublié mes chaussettes en haut ! Va encore falloir que je monte !" Ceci dit sans se diriger le moins du monde vers l'escalier. Il est possible que j'interprète mal car mon mari prétend qu'il ne fait pas ça dans l'espoir que je le fasse pour lui. Dans ce cas, c'est tout aussi bien que je me retienne. :o)
Ma fille aînée s'est laissée manipuler de cette façon par la plupart de ses amoureux successifs. Le dernier, XY, n'en parlons pas. Mais le précédent était du même acabit, la violence verbale et la boisson en moins. Ce gars-là, je vais l'appeler "le surfeur". Elle a eu une relation de 4 ans avec lui. Quatre années pendant lesquelles elle l'a quitté 7 fois pour se remettre avec lui tout aussitôt. À chaque fois, ils avaient beaucoup discuté, et selon elle, il avait changé, il avait compris. La huitième fois fut la rupture définitive, XY étant entré en scène. Elle a repris contact avec le surfeur récemment, je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être comme un défi à l'encontre de XY. Pour se prouver qu'elle est libre maintenant ?
Hier, elle me téléphone, toute contente d'avoir drastiquement évolué. Elle ne tombe plus dans les pièges du surfeur, dit-elle. Maintenant, il faut qu'on lui demande clairement, sinon, elle fait celle qui ne comprend pas. (C'est ce qu'il m'arrive de faire avec elle). Elle m'explique qu'un moment donné il a abordé un sujet de manière vague. Elle n'a pas cherché à savoir pourquoi il parlait de ça. Elle pense qu'il avait une idée derrière la tête. Tout comme il s'est plaint de ne pas pouvoir prendre de bain vu qu'il vit dans un camping car. Cela signifiait qu'il aurait bien eu envie que ma fille lui prête sa salle de bain. Elle a refusé. N'empêche qu'elle était prête à le conduire à la mer (vu qu'elle ne paie pas l'essence), alors qu'elle avait des tas de choses à faire chez elle, pour les raisons que j'explique plus bas.
Au cours de cette conversation, ma fille admet qu'il lui arrive, elle aussi, de pratiquer de la sorte. Se plaindre afin d'obtenir de l'aide. Là, elle ne m'apprend rien ! J'y ai résisté pendant des années. Au point que parfois je me demande si je ne suis pas devenue carrément rigide.
Par exemple, la semaine dernière, elle m'annonce qu'elle a fait appel à une émission télévisée de consommateurs et qu'elle a été contactée. Une équipe va venir filmer chez elle mercredi. Elle est super énervée, me parle de ses vitres sales, du désordre de son salon, etc. Je sentais bien que mon aide aurait été la bienvenue. Ce n'était pas exclu, mais je voulais prendre le temps de réfléchir. Voir où elle en serait après le we. Elle finit par dire avec une drôle d'expression : "Enfin, c'est mon problème, hein !" Je me disais : "Wouaw, elle prend ses responsabilités ! Elle ne veut pas me solliciter. Elle va se débrouiller seule". Entretemps, son amie lui propose spontanément un coup de main. Elle me dira par la suite qu'elle avait espéré de l'aide, mais que c'était difficile pour elle de demander, sans parler de moi en particulier. J'en conclus que sa remarque "enfin, c'est mon problème" était du dépit, vu que je ne proposais pas mes services. En fait, comme je le pensais au départ, elle demandait sans demander.
Ce n'est pas toujours facile de demander directement. Ce n'est pas facile non plus de refuser clairement parfois. De se protéger, sans devenir égoïste ...
11:25 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (100)
25/03/2014
Ma fille va bien, je m'inquiète ! ;o)
C'est une boutade bien sûr. Mais je me rends compte à quel point les mal-être successifs et variés de ma fille aînée prennent de la place dans ma tête. Depuis une quinzaine de jour, elle va ... je ne dirais pas "très bien", mais beaucoup mieux quand même. Et ça me fait tout bizarre. Un peu comme la victime d'un PN, lorsqu'elle le quitte, est perdue sans l'adrénaline de la vie avec son bourreau, malgré ce qu'il lui faisait endurer.
Dans un coin de ma tête il y a la question : "combien de temps cela va-t-il durer ?"
Et puis, je pense à Reine qui dit se reconnaître en ma fille, mais qui ne parle pas de ses états d'âme à son père pour ne pas l'inquiéter. Du coup, je me dis que ma fille ne va peut-être pas mieux, mais qu'elle simule pour me préserver.
Est-ce mieux ? Pour elle ? Ou pour moi ?
Un peu tordu tout ça peut-être ?
08:36 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (8)
13/03/2014
Réponse à Reine
À ma note précédente, Reine m'a laissé le commentaire suivant :
Ha bin oui, ma copine c'est au niveau des hommes aussi. (désir de changement - ndlr)
J'en veux un, j'en veux plus....
Elle est toujours, elle aussi, limite pour la fin du mois.
Elle me dit ne dépenser que 15 euros/semaine pour manger, et pouvoir le faire grâce à des cours qu'elle donne en plus de son boulot, mais en même temps elle achète du papier à poncer pour 13 euros, pour refaire sa salle de bains dont la peinture s'écaille...
Bref...
Je ne te suis pas et donc ne sais pas si ta fille travaille ?
Tu sais, même en travaillant c'est pas facile tous les jours hein....
Nous on est largement pas à plaindre, mais on fait super gaffe quand même. On part 1 semaine par an en famille, et genre en camping, et la p'tite famille part 1 fois par an au ski... dans la famille (nourri logé blanchi.
C'est mon père qui a payé mon divorce ; c'est pour te dire !
Tu sais, des fois je me demande comment font les "jeunes" ; quand tu vois le prix des loyers et les salaires, les charges, etc....
Je comprends bien ce que tu veux dire ; mais... mon père (encore lui, oui :) ) dit toujours qu'il ne veut pas être le mort le plus riche.
Personnellement, je préfère que mon père me file un peu d'argent maintenant plutôt que :
- quand je serai plus vieille et que j'en aurai bien chié
- quand il sera mort, et que ce sera sous forme d'héritage => cet argent là est de l'argent triste, alors que l'argent qu'on donne de son vivant est de l'argent gai.
Pourquoi tu ne lui dis pas que tu as peur ? Tu as peur qu'elle réagisse mal ?
Bon voilà ; encore une tartine :)) Écrit par : Reine | 12/03/2014
Par curiosité, est-ce que ta copine a un père qui ne s'est pas beaucoup occupée d'elle ? Car chez ma fille, je crois que c'est ça l'origine de pas mal de ses problèmes.
Pour te répondre, oui, ma fille travaille et elle a un bon salaire. Je sais que même comme ça, ce n'est pas facile. Surtout qu'elle rembourse les dettes que lui a laissées son ex. Mais je peux t'assurer que d'autres personnes s'en sortiraient dans la même situation. Pas elle. Et ça a commencé très jeune, quand déjà elle empruntait de l'argent de poche à sa petite sœur.
Je crois que ma fille aimerait avoir un père comme le tien, qui préfère donner de son vivant. C'est une belle philosophie d'ailleurs. Et ça me remet en question. Pffff ! Encore réfléchir ! J'ai tellement tergiversé dans ce domaine qu'un jour j'ai dit STOP. Mes filles auront mon argent après ma mort. Il faut quand même que je précise que si j'avais laissé à ma fille tout ce qu'elle m'a déjà emprunté, je n'aurais plus un centime d'épargne actuellement. Et je dois admettre que s'ajoute à cela un peu d'angoisse de ne pas pouvoir m'offrir une maison de retraite convenable lorsque je serai devenue incapable de rester seule. Et puis, contrairement à ton père, je me dis que l'héritage sera un beau cadeau que je laisserai. Je serais juste curieuse de voir combien de temps il faudra à ma fille aînée pour tout dilapider.
Quant à mes craintes, c'est fait, je les lui ai dites. Presque toutes. Je n'ai pas parlé de la difficulté que j'aurais de subir son stress à elle. À la supporter, en quelque sorte. Mais tout le reste, je l'ai expliqué. Oui, j'avais peur qu'elle le ressente comme un rejet. Mais elle a très bien compris.
10:25 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (2)