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17/01/2015

Quelques déclarations de Bébichon

Selon les circonstances, à sa maman,

     "Je t'aime fort !"
     "Je t'aime un petit peu."   
     "Tu es méchante !"
     "Je vais le dire à mon papa et il va te mettre dans une cage !"
     "Je veux habiter chez mon papa pour toujours !"
     "Je veux aller habiter chez Mamy. Elle est gentille."
     "Je vais chercher une autre maison parce que je fais toujours des bêtises."
     "J'ai décidé d'être méchant" - "Pourquoi ?" - "Parce que mon papa est méchant, alors        moi aussi."

À un petit copain de classe, influencé sans doute par les événements à Charlie Hebdo :

    "J'ai tué mon papa avec un fusil" (la maman de l'enfant en a parlé à ma fille)

À moi :

     "J'aime pas Maman"
     "Je vais attaquer mon papa parce qu'il est méchant avec ma maman !"

29/11/2014

"Dégage !"

Lundi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mardi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mercredi, ma fille m'amène Bébichon en ne se plaignant pas du comportement de Bébichon. Pas besoin, son visage défait parle pour elle. Bébichon, lui, tout joyeux, se cache pour faire une surprise à Mamy. Ma fille lui demande de lui dire "au revoir". Il entre dans la maison sans se retourner et lui lance avec mépris : "Dégage". Moi, ahurie : "Qu'est-ce que tu dis ?" Il répète : "Dégage !" Ma fille s'éloigne sans rien dire. Je rattrape Bébichon, le tire par le bras jusqu'à la voiture où ma fille s'apprête à repartir. Il se laisse emmener sans résistance. J'ouvre la porte et ordonne à Bébichon de dire au revoir à sa maman. Il ne réagit pas. Je lui redemande fermement, plusieurs fois. Il ne bronche pas. Je lui demande s'il veut que je le secoue. Il fait signe que non. Je lui redemande, je ne sais combien de fois de dire au revoir. Il s'obstine. Je lui promets une mauvaise journée avec moi, sans résultat. Je le menace d'aller dans le coin. Rien n'y fait. Il garde le visage fermé et ne dit rien. Je suis furibarde. Je l'emmène à l'intérieur. Ma fille s'en va. Je le mets dans le coin pour cinq minutes. C'est la première fois. Je mets le minuteur. Quand la sonnerie retentit, il ne bouge pas. J'attends un peu puis je lui signale plus calmement qu'il peut sortir du coin, mais que s'il a envie d'y rester, il peut. Il y reste. Après vingt minutes, je vais au yoga. Il est toujours dans le coin. Mon mari me dira par la suite qu'il est resté encore 20 minutes de plus.

Quand je reviens, Bébichon m'accueille tout sourire. Ma fille croit qu'il est resté dans le coin pour s' auto punir davantage, réalisant qu'il a largement dépassé les bornes. Vu son air pas contrit du tout, je crois qu'il voulait plutôt me signifier que ma punition n'avait aucun impact. Qu'il s'en fichait de rester dans le coin. Revenu à de meilleures dispositions, je lui demande ce qui s'est passé le matin avec sa maman. Il m'explique avec un sourire un peu gêné qu'il a demandé de l'aide pour mettre ses chaussettes et qu'elle n'a pas voulu. Je lui explique qu'il est normal de faire seul ce qu'on sait faire. Qu'il est assez grand pour ça. Je lui demande s'il trouve qu'il a été gentil. Il fait non de la tête. Je lui dis aussi que sa maman est triste quand il est méchant comme ça. Tu comprends ? Il fait oui de la tête. Je lui demande de s'excuser quand sa maman reviendra le chercher le soir. Il est d'accord. Il le fera d'ailleurs sans réticence, mais j'ai quand même dû le lui rappeler.

Dans la soirée, il a à nouveau demandé pardon, spontanément cette fois, pour avoir dit "dégage !" et aussi pour autre chose, je ne sais plus quoi. Ma fille est contente que je sois intervenue. Elle est même contente que je me sois montrée aussi fâchée. "Comme ça il voit qu'il n'y a pas que moi qui me fâche et que quelqu'un d'autre est d'accord." Elle se sent soutenue "contre" lui. Elle pense qu'il est difficile parce qu'elle est seule avec lui et qu'il n'y a donc pas une deuxième personne (un père si possible ou même une autre personne) qui lui donne raison. C'est sûr que c'est plus facile à deux, quand on est des parents unis et responsables, mais je ne suis pas persuadée que toutes les mères seules aient les mêmes soucis. Elle pense aussi qu'il lui en veut parce qu'il ne peut pas voir son père. Ça c'est fort possible, mais je pense sincèrement que l'éducation qu'elle donne à son fils y est pour quelque chose. Elle est fort permissive, discute en détails, explique longuement, négocie sans fin avec lui. Elle ne cède plus, dit-elle. C'est déjà bien.

Mais quand elle vient le chercher, par exemple, il est tout content de la voir et ne la laisse pas tranquille une seconde. Il veut toute son attention et elle, elle veut papoter un moment avec moi, ce qu'elle n'arrive pas à faire, si ce n'est péniblement entre deux interventions du petit vampire. La plupart du temps, je ne dis rien ou j'essaie de le calmer en douceur. Mais il ne m'écoute pas quand elle est là. Rarement, une remarque m'échappe ce qui déplait fortement à ma fille et je le comprends. Un jour je lui ai demandé si elle considérait que j'avais le droit de donner mon avis. Elle m'a répondu oui, mais pas au moment même. Un soir de cette semaine, j'étais tellement énervée par le harcèlement de Bébichon, ou plutôt par la réaction molle de ma fille, que je n'ai pas pu différer ma remarque et j'ai lâché un "ça, ça ne va pas hein !" Elle l'a mal pris. En fait, elle lui a "demandé" (comme une autorisation) de la laisser tranquille 5 minutes. "Non, c'est trop long !" - "Mais non, ce n'est pas long" - "Siiiii" - "Mais non, regarde quand la grande aiguille est là, etc, etc, etc". Résultat, elle a passé de longues minutes à négocier 5 minutes de tranquillité. Il est parti regarder la télé avec Papy pendant 3 minutes et il est revenu avant que la grande aiguille soit là où il avait été dit. Et ma fille a baissé pavillon. Elle est partie avec lui. C'est ce qu'il voulait.

Le lendemain, au téléphone, ma fille m'explique à quel point elle a été blessée par ma remarque, vu son hyper sensibilité actuelle. Je sais, j'aurais dû attendre. Ce n'est pas toujours évident. Et les moments de lui parler ne sont pas légion. Soit Bébichon est là, soit elle travaille, soit elle est trop déprimée ou énervée et je crains de la déprimer ou de l'énerver davantage. Et comme elle est quasi toujours déprimée ou énervée ... Et quand parfois elle est moins abattue, voir joyeuse, j'hésite à gâcher ce moment par une discussion dont je sais qu'elle va lui déplaire. Donc, je me tais ...

Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux que je me taise pour de bon. Ce qui m'en empêche de le faire c'est que j'ai l'impression que ce ne sont pas des détails. Quand je vois comme il peut avoir des colères violentes déjà maintenant à 4 ans et demie, qu'en sera-t-il à l'adolescence si elle continue à lui laisser autant de pouvoir ? Et parfois, je me questionne. Est-ce que ma fille ne va pas se laisser dominer par son fils comme elle s'est laissé dominer par le père ?

 

27/11/2014

Tricherie et compassion

Bébichon était malade. Il est donc venu chez moi lundi, mardi et mercredi. Je lui ai appris à jouer au lotto. Au lottino plus précisément. La première fois, je gagne, je fais mine de me réjouir. il ne dit rien. La deuxième fois, il gagne. Il jubile.  La troisième fois, je gagne, il ne dit rien. La quatrième fois je gagne, il pousse un "Ooohhhhh" de déception ! La cinquième fois je gagne. Il rouspète : "tu triches !" - "Mais non, je ne triche pas pas !" - "Si, tu triches !" - "Mais comment je fais pour tricher, à ton avis ?" - "Une fois tu gagnes, et après, tu gagnes encore et pas moi !"

J'essaie de lui expliquer ce que c'est réellement de tricher. Il me regarde d'un air dubitatif. C'est vrai que c'est pas juste. On devrait gagner chacun son tour, non ?

Je lui demande alors s'il veut arrêter de jouer, mais il veut continuer. J'aurais bien voulu tricher pour perdre, mais il m'a à l'œil le bougre ! Je gagne à nouveau. Je prends un air désolé en disant que j'ai à nouveau gagné. Il me regarde d'un air compatissant et me dit : "C'est pas grave !" Mes regrets d'avoir gagné l'ont touché et il veut me consoler. Ouf !