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19/01/2015

Blue monday !

Le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l'année. D'où le blue monday. Je n'avais jamais entendu parler de ce concept. En tout cas ça ne se vérifie pas pour moi en 2015. De toute façon, je ne suis sensible ni à la pleine lune, ni au manque de lumière, ni au changement de saison ou toute chose de ce genre. Pour moi aujourd'hui, ce serait plutôt le green monday. Vert, couleur de l'espoir. Couleur du feu de signalisation qui nous permet de traverser. Couleur secondaire, mélange de bleu et de jaune. Couleur de l'écologie. Couleur de la rage et de la peur aussi. Mais pas pour moi.

Hier, je me faisais du souci. Il me semblait que ma fille aînée allait mal. Et j'avais l'impression que c'était déjà le cas depuis quelques jours, mais que je n'en avais pas pris la mesure. Une remarque sans méchanceté de la part de sa sœur l'avait chamboulée de manière disproportionnée. Elle était super énervée par Bébichon et démissionnaire vis-à-vis de lui. Elle parlait de lui comme d'un boulet qui l'empêchait de vivre. Elle voulait qu'il "comprenne" qu'il devait changer de comportement. Bébichon est infernal avec elle. Il fait crise sur crise et en veut toujours plus. Je me demandais comment trouver le bon moment et le bon ton pour aborder le sujet de son éducation. Car pour moi, bien sûr il y a le problème de son père absent, mais il y a aussi une grande part d'éducationnel, j'en ai déjà parlé.

Ce matin, elle ne semblait pas du tout déprimée. Elle disait avoir du mal, mais n'était pas prête à sombrer. Un moment donné, elle se demandait si c'était elle ou lui dont le comportement n'était pas adéquat. Je me suis risquée à répondre franchement : "c'est toi !" Elle a paru un peu désarçonnée, mais elle m'a répondu que ça la rassurait. Je lui ai alors répété ce que j'avais déjà dit à d'autres occasions. Que ses palabres éternels avec son fils l'épuisaient et finissaient pas l'énerver tellement que cela se retournait contre lui. Elle explique beaucoup. C'est très bien. Mais quand on a expliqué 3 fois la même chose et que l'enfant continue à demander ce qui lui est refusé, ça ne sert plus à rien de recommencer. C'est non et puis c'est tout. Son amie lui a dit la même chose. Ma fille, elle explique 20 fois et puis elle se met en colère. Elle se défend sans conviction en disant qu'elle fait des compromis. Oui, mais c'est l'enfant qui a la part belle dans l'arrangement et elle qui supporte un poids exagéré. Dans un compromis, tout le monde s'y retrouve de façon équitable. De toute façon, le résultat est là. Il finit par discuter de tout. Par vouloir que tout se fasse à sa façon à lui, au moment que lui aura choisi. Quand je vois ça, je ne suis pas étonnée qu'elle se soit laissé écraser par un certain XY.

Elle m'a écoutée. Je crois qu'elle ne s'est pas sentie jugée. Ce qu'elle en fera, je ne sais pas. Tout ce que j'ai dit là, je l'avais déjà évoqué. Plusieurs fois même. Peut-être qu'elle a compris maintenant ? Quant à faire le pas, je ne sais pas. Elle a déjà rectifié le tir dans certaines attitudes. Par exemple, elle ne se laisse plus frapper méchamment. Avant elle tournait cela en jeu. Elle est moins démissionnaire aussi et tient plus souvent bon il me semble. On peut donc espérer. Voilà pourquoi aujourd'hui c'est green monday pour moi.

17/01/2015

Quelques déclarations de Bébichon

Selon les circonstances, à sa maman,

     "Je t'aime fort !"
     "Je t'aime un petit peu."   
     "Tu es méchante !"
     "Je vais le dire à mon papa et il va te mettre dans une cage !"
     "Je veux habiter chez mon papa pour toujours !"
     "Je veux aller habiter chez Mamy. Elle est gentille."
     "Je vais chercher une autre maison parce que je fais toujours des bêtises."
     "J'ai décidé d'être méchant" - "Pourquoi ?" - "Parce que mon papa est méchant, alors        moi aussi."

À un petit copain de classe, influencé sans doute par les événements à Charlie Hebdo :

    "J'ai tué mon papa avec un fusil" (la maman de l'enfant en a parlé à ma fille)

À moi :

     "J'aime pas Maman"
     "Je vais attaquer mon papa parce qu'il est méchant avec ma maman !"

29/11/2014

"Dégage !"

Lundi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mardi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mercredi, ma fille m'amène Bébichon en ne se plaignant pas du comportement de Bébichon. Pas besoin, son visage défait parle pour elle. Bébichon, lui, tout joyeux, se cache pour faire une surprise à Mamy. Ma fille lui demande de lui dire "au revoir". Il entre dans la maison sans se retourner et lui lance avec mépris : "Dégage". Moi, ahurie : "Qu'est-ce que tu dis ?" Il répète : "Dégage !" Ma fille s'éloigne sans rien dire. Je rattrape Bébichon, le tire par le bras jusqu'à la voiture où ma fille s'apprête à repartir. Il se laisse emmener sans résistance. J'ouvre la porte et ordonne à Bébichon de dire au revoir à sa maman. Il ne réagit pas. Je lui redemande fermement, plusieurs fois. Il ne bronche pas. Je lui demande s'il veut que je le secoue. Il fait signe que non. Je lui redemande, je ne sais combien de fois de dire au revoir. Il s'obstine. Je lui promets une mauvaise journée avec moi, sans résultat. Je le menace d'aller dans le coin. Rien n'y fait. Il garde le visage fermé et ne dit rien. Je suis furibarde. Je l'emmène à l'intérieur. Ma fille s'en va. Je le mets dans le coin pour cinq minutes. C'est la première fois. Je mets le minuteur. Quand la sonnerie retentit, il ne bouge pas. J'attends un peu puis je lui signale plus calmement qu'il peut sortir du coin, mais que s'il a envie d'y rester, il peut. Il y reste. Après vingt minutes, je vais au yoga. Il est toujours dans le coin. Mon mari me dira par la suite qu'il est resté encore 20 minutes de plus.

Quand je reviens, Bébichon m'accueille tout sourire. Ma fille croit qu'il est resté dans le coin pour s' auto punir davantage, réalisant qu'il a largement dépassé les bornes. Vu son air pas contrit du tout, je crois qu'il voulait plutôt me signifier que ma punition n'avait aucun impact. Qu'il s'en fichait de rester dans le coin. Revenu à de meilleures dispositions, je lui demande ce qui s'est passé le matin avec sa maman. Il m'explique avec un sourire un peu gêné qu'il a demandé de l'aide pour mettre ses chaussettes et qu'elle n'a pas voulu. Je lui explique qu'il est normal de faire seul ce qu'on sait faire. Qu'il est assez grand pour ça. Je lui demande s'il trouve qu'il a été gentil. Il fait non de la tête. Je lui dis aussi que sa maman est triste quand il est méchant comme ça. Tu comprends ? Il fait oui de la tête. Je lui demande de s'excuser quand sa maman reviendra le chercher le soir. Il est d'accord. Il le fera d'ailleurs sans réticence, mais j'ai quand même dû le lui rappeler.

Dans la soirée, il a à nouveau demandé pardon, spontanément cette fois, pour avoir dit "dégage !" et aussi pour autre chose, je ne sais plus quoi. Ma fille est contente que je sois intervenue. Elle est même contente que je me sois montrée aussi fâchée. "Comme ça il voit qu'il n'y a pas que moi qui me fâche et que quelqu'un d'autre est d'accord." Elle se sent soutenue "contre" lui. Elle pense qu'il est difficile parce qu'elle est seule avec lui et qu'il n'y a donc pas une deuxième personne (un père si possible ou même une autre personne) qui lui donne raison. C'est sûr que c'est plus facile à deux, quand on est des parents unis et responsables, mais je ne suis pas persuadée que toutes les mères seules aient les mêmes soucis. Elle pense aussi qu'il lui en veut parce qu'il ne peut pas voir son père. Ça c'est fort possible, mais je pense sincèrement que l'éducation qu'elle donne à son fils y est pour quelque chose. Elle est fort permissive, discute en détails, explique longuement, négocie sans fin avec lui. Elle ne cède plus, dit-elle. C'est déjà bien.

Mais quand elle vient le chercher, par exemple, il est tout content de la voir et ne la laisse pas tranquille une seconde. Il veut toute son attention et elle, elle veut papoter un moment avec moi, ce qu'elle n'arrive pas à faire, si ce n'est péniblement entre deux interventions du petit vampire. La plupart du temps, je ne dis rien ou j'essaie de le calmer en douceur. Mais il ne m'écoute pas quand elle est là. Rarement, une remarque m'échappe ce qui déplait fortement à ma fille et je le comprends. Un jour je lui ai demandé si elle considérait que j'avais le droit de donner mon avis. Elle m'a répondu oui, mais pas au moment même. Un soir de cette semaine, j'étais tellement énervée par le harcèlement de Bébichon, ou plutôt par la réaction molle de ma fille, que je n'ai pas pu différer ma remarque et j'ai lâché un "ça, ça ne va pas hein !" Elle l'a mal pris. En fait, elle lui a "demandé" (comme une autorisation) de la laisser tranquille 5 minutes. "Non, c'est trop long !" - "Mais non, ce n'est pas long" - "Siiiii" - "Mais non, regarde quand la grande aiguille est là, etc, etc, etc". Résultat, elle a passé de longues minutes à négocier 5 minutes de tranquillité. Il est parti regarder la télé avec Papy pendant 3 minutes et il est revenu avant que la grande aiguille soit là où il avait été dit. Et ma fille a baissé pavillon. Elle est partie avec lui. C'est ce qu'il voulait.

Le lendemain, au téléphone, ma fille m'explique à quel point elle a été blessée par ma remarque, vu son hyper sensibilité actuelle. Je sais, j'aurais dû attendre. Ce n'est pas toujours évident. Et les moments de lui parler ne sont pas légion. Soit Bébichon est là, soit elle travaille, soit elle est trop déprimée ou énervée et je crains de la déprimer ou de l'énerver davantage. Et comme elle est quasi toujours déprimée ou énervée ... Et quand parfois elle est moins abattue, voir joyeuse, j'hésite à gâcher ce moment par une discussion dont je sais qu'elle va lui déplaire. Donc, je me tais ...

Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux que je me taise pour de bon. Ce qui m'en empêche de le faire c'est que j'ai l'impression que ce ne sont pas des détails. Quand je vois comme il peut avoir des colères violentes déjà maintenant à 4 ans et demie, qu'en sera-t-il à l'adolescence si elle continue à lui laisser autant de pouvoir ? Et parfois, je me questionne. Est-ce que ma fille ne va pas se laisser dominer par son fils comme elle s'est laissé dominer par le père ?