20/02/2015
Bébichon/ma fille
Dimanche, quand nous nous sommes promenés, ma fille me disait que Bébichon était vraiment redevenu cool. Sauf de temps en temps. Mercredi, au téléphone, elle me confirmait que son comportement était maintenant génial, sauf exceptions.
Hier, en début de soirée, elle me téléphone, la voix des mauvais jours. Elle a un gros souci ! Aïe ! En 2 secondes, j'imagine le pire. Bébichon gravement malade, ou bien elle ? Mais ce n'est ni l'un ni l'autre. Bébichon est tout simplement ingérable. Il pleure depuis une heure parce qu'elle lui a demandé de ranger ses jouets et qu'il refuse. Je ne sais pas trop ce qu'elle attend de moi. Va-t-elle me demander de venir ? Je suis sans voiture de toute façon. Je lui demande comment ça s'est passé pendant cette heure où elle a tenté d'obtenir le rangement. Elle a bien sûr essayé de le persuader par mille moyens, sans succès. Elle l'a envoyé dans sa chambre où il a jeté ses affaires contre la porte. Elle l'a entendu dire : "qu'est-ce que je vais jeter pour faire beaucoup de bruit ?" !!! Il sait qu'elle n'aime pas qu'il dérange les voisins. Elle l'a mis dans le coin où il n'est pas resté. Quand elle le met dans un coin, il fait quelques pas de côté en disant : "Non, je me mets ICI !" Elle a probablement dû lui promettre l'une ou l'autre punition, ce qu'elle n'aime pas faire, je ne sais plus.
Elle ne m'appelle pas spécialement pour que je la conseille, mais pour ne pas péter un câble. Après qu'elle m'ait expliqué toutes ses tentatives, je lui suggère d'ignorer son fils. Elle me répond que c'est impossible. Il est collé à elle. Il ne la lâche pas d'une semelle. De fait, il ne cesse de lui parler pendant que je suis au bout du fil. "Ou alors il va s'endormir dans le canapé", ajoute-t-elle, ce qui lui arrive souvent. Sur ce, Bébichon demande une tartine. Elle lui répond qu'il aura une tartine quand il aura rangé. Il se remet à pleurer. "Viens m'aider Mamaaaan." - "Non, c'est toi qui a mis le bazar, c'est toi qui range !" Je me sens désarmée. Je lui propose alors de me parler d'autre chose que de son fils. "Raconte-moi quelque chose." L'idée est que Bébichon sente qu'il n'est plus le centre d'intérêt unique. Que sa mère peut NE PAS s'occuper de lui. Le bénéfice secondaire auquel je n'avais pas pensé tout de suite est que ma fille se détende, ou plutôt que son esprit se détache momentanément du conflit avec Bébichon, même si elle parle d'un autre problème. Des difficultés qu'elle a avec un collègue et qui se répercutent sur la bonne relation qu'elle a avec son chef. Je n'entends plus Bébichon. Ma fille est concentrée sur ses explications.
Tout à coup, Je l'entends s'adresser au gamin : "Tu as rangé ? C'est Vrai ? Dans le salon ? Et dans ta chambre aussi ?" Elle va voir et constate qu'effectivement, tout est clean ! Ça duré, quoi, 5 minutes ? Moins de 10 en tout cas. Je n'en attendais pas tant. Je pensais seulement qu'elle se calmerait et qu'elle gérerait mieux son fils par la suite. Elle est complètement abasourdie : "Et qu'est-ce que je fais maintenant ?" Moi : "Tu le félicites." Là, j'applique la technique d'éducation douce et positive qu'on utilise avec les chiens, LOL ! Elle s'exécute d'autant plus volontiers qu'elle est super soulagée.
Elle me raconte ensuite qu'en fait elle a regardé Super Nanny la veille. Qu'elle est dégoûtée. Que je dois avoir raison. Qu'elle fait de son fils un enfant-roi. Qu'elle tolère trop de choses et lui laisse trop de choix. Je note au passage qu'elle ne dit pas que "j'ai" raison, mais bien que "je dois" avoir raison, doutant peut-être encore ? Soit ! Du coup, le matin, elle s'était dit que ça ne pouvait plus durer, qu'elle devait reprendre les choses en main. C'est une formule qu'elle n'emploie pas pour la première fois, mais les prises de conscience se diluent parfois. Il y a des choses qui vont et qui viennent. Qui se font et se défont, nous attirant de façon récurrente vers les comportements liés aux 'habitudes, bonnes ou mauvaises ou aux fausses croyances.
La "guéguerre" avait commencé quand elle est allée le chercher à l'école. Dans la voiture, il voulait ci et ça de déraisonnable et n'avait rien obtenu. Elle gagnait la première manche. Alors, arrivé à destination, vengeance, il n'a plus voulu marcher. Il voulait qu'elle le porte. Elle a refusé. Elle a attendu 1/4 d'heure, palabrant, menaçant, sans succès. Elle a fini par le porter. Il gagnait la deuxième manche. Match nul ! Je crois que moi je l'aurais entraîné de force par le bras. À tête de bois, tête de bois et demie ! Ce qui n'est peut-être pas non plus la meilleure solution.
La soirée ne s'arrête pas là. Ma fille, toute contente, va lui préparer une tartine, mais entretemps, il a pris un chocolat. "Non, Bébichon, tu mangeras ton chocolat après la tartine." - "Noooonn maintenant !" - "Non, non, après !" - "Ouiiiiiiinnnnn" Et voilà ! C'est reparti !
Nous abrégeons la conversation. Je saurai aujourd'hui comment cela s'est terminé. Et j'espère ... qu'elle regardera encore Super Nanny ! Je devrais regarder moi aussi, tiens !
09:35 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (34)
16/02/2015
Bricolage pour la saint Valentin, bigoudis et autres ...
Mardi dernier, à la maison de retraite, création de tableaux décoratifs pour la Saint Valentin.
Louise s'applique, comme tout le monde. Un moment donné, je m'aperçois qu'il se passe quelque chose. Elle semble avoir un souci. La responsable lui parle gentiment, tente de la réconforter. Comme elle n'y parvient, elle la laisse un moment dans son état émotionnel perturbé, espérant qu'elle se reprenne toute seule. D'autres membres du personnel viennent lui parler, mais Louise a l'air très contrarié. On la laisse encore un peu dans sa chaise roulante, pour ne pas la brusquer. Finalement, une infirmière veut la reconduire dans sa chambre. Louise se fâche. Elle n'a pas de chambre ici ! Elle veut retourner chez elle, dans sa maison. Son mari l'attend. Ledit mari est décédé depuis belle lurette et ce n'est pas hier que Louise est arrivée dans la maison de retraite. Hier, Louise avait toute sa tête. Aujourd'hui, elle déraille. On me dira plus tard qu'elle peut déconnecter d'un jour à l'autre, d'un moment à l'autre et puis aller à nouveau mieux ... Pauvre Louise !
Mercredi, je fais un remplacement au salon de coiffure.
Une de mes clientes s'endort, fortement penchée en avant. Elles s'endorment souvent, mais leur tête reste généralement accessible. À plusieurs reprises, je la redresse. Elle ouvre à peine les yeux et sans un mot repique du nez illico. Pas facile de mettre des bigoudis sur une tête qui plonge en avant, quasiment sur les genoux. Comment vais-je la mettre sous le séchoir ? L'autre bénévole propose de la laisser en attente, mais je crains qu'elle ne tombe carrément de sa chaise. Une infirmière arrive et nous lui demandons de reconduire la personne à son étage. Les infirmières s'occuperont de la suite des opération.
Je ramène une résidente à sa section. Celle des personnes les plus atteintes mentalement. Dans la pièce commune, une autre résidente, Marie-Thérèse, se lamente. Me voyant, elle m'interpelle. Son regard est suppliant. Je l'écoute, mais ne comprend quasiment rien de ce qu'elle baragouine. Les seuls mots que je saisi et qui reviennent tout au long de son "discours" sont "je ne sais pas." Je comprends qu'elle est complètement perdue. La dame assise à côté d'elle me dit : "C'est triste !" Il y a quelques mois encore, Marie-Thérèse circulait et gênait beaucoup les autres en débarquant intempestivement dans leur chambre et en se mêlant de tout. Son tempérament donnait aussi du fil à retordre au personnel. Maintenant, la voilà coincée dans une chaise roulante, l'esprit chaviré. Je lui dis : "Ce n'est rien, tu peux rester ici tranquillement à regarder la télé. On viendra te chercher quand ce sera le moment." - "C'est vrai ?" - "Oui, ne t'inquiète pas, et quelqu'un viendra voir si tu n'as besoin de rien." - " Ah, bon, merci !" Elle se laisse aller contre le dossier de son fauteuil. Je m'en vais, contente d'avoir trouvé les mots qui la calme. Pour combien de temps, je ne me fais pas d'illusion. Arrivée au bout du couloir, qui fait 20 à 30 mètres, je l'entends qui recommence à appeler ... Pauvre Marie-Thérèse !
Heureusement, il y a des choses plus agréables. Ainsi, en passant devant la cafétéria, j'entends de la musique. Des résidents assis en demi cercle pratiquent la "danse assise" dirigée par une animatrice. Il s'agit de mouvements lents, sur fond de musique. Certains participent parce qu'on les y encouragent, pour les faire bouger, mais d'autres aiment bien et se réjouissent de cette récréation. Au milieu, une dame dormait !
Il y a aussi quelques personnes qui blaguent ou qui sont tout simplement marrantes. Je pense à l'une d'entre elles. Une dame. Régulièrement, quand elle est là, il y a de l'ambiance ! Résidents, personnel salarié ou bénévole, visiteurs, tout le monde rigole !
19:37 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (15)
11/02/2015
Energie
Après sa première séance, ma fille disait que sa colère était partie. Quelques jours plus tard, l'effet positif avait disparu. Plus tard encore, elle estimait que sa colère était quand même moins forte qu'avant. Mais le côté positif, c'est qu'elle avait beaucoup d'énergie. Et je dois dire qu'elle s'active. Pendant que Bébichon était chez moi il y a une semaine, elle a recouvert de papier peint la partie du mur à la tête de lit qui gardait la trace de coups de pied donnés par XY au ras de sa tête. Elle a aussi complètement débarrassé sa chambre de toutes les boîtes contenant des effets destinés à être vendus. Ça lui aurait fait du bien au portefeuille, mais elle a finalement bazardé tout ce qui est vestimentaire dans un conteneur à vêtements. Le reste ira dans sa cave pour une prochaine brocante que nous feront ensemble cet été. Elle a par ailleurs enfin mis son nom sur la sonnette de son appartement. Ce n'est pas insignifiant symboliquement. Elle se réapproprie son espace et en efface les souvenirs négatifs.
Sa deuxième séance a eu lieu hier. Comme elle le fait d'habitude, elle m'en parle sans que je la sollicite, mais je remarque qu'elle est beaucoup plus vague cette fois. Peut-être la psy-machin le lui a-t-elle conseillé ? Je ne pose aucune question. Je reviens cependant à cette histoire d'autorité me concernant, puisque j'ai demandé entretemps à ma fille cadette ce qu'elle en pensait. Cette dernière me dit que je ne le suis pas. Elle-même se trouve autoritaire en revanche, ce qui est aussi mon avis. Bref ! Ma fille aînée qui ne me trouvait pas autoritaire jusqu'à cette séance avec la psy, est plus mitigée maintenant. "Quand même, vu que ton jugement a tant d'importance pour moi !" Je lui réponds que l'importance qu'on accorde à un jugement n'est forcément dû à l'autorité de la personne. Elle acquiesce.
Du côté de Bébichon, c'est très bizarre. Quand ma fille est partie à sa réunion, il a pleuré à chaudes larmes, comme il ne le faisait plus depuis longtemps. Il a continué longtemps après son départ en psalmodiant "Mamaaann ... Mamaaann ... Mamaaann ... Je l'ai réconforté doucement en paroles et en câlin, mais sans succès et finalement je l'ai laissé pleurer. N'est-ce pas bon d'exprimer son chagrin jusqu'au bout ? Il a fait pareil au moment de se coucher. Sauf que quand je lui ai proposé une histoire, il s'est calmé immédiatement, a choisi le livre et s'est endormi dans les minutes qui ont suivi le début de l'histoire.
12:29 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (26)