24/11/2020
Ma fille au plus bas
Mercredi dernier, j'envisageais de faire à nouveau une balade avec ma fille aînée et son fils. Mais la météo n'était pas encourageante et moi pas très courageuse. J'ai donc reporté au WE.
Le samedi, je n'étais toujours pas en forme. J'ai reporté au dimanche. J'ai fait une sieste de 3 heures. Au réveil, après avoir pris un petit en-cas, j'ai commencé à avoir des vertiges. Je titubais littéralement. J'ai fini par vomir et j'ai passé le restant de la journée couchée devant la télé.
J'ai l'habitude de ce genre de crise, même si maintenant elles se font rares. Celle-ci était différente des autres. Etait-ce une réaction au message que ma fille m'avait envoyé le matin-même ? Je lui demandais si elle avait réfléchi à un nouveau travail. Elle m'avait répondu : "Je t'enverrai mon idée plus tard." Elle avait donc une idée ? Au lieu de me réjouir, j'ai craint le pire, vu la dernière "idée" sublime dont elle m'avait fait part à la fin du mois d'août et qui m'avait mise hors de moi. Du coup, je n'avais pas vraiment envie d'entendre ce qu'elle projetait. Je restais pourtant capable de me raisonner et d'envisager qu'il s'agisse de tout autre chose. J'aurais peut-être une bonne surprise ? Mais mon corps s'est désolidarisé de ma raison. J'ai eu une crise d'angoisse, suivie d'une grosse fatigue et de la crise que je viens de raconter.
Le lendemain, je me suis sentie un peu mieux, mais je n'avais toujours pas envie de me promener. Ni de savoir ... Et comme le temps était maussade, j'ai encore annulé la promenade, mais j'ai fini par lui demander par texto en quoi consistait l'idée ? Je préférais l'apprendre de loin que d'y être confrontée frontalement.
Finalement, l'idée ne concernait pas son avenir professionnel. Il y avait eu quiproquo. Elle parlait d'un endroit de balade. Comme quoi je me suis fais du souci pour rien. Enfin, pour rien c'est beaucoup dire car la vérité n'est sans doute pas plus réjouissante.
Je savais que de l'empêcher de parler de ses sujets favoris serait très frustrant pour elle, vu qu'elle ne parlait quasi plus que de ça. Elle me l'a confirmé dans un mail disant qu'elle ne s'était jamais sentie aussi seule dans la vie. Que son père lui manquait terriblement car elle croit que lui l'aurait comprise. Ce sont maintenant de parfaits inconnus qui la soutiennent, qui lui remontent le moral (des complotistes sur internet). Sous-entendu, pas sa famille. Elle voudrait que je comprenne que vu ce qui se trame dans le monde, c'est difficile pour elle de parler "de tout et de rien".
Ce mail m'attriste, mais me met en colère aussi. Donc, si je ne la soutiens pas dans son complotisme, je ne la soutiens pas du tout ? Son père la comprendrait ? Le connaissant, je l'imagine plutôt la traiter de malade. Je sais bien que c'est un cri de détresse qu'elle lance et son père (idéalisé vu qu'il est mort) un refuge.
Je lui réponds que pourtant je suis là. Je l'ai toujours été. Je lui explique que mon idée en lui proposant des balades, c'est de la reconnecter à la vraie vie, à la nature, à son corps, etc. Je lui demande comment je peux la soutenir. Si c'est en l'écoutant parler encore et encore de complots ? Et quelques autres questions par exemple au sujet du dégoût qu'elle ressent, de la colère et de l'espoir. Et je lui demande si elle ne croit pas devoir se faire aider par un ou une professionnelle.
Dans sa réponse, elle n'y tient plus et reparle des informations mensongères, des vaccins qui vont modifier notre ADN, de la lutte pour nos libertés, etc
Moi, je me tiens à ma ligne de conduite. Je ne réponds à rien qui touche au sujet tabou. Même si parfois je me demande si je fais bien.
Je constate alors qu'elle n'a répondu presque à aucune question et lui en fait part. Elle me répond : "Heuuu, je croyais que j'avais répondu." Et du coup, elle me répond, point par point. Ce qui est assez interpellant, c'est que j'ai posé 13 questions. Elle n'a répondu qu'à 3 d'entre elles. Mais le plus sidérant, c'est que les seules réponses qu'elle m'ait faites se rapportent aux complots ! Les 10 autres ne semblent même pas avoir effleuré son esprit. Comme si ça n'existait pas !
Mais j'ai une bonne nouvelle. Enfin, il y a aussi du moche là-dedans. N'empêche ! Un espoir d'éclaircie ... dans une prochaine note ...
23:19 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (6)
10/11/2020
1:29:39 !!!
C'est le temps de notre communication téléphonique de ce matin. Ma fille a parlé de son fils, de ses voisins, de son non-retour au boulot, de son allergie, de sa sœur, du site qu'elle voudrait ouvrir. Elle n'a pas parlé du contenu dudit site (diffuser sa nouvelle vision de la "vérité"), seulement de l'aspect technique. Elle a évoqué Trump, mais sans s'y arrêter vraiment. Je l'ai laissé dire. Elle m'a demandé qui était la personne avec laquelle elle avait échangé sur mon compte facebook (dialogue au sujet de l'élection de Donald Trump, qu'elle avait interrompu au dernier argument de la personne en question, tiens, tiens !) Vers la fin, par contre, elle m'a demandé si j'avais vu les photos qui "prouvent" la fraude électorale : "Est-ce qu'ils les ont montrées à la télé ?" La question visait à mettre en lumière la malhonnêteté intellectuelle des médias classiques. Je lui ai d'abord répondu qu'au journal télévisé il en avait été question, mais qu'on ne montrait pas forcément tout. Erreur de ma part. Je répondais à un sujet polémique "interdit" par moi-même. Je me suis vite rattrapée : "Mais j'avais demandé qu'on n'en parle plus." Elle a rit : "Ah oui, c'est vrai !"
Ma curiosité a malgré tout été piquée au vif. Car je dois dire qu'une question me vient régulièrement quand elle me parle : "Et s'il y avait du vrai dans tout ça ?" Je suis allée voir ce qu'il en était. Et j'ai trouvé qu'il s'agissait d'anciens documents datant des élections précédentes. Que les photos avaient été postées sur tweeter et supprimées rapidement, mais qu'elles avaient eu le temps d'être vues et relayées abondamment. J'ai réfléchi. Je n'ai pas mis longtemps à estimer que ces explications ne conviendraient pas à ma fille. Elle allait me dire que c'était fake, que tweeter fait partie du complot ou que le site prétendant qu'il s'agissait d'une intox était à la solde des démocrates. Peut-être même des Illuminati. Je rigole. Elle n'a jusqu'à présent pas fait de lien de ce genre. Par contre, elle m'a affirmé un jour que les Illuminati existaient bel et bien. Bref, elle trouverait bien une contre-explication. Je me suis sentie plus calme. J'avais besoin de vérifier si ce n'est pas moi qui me laisse embobiner, mais je n'étais pas frustrée en ne rétorquant pas.
23:08 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (21)
09/11/2020
Comment réagir ?!
Hier matin, quand on a appris le résultat des élections américaines, j'ai eu très envie de poster quelque chose sur facebook à ce sujet. En même temps, je ne voulais pas provoquer ma fille aînée ni lui faire de peine. Je refusais les "bon débarras" ou les "ouf, quel soulagement !" Puis j'ai entendu à la radio quelqu'un qui avait publié une phrase qui m'a inspirée. Je l'ai adaptée à ma sauce : " Bonjour Monsieur Biden, je ne sais pas ce que vous réussirez à faire durant ce mandat, mais je vous souhaite beaucoup de courage dans ce monde en folie !" En guise d'illustration, j'ai choisi une photo où Joe écarte les mains en signe d'ouverture (plutôt que le poing levé). Cela me semblait être suffisamment neutre pour ne pas donner lieu à polémique. Ce n'était ni spécialement pour Biden, ni contre Trump.
Ma fille aînée avait déclaré respecter ma demande de ne plus me parler ni de Trump ni des complots. Je ne pensais donc pas qu'elle réagirait à ma publication. Mais elle l'a fait : "La nomination de Biden ne sera pas officielle avant le 14 décembre, actuellement c’est la période des recours comme le stipule la constitution américaine." Ma première idée a été de lui dire simplement :"Je sais", sans autre commentaire. Mon mari me conseillait de ne pas réagir. Il avait raison, cela n'aurait servi à rien. Mais l'agacement ne me quittait pas. J'aurais bien eu envie de lui dire qu'il faudrait qu'elle rappelle cette règle à tous les autres chefs d'Etat qui ont félicité Joe Biden, sans attendre le 14 décembre, eux. Ils ne doivent pas être au courant que des recours sont possibles ! Là, je deviens ironique et je sais que ça ne ferait qu'envenimer les choses. Je me tais donc.
Tout à coup, je m'aperçois qu'une ancienne copine de classe qui habite aux Etats-Unis lui répond : "Trump peut essayer, mais il y a trop d’écart, il ne pourra rien faire." Ma fille de répondre :" Peut-être bien mais rien n’est sûr. L’avenir nous le dira. Voir scénario en 2000 avec Bush vs Gore." Ma copine: " Mais c’était différent ! Il n’y avait que 500 votes de différence et cette fois ci, il y en a 4 millions. Il fait l’enfant gâté !" Ouille ! Comment va-t-elle réagir maintenant ?
En tout cas, elle en a appris des choses sur les élections américaines ! Elle qui la semaine dernière ne savait même pas qu'on avait un nouveau premier ministre en Belgique, ni que Sophie Wilmès, qui a dû gérer le coronavirus avant lui, était première ministre du gouvernement intérimaire.
14:12 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (5)