11/06/2013
La vie après une relation toxique
Ma fille n'a jamais eu de problèmes pour rencontrer des hommes. Ça, c'était avant XY. Maintenant les perspectives sont différentes. Quelque chose en elle est bloqué. Pas détruit, j'espère. Des opportunités se sont présentées, mais n'ont pas abouti. Devenue trop méfiante et tournée essentiellement vers son fils, après quelques prémisses, les hommes intéressés ont été rembarrés de l'une ou l'autre façon.
Côté amitié, en revanche, son réseau s'élargit de plus en plus. Elle avait gardé deux amies. Elle voyait très peu l'une, mais beaucoup l'autre, qui était aussi une voisine. C'est cette dernière qui vient chez elle tous les vendredis soir. Elle a aussi renoué avec d'anciennes copines de classe, grâce à facebook. Une amie très proche avec qui elle avait rompu à cause de XY et de façon pas très glorieuse n'a pas répondu à ses sms d'excuses. Elle lui en voulait trop. Cependant, un jour, elle s'est retrouvée en voiture derrière ma fille sur la route. Elle l'a interpellée. Elles se sont arrêtées et sont tombées dans les bras l'une de l'autre. Entretemps, cette fille s'est liée quasi fusionnellement avec une autre et a beaucoup changé. La connivence avec ma fille n'est donc plus la même qu'auparavant, mais cela reste une bonne amie.
Et voilà qu'à présent elle retrouve une très bonne copine d'école qu'elle croyait fâchée et vice-versa. Cette jeune femme, mère de trois enfants, est active dans le domaine du spectacle. Elle a invité ma fille à une répétition à laquelle participaient d'anciennes connaissance, pendant que je gardais Bébichon. Elle est revenue enchantée !
Elle s'est aussi engagée dans plusieurs domaines. Elle fait maintenant partie du comité de gestion de la crèche où était accueilli Bébichon et a accepté la présidence des co-propriétaires de son immeuble. Ce dernier poste lui cause déjà pas mal de soucis vu que c'est chez elle qu'aboutissent les plaintes de tout ordre. Mais apparemment, ça la stimule.
Tout cela ne peut faire que le plus grand bien à ma fille et l'aider à combler et gérer sa solitude et à se sentir socialement utile ...
08:17 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (8)
06/06/2013
Pas de bricolage aujourd'hui. Tout le monde au jardin ...
Il fait beau ! On va conduire tous les résidents prendre l'air dans le jardin de la maison de retraite.
Maria, Louise, Jeanne, Louis ... J'ai du mal à me rappeler le nom des résidents. Il faut dire que je n'y vais qu'une fois par semaine et que ce ne sont pas toujours les mêmes que je rencontre. En plus, des Maria, Louise et Jeanne, il y en a par poignées. Alors cette fois, j'étais fière de montrer à Jenny que je me souvenais de son nom. Elle me regarde et me fait non de la tête. Ah bon, je me suis donc trompée ? J'étais sûre pourtant. Comment vous appelez-vous alors ? Elle me donne son nom de famille. Deux autres se tournent vers moi et me disent qu'elle se prénomme effectivement Jenny. L'une d'elle ajoute, sans trop s'embarasser si la Jenny en question l'entend : "Elle perd un peu la tête !" Il est vrai que la dernière fois, lorsqu'il était question de tricoter, Jenny s'y est mise et puis, au bout d'un temps, elle a tout défait, sans raison, comme une vie que l'on détricote ...
J'ai aussi retenu le nom de Pélagie car il est quand même un peu spécial. En plus, la dernière fois, elle m'avait paru bien éveillée, joyeuse et positive. Elle disait en riant que c'était un prénom de riche. Mais Pélagie aime les cancans. Elle baisse le ton pour me raconter d'un air de conspiratrice, que le mari d'une certaine résidente a une autre femme dans sa vie. Mais bien sûr, elle ne le lui révèlera pas car ça se retournerait contre elle. Elle essaie de me garder près d'elle. Mon écoute semble l'intéresser. Mais je lui explique que je vais aller chercher d'autres personnes pour qu'elles profitent aussi du jardin. De plus, Pélagie a ses humeurs. Elle s'assied à côté d'une autre dame et se met à lui parler. L'autre, ne réalisant pas qu'elle s'adresse à elle, ne lui répond pas. Pélagie insiste, puis se met à rouspéter. Elle ne supporte pas qu'on ne réponde pas à sa convivialité. L'autre finit par comprendre qu'elle est interpellée, se rend compte qu'on lui fait des reproches et rétorque. "Si tu n'es pas bien ici, tu n'as qu'à t'asseoir ailleurs !" Pélagie ronchonne. Ambiance ! ...
Je suggère de chanter. L'animatrice trouve que c'est une bonne idée et va chercher les livrets de chants. Louise connaît encore toutes les paroles et chante de bon cœur. Pourtant, quand la responsable lui demande comment elle a appris tous ces chants, elle se met à pleurer en évoquant certains souvenirs. L'animatrice la console gentiment et l'encourage à chanter encore, ce qu'elle fait.
Gaby chante aussi très bien les paroles. La justesse, en revanche, n'est pas au rendez-vous. Gaby n'a plus l'usage de ses jambes, mais la tête fonctionne encore bien et elle est moins sourde que la moyenne des résidents...
Louis est sympa. Il rigole. Il blague. Il sait ce qu'il veut. Et aussi ce qu'il ne veut pas. "Louis, tu veux t'asseoir près de nous ?" - "Non". "Louis, tu veux de l'eau ?" - "Non, l'eau c'est pour les poissons. Je voudrais un coca." Et puis Louis agace un peu les autres. Emerance notamment, ne supporte pas quand il parle fort ou qu'il tapote sa tablette. Elle hausse le ton : "Arrête !" Louis n'en a rien à faire. "Embêtant !" Louis ne s'offusque pas, mais continue de faire du bruit. Il faut le lui demander gentiment. Alors il sourit et s'arrête. Enfin, peut-être pas toujours ...
Jeanne tend les bras vers moi, comme pour me demander quelque chose. Je m'approche et lui demande ce qu'elle souhaite. Comme elle n'arrive pas à s'exprimer, je lui demande si elle se trouve bien là, si elle n'a pas trop chaud ou trop froid. Peut-être préfèrerait-elle être ailleurs ? Elle me regarde, l'air égaré. Ses réponses sont vagues et plutôt négatives. Comme elle a les mains tendues, je lui en prend une et elle ne me lâche plus. Elle agrippe même la deuxième. Je les lui laisse un long moment. De temps en temps, elle observe mes mains et les manipule comme si c'étaient des objets. Quand je fais mine de les retirer, elle me retient et dit que je ne peux pas partir. L'animatrice m'explique qu'il lui arrive d'être agitée et qu'effectivement un contact humain la calme. Je verrai par la suite qu'elle s'accroche aussi aux mains d'autres personnes. C'est triste et en même temps, c'est bon de voir qu'on peut apporter un petit rien de bien-être à certaines personnes ...
23:08 Publié dans Maison de retraite | Lien permanent | Commentaires (35)
05/06/2013
Brutal ou violent, voilà le contexte
Nous sommes en WE à la mer. L'idée est de fêter le 60ème anniversaire de mon mari. Ma fille cadette vient nous rejoindre en milieu de matinée, avec mari et enfants. Ma fille aînée arrive en fin d'après-midi car elle avait voulu assister au spectacle réalisé par les classes de l'école de Bébichon. Ceci pour le contexte.
Elle arrive tout sourire, avant de m'expliquer à quel point ils l'avaient saoulée à l'accueil, alors qu'elle était déjà énervée par Bébichon. Elle me racontera par la suite qu'elle avait tenu à faire bonne figure pour montrer qu'elle était ravie de se retrouver en famille, mais qu'elle avait eu besoin de se soulager de n'avoir pas été accueillie comme elle l'aurait voulu.
Ces derniers temps, c'est moi que ça saoule de la voir toujours si énervée. Le samedi précédent c'était déjà pareil. Elle était arrivée en retard à la fête scolaire de Tifitou et Tifiouane. Pas de sa faute apparemment, cette fois. Là aussi, le prof posté à la porte lui avait fait une remarque qui lui avait déplu. Et puis la circulation ceci et les gens cela. Longuement elle a entretenu toute la famille de ses états d'âmes et de son envie de pleurer parce qu'elle avait raté le spectacle.
Elle évoque régulièrement avec moi son état nerveux. Elle sait ce qu'elle pourrait faire pour y remédier, mais elle ne le fait pas. Je ne lui jette pas la pierre. Je suis dans le même cas. Je fais du yoga depuis peu et j'ai déjà réussi à rater 2 séances sur 4. Du coup j'ai mis un point d'honneur à ne pas manquer celle d'aujourd'hui. La différence, c'est que je ne déverse rien sur les autres. C'est peut-être la raison de mes maux de tête d'ailleurs, puisque je garde tout pour moi, en tout cas sur le moment.
J'en arrive donc à ce qui m'occupe. Le lendemain, dimanche, nous partons avec 2 voitures vers la plage. Je suis avec mon mari et avec Bébichon dans la voiture de ma fille aînée. Nous mangeons sur la digue, puis nous allons sur la plage avec les enfants qui s'amusent dans le sable et les pieds dans l'eau. Ensuite, nous allons prendre un verre, toujours sur la plage, là où les grands jouent sur le trampolin et Bébichon s'amuse dans les petites maisons destinées aux petits.
Tout se passe donc parfaitement bien. Tout le monde est content et détendu. Nous voulons reprendre la voiture pour retourner au domaine de vacances. C'est là que les choses dégénèrent en quelques minutes. Bébichon ne veut pas partir. Ma fille lui explique ce qu'on va faire, que tout le monde sera là et qu'il pourra donc jouer avec ses cousins, avec les ballons, mais Bébichon ne veut rien savoir. Elle veut l'asseoir dans son siège de voiture, mais il se met à hurler et tout son corps se raidit. Je peux vous assurer qu'un enfant en colère, il faudrait s'y mettre à 4 pour le "plier" au niveau des hanches et lui passer la ceinture de sécurité de force. Ma fille essaye encore de l'amadouer, mais rien à faire. Alors, brusquement, elle perd patience. Elle le relève et le dépose brutalement par terre, dans la voiture (sans lui faire mal). Lui se précipite vers la sortie et pose sa main dans la fermeture de porte au moment où ma fille veut claquer celle-ci pour qu'il reste à l'intérieur. Heureusement, elle a le temps de retenir la porte, enlève la main de Bébichon et le repousse. Voir cette petite main à 2 doigts (c'est le cas de le dire) de se faire écraser me met dans un état ! Je sens l'intensité du stress de ma fille et veut intervenir pour qu'elle puisse aller se calmer plus loin pendant que je m'occupe de son fils. Elle ne me laisse pas faire, maintient Bébichon dans la voiture, se retire et claque la porte.
Bébichon, sentant qu'il n'obtiendra pas gain de cause cette fois, se calme quasi instantanément. Moi pas. Ni ma fille. Elle le remet ensuite dans son siège. Il se laisse faire. Nous repartons dans une ambiance glacée. Je me tais. Elle commence à justifier le fait de l'avoir fait descendre de son siège pour éviter qu'il ne tombe. Je lui explique que je n'ai rien contre aucun des actes qu'elle a posés, mais que je suis effrayée par la violence qu'ils contenaient. C'est là qu'elle me dit que ça peut paraître brutal, mais que ce n'est pas violent. Je lui réponds que je ne vois pas la différence entre les 2 termes, mais que pour moi, c'est violent. Elle maintient l'adéquation de son attitude. Il est vrai que son fils s'est calmé immédiatement. Je lui dis que la maîtrise dont elle se dit capable est tellement limite qu'un jour, la main de Bébichon sera écrasée par la porte de la voiture. Il faut dire qu'elle me raconte souvent, à d'autres occasions, qu'il l'a tellement énervée qu'elle doit quitter la pièce pour se calmer, pour ne pas s'en prendre à lui. Je conclus en disant que si elle trouve que tout est bien comme ça, que c'est comme ça que ça doit marcher, on n'en parle plus. Moi, ce qui m'effraie, c'est l'état dans lequel elle se met. Surtout qu'il n'y avait aucune raison extérieure de stresser. Il ne s'agissait pas d'être pressée d'aller travailler ou quoi que ce soit d'autre. Nous avions tout le temps et personne n'était impatient.
Savoir s'il s'agit de brutalité ou de violence importe finalement peu dans l'affaire. Ça m'intéresse toujours d'avoir votre avis sur le vocabulaire, mais ça ne change rien au fait que je trouve qu'elle est bien trop énervée et que ça risque de tourner mal un jour.
13:36 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (43)