Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/11/2018

Promenade et bavardage

Picolo adore papoter. Je me souviens qu'un jour nous nous promenions, lui et moi, tout en bavardant de tout et de rien. Surtout lui. Un moment donné, nous croisons un groupe de personnes plus âgées qui avançaient tout en bavardant. Il les a regardées, puis s'est exclamé : "Si on faisait comme ces gens, qui bavardent en marchant ?" Moi, étonnée : "Mais, n'est-ce pas déjà ce qu'on fait ?" Je me suis toujours demandée ce qu'il avait trouvé de plus intéressant chez ces gens qui parlaient en marchant alors qu'on faisait la même chose. Sauf que dans notre cas, c'est surtout lui qui parlait, moi très peu. Peut-être que c'était moins équilibré que ce qu'il aurait voulu.

Lors de notre dernière promenade, il y a quelques jours.

- Mamy, tu sais qui je préfère dans la famille ?

- Maman bien sûr ! (ma fille aînée)

- Oui, et après ?

- Titou ? (son cousin)

- Non, c'est toi.

- Ah bon ? (Je n'étais pas si étonnée que ça puisque ma fille m'avait dit il y a peu qu'il m'aimait autant qu'elle. Wouaw, là, ça m'avait surprise !)

- Et après, c'est Papy, Titou, Tiouane, Laly et Mika (mes 2 chiens, sur un pied d'égalité), Vanille (le chien de ma fille cadette), Marraine (ma fille cadette) et Tonton (son ex mari). Mais Tonton ce n'est pas vraiment de la famille puisqu'il a quitté marraine.

- Mais ça ne change rien, ça reste ton tonton.

- Ah oui, il y a aussi mon frère, mais je ne l'ai jamais vu.

- Mais si tu l'as vu une fois, tu ne te souviens pas ?

- Si.

Mes chiens qui font partie de la famille et qui passent avant ma fille cadette dans l'ordre de préférence ! Ça m'a fait rire, même si cela a un côté un peu triste quand on y pense ! Je ne lui dirai pas, bien que ça ne l'étonnerait sans doute pas outre mesure. Le courant ne passe pas très bien entre ces deux-là ! Ce n'est pas la faute de Picolo. C'est la façon dont il est éduqué qui exaspère ma fille cadette. Ce qui n'est pas sa faute à lui.

31/05/2018

Ma place

Je n'écris plus beaucoup ici. Ma thérapie prend toute la place dans ma tête. J'ai 2 séances par semaine que je retranscris par la suite. C'est déjà un bel exercice d'écriture. Un exercice analytique aussi. En effet, je découvre parfois des pistes en les retranscrivant. Difficile d'en parler sur mon blog. Y a trop. Trop intime aussi.

Est-ce que pour autant mon gros symptôme s'estompe, bouge, régresse ? Pas du tout. Ce serait désespérant s'il n'y avait pas le reste. Les diverses conscientisations, notamment mon éternel sentiment de culpabilité, de ne jamais en faire assez, ni assez bien. Le respect de mes choix de vie, de ma manière de vivre, par moi-même d'abord, par mon mari aussi. L'histoire de mon manque d'auto-respect. L'importance castratrice du regard des autres quand il est négatif. La peur. Et là derrière, tout ce qui m'a construit ainsi. Le plus impressionnant a été de découvrir pourquoi j'ai été amenée à devenir tutrice MENA (mineur étranger non accompagné).

Ce qui m'aide aussi beaucoup, c'est mon nouveau regard sur ma relation avec mes filles et mes petits-enfants. Blanche est psychanalyste, mais aussi formatrice à la fondation Dolto à Bruxelles. En analyse, elle ne donne pas d'avis. Un jour, je lui en ai demandé un. Elle m'a dit : "Mais vous, qu'est-ce que vous en pensez ?" En revanche, quand je parle de mes petits-enfants et même de mes filles, elle se permet des conseils. Et ça m'arrange bien. Ainsi, hier, je lui parlais de Picolo (ex-Bébichon). Ma fille me l'avait amené malade. Il avait mal au ventre. Elle était sûre qu'il allait vomir et que ça irait mieux après. Mais Picolo n'avait pas envie de vomir. Il avait seulement mal au ventre et un air fatigué. Je lui avais proposé de se reposer un peu dans le canapé. Il s'y était assis en tailleur et au bout d'un temps, il me dit :"C'est drôle Mamy, quand je suis chez toi, je vais toujours mieux". Il a fini par se coucher et dormir une bonne heure et demie. Au réveil, tout souriant, il annonce qu'il va bien.

En fin de journée, quand ma fille vient le rechercher, Picolo lui déclare que c'est grâce à moi qu'il est guéri parce que je lui ai conseillé de se reposer et qu'après, il s'est senti bien. Je fais un petit compte rendu de la journée (bien mangé, pas vomi, pas de fièvre, exercices de calcul avec Papy et de lecture avec mamy...). Elle en conclu qu'il a dû souffrir de stress. Mais quel stress ? La veille, une surveillante l'avait grondé parce qu'il avait bâclé la deuxième partie de son devoir de calcul. Elle l'avait fait recommencer et privé de récréation. Ma fille comptait lui demander de ne plus intervenir si son travail était mal fait. Qu'elle s'en occuperait elle-même. Je me demandais ce que j'aurais fait moi-même. Je pense que je n'aurais rien fait dans un premier temps, vu que c'est la première fois que ça arrive et je me demandais si une intervention ne serait pas de la surprotection. Blanche me dit de laisser gérer cet aspect par ma fille. De m'en tenir, comme je l'ai fait, à mon rôle de Mamy. De "garder ma place". Elle ne peut cependant s'empêcher de critiquer l'accueillante qui, selon elle est là pour veiller à ce que tout se passe bien, mais que l'aspect purement scolaire (les devoirs) est du ressort de l'institutrice et des parents. Elle m'informe aussi qu'en principe, les écoles ne sont pas autorisées à donner du travail aux enfants en 1er et 2ème année et que pourtant beaucoup le font. C'est une bonne chose à savoir. Je demande aussi comment armer, soutenir un enfant qui subit ce genre de frustration ? Comment soulager cette somatisation ? Elle me répond que Picolo est un enfant sensible. Qu'un enfant a besoin de bases solides, d'être valorisé et que dans son cas, il souffre de l'absence de père. Ma fille doit jouer les 2 rôles, ce qui n'est pas facile.

Ce qui m'a valorisée, moi, c'est l'enthousiasme de Blanche quant aux réflexions de Picolo à mon sujet. "Vous vous rendez-compte, il trouve chez vous un havre de sécurité (j'ajouterais "et de bienveillance") et vient se guérir chez vous ! Ce n'est pas formidable ça ?"

04/10/2017

Picolo a quitté ma fille !

Picolo commence à sortir de son hyper attachement à ma fille. Il va à l'école sans rechigner. Il ne lui demande plus systématiquement de venir le chercher le plus tôt possible. Il n'aime pas trop son institutrice, mais ne s'en plaint plus. Il est inscrit à 2 activités extra-scolaires qui lui plaisent (jusqu'à présent). Il ne pleure plus quand je vais le garder parce qu'elle doit assister à une réunion le soir.

À quoi est dû ce changement ? Je pense que cela vient notamment du fait que ma fille a commencé elle-même une activité scoute au sein de l'unité de Picolo. Elle fait maintenant partie de ce qu'ils appellent "le clan". Il s'agit d'un groupe de parents organisateurs. Elle adore ça. Elle vient d'être nommée chef en plus ! Comme elle est très motivée, Picolo sent qu'elle a une vie en-dehors de lui. Une vie qu'elle choisit et non qu'elle subit, comme l'obligation de travailler pour subvenir à leurs besoins. Je crois que ça va aider à la dé-fusion mère-fils.

Ce WE, d'ailleurs, il y a eu un "drame de rupture" ! Ma fille s'est énervée contre lui. Il s'est fâché, disant qu'il ne voulait plus d'elle comme maman. Qu'il ne voulait plus vivre avec elle. Elle lui a dit que c'était une bonne idée ! Et il a pris la porte !!! Elle était si énervée qu'elle l'a laissé faire. Elle s'est quand même un peu inquiétée se demandant si elle n'allait pas le voir passer dans la rue, devant l'immeuble. Puis elle a entendu la porte d'entrée se rouvrir. Il était resté dans le hall des ascenseurs. Il lui a tendu les bras en disant : "Câlin ?" Ils se sont enlacés. Il lui a assuré qu'il ne voulait pas d'une autre maman. Et elle lui a dit qu'elle ne voulait pas non plus qu'il parte. Qu'elle avait dit ça parce qu'elle était fâchée. Il a ajouté :"Et puis, où est-ce que j'irais dormir ? Dans la poubelle ?" Ils ont ri.

J'imagine déjà comment ça va se passer quand il sera adolescent ...