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18/01/2019

Le point

Steph me demande de faire une note sur la situation de ma fille ainée et de son fils. Pourquoi pas ? C'est l'occasion de faire le point pour moi-même.

Picolo a 8 ans et demi maintenant. Il fut un temps, quand il était en conflit avec ma fille, il la menaçait de la "dénoncer" à son papa, alors qu'il ne sait même pas où il habite et ne le voit jamais. Il l'accusait d'être "méchante" parce qu'il ne pouvait pas faire absolument tout ce qu'il voulait. Il sentait bien par quel moyen il pouvait la toucher. Il y a aussi eu une période où il inventait des histoires. "C'est mon papa qui a arrangé ma chambre" ... "Mon papa m'a fait à manger" ... Au point que mon mari se demandait si ma fille n'avait pas repris contact avec le fameux XY. Moi j'ai vite compris qu'il fantasmait. Il s'inventait un gentil papa qui prenait soin de lui.

Tout ceci est loin. Il ne parle plus de son papa. Cela ne signifie pas, bien entendu, qu'il n'y pense plus, qu'il ne souffre plus de la situation. Les dernières choses qu'il ait dites à ce propos c'est, en voyant une publicité où un papa porte un petit garçon sur les épaules : "OOhhh, tu vois, c'est ça que j'aimerais bien." Ça m'a fendu le cœur !" et puis, il n'y a pas longtemps : "Au fond, je n'ai pas besoin d'un papa. J'ai Papy."

En ce qui concerne la relation à sa maman, il y a eu la période d'hyper-attachement, l'année dernière, où il ne voulait pas la quitter d'un pouce. C'était la croix et la bannière, y compris pour venir chez moi ou pour aller à l'école. Il faisait du reflux dû à l'anxiété. Ça va beaucoup mieux actuellement, quoique ces derniers temps les problèmes d'acidité sont revenus, heureusement de façon plus modérée, ainsi que les cauchemars. Plus petit, il faisait de terribles terreurs nocturnes.

Ce qui n'est pas réglé, c'est le moment du coucher. Pendant des années, ma fille l'a laissé s'endormir dans le canapé, devant une vidéo. Quand il était endormi, elle le changeait et le portait dans son lit. Je pense même qu'un moment donné elle ne le changeait pas. Maintenant il est devenu carrément trop lourd. Donc, elle le met au lit et se couche près de lui jusqu'à ce qu'il soit endormi. Je l'ai appris il n'y a pas longtemps. J'en ai parlé à ma psy. Elle est aussi spécialiste pour enfants, dans la mouvance Françoise Dolto. Donc, dans ce domaine-là, elle ne me dit pas de ne pas m'en mêler. Elle trouve que ce n'est pas sain et me suggère de trouver une façon non culpabilisante de le faire comprendre à ma fille. Qu'au moins, elle ne soit pas couchée contre lui. Qu'elle reste par exemple dans un siège à côté.

Ce qui s'est amélioré, sans être complètement réglé, c'est la difficulté qu'a ma fille à refuser ce que Picolo lui demande. Elle est très "tolérante" on va dire. Ma fille cadette dirait "laxiste". Et de plus, il n'est pas rare qu'après un refus, elle démissionne en lui accordant quand même ce qu'il demande, incapable de lui dire "non" quand il insiste. Je pense aussi que les gros pugilats entre eux ont diminué. Ou alors elle en parle moins, mais je ne crois pas.

Ce qui m'inquiète aussi, c'est la question de l'alimentation. Du choco tous les matins, à la cuiller dans une tasse. Régulièrement du choco sur les tartines de midi, du chocolat quasi à volonté, bonbons, chips, etc).

Pour moi, tout ça n'est pas facile à gérer, intérieurement, en respectant la non-ingérence par rapport à l'éducation que ma fille donne à son fils. Je sais que c'est aussi compliqué pour elle et qu'elle fait ce qu'elle peut. Ma psy m'aide dans ce domaine. Du recul, j'en ai pris beaucoup grâce à la thérapie. 

En ce qui concerne plus personnellement ma fille, après quelques déboires amoureux, elle est maintenant en relation assez intime avec un collègue. Tout ne coule pas de source, ce serait trop simple ! Il est gentil, doux, attentionné, très à l'écoute, etc. Et seul depuis 10 ans. L'homme idéal en quelque sorte. Mais (parce qu'il y a forcément un "mais") il ne veut pas s'engager. Il est clair à ce sujet. Elle insiste. Elle espère une évolution. Il y en a déjà eu, mais voilà ! Moi, je crois qu'elle essaie toujours de réparer le rejet qu'elle ressentait de la part de son père ...  L'avantage, quand même, c'est que ma fille semble plus épanouie qu'avant. Il y a longtemps qu'elle n'a pas eu de période dépressive. Et ça, c'est tout bénef !

03/11/2018

Promenade et bavardage

Picolo adore papoter. Je me souviens qu'un jour nous nous promenions, lui et moi, tout en bavardant de tout et de rien. Surtout lui. Un moment donné, nous croisons un groupe de personnes plus âgées qui avançaient tout en bavardant. Il les a regardées, puis s'est exclamé : "Si on faisait comme ces gens, qui bavardent en marchant ?" Moi, étonnée : "Mais, n'est-ce pas déjà ce qu'on fait ?" Je me suis toujours demandée ce qu'il avait trouvé de plus intéressant chez ces gens qui parlaient en marchant alors qu'on faisait la même chose. Sauf que dans notre cas, c'est surtout lui qui parlait, moi très peu. Peut-être que c'était moins équilibré que ce qu'il aurait voulu.

Lors de notre dernière promenade, il y a quelques jours.

- Mamy, tu sais qui je préfère dans la famille ?

- Maman bien sûr ! (ma fille aînée)

- Oui, et après ?

- Titou ? (son cousin)

- Non, c'est toi.

- Ah bon ? (Je n'étais pas si étonnée que ça puisque ma fille m'avait dit il y a peu qu'il m'aimait autant qu'elle. Wouaw, là, ça m'avait surprise !)

- Et après, c'est Papy, Titou, Tiouane, Laly et Mika (mes 2 chiens, sur un pied d'égalité), Vanille (le chien de ma fille cadette), Marraine (ma fille cadette) et Tonton (son ex mari). Mais Tonton ce n'est pas vraiment de la famille puisqu'il a quitté marraine.

- Mais ça ne change rien, ça reste ton tonton.

- Ah oui, il y a aussi mon frère, mais je ne l'ai jamais vu.

- Mais si tu l'as vu une fois, tu ne te souviens pas ?

- Si.

Mes chiens qui font partie de la famille et qui passent avant ma fille cadette dans l'ordre de préférence ! Ça m'a fait rire, même si cela a un côté un peu triste quand on y pense ! Je ne lui dirai pas, bien que ça ne l'étonnerait sans doute pas outre mesure. Le courant ne passe pas très bien entre ces deux-là ! Ce n'est pas la faute de Picolo. C'est la façon dont il est éduqué qui exaspère ma fille cadette. Ce qui n'est pas sa faute à lui.

31/05/2018

Ma place

Je n'écris plus beaucoup ici. Ma thérapie prend toute la place dans ma tête. J'ai 2 séances par semaine que je retranscris par la suite. C'est déjà un bel exercice d'écriture. Un exercice analytique aussi. En effet, je découvre parfois des pistes en les retranscrivant. Difficile d'en parler sur mon blog. Y a trop. Trop intime aussi.

Est-ce que pour autant mon gros symptôme s'estompe, bouge, régresse ? Pas du tout. Ce serait désespérant s'il n'y avait pas le reste. Les diverses conscientisations, notamment mon éternel sentiment de culpabilité, de ne jamais en faire assez, ni assez bien. Le respect de mes choix de vie, de ma manière de vivre, par moi-même d'abord, par mon mari aussi. L'histoire de mon manque d'auto-respect. L'importance castratrice du regard des autres quand il est négatif. La peur. Et là derrière, tout ce qui m'a construit ainsi. Le plus impressionnant a été de découvrir pourquoi j'ai été amenée à devenir tutrice MENA (mineur étranger non accompagné).

Ce qui m'aide aussi beaucoup, c'est mon nouveau regard sur ma relation avec mes filles et mes petits-enfants. Blanche est psychanalyste, mais aussi formatrice à la fondation Dolto à Bruxelles. En analyse, elle ne donne pas d'avis. Un jour, je lui en ai demandé un. Elle m'a dit : "Mais vous, qu'est-ce que vous en pensez ?" En revanche, quand je parle de mes petits-enfants et même de mes filles, elle se permet des conseils. Et ça m'arrange bien. Ainsi, hier, je lui parlais de Picolo (ex-Bébichon). Ma fille me l'avait amené malade. Il avait mal au ventre. Elle était sûre qu'il allait vomir et que ça irait mieux après. Mais Picolo n'avait pas envie de vomir. Il avait seulement mal au ventre et un air fatigué. Je lui avais proposé de se reposer un peu dans le canapé. Il s'y était assis en tailleur et au bout d'un temps, il me dit :"C'est drôle Mamy, quand je suis chez toi, je vais toujours mieux". Il a fini par se coucher et dormir une bonne heure et demie. Au réveil, tout souriant, il annonce qu'il va bien.

En fin de journée, quand ma fille vient le rechercher, Picolo lui déclare que c'est grâce à moi qu'il est guéri parce que je lui ai conseillé de se reposer et qu'après, il s'est senti bien. Je fais un petit compte rendu de la journée (bien mangé, pas vomi, pas de fièvre, exercices de calcul avec Papy et de lecture avec mamy...). Elle en conclu qu'il a dû souffrir de stress. Mais quel stress ? La veille, une surveillante l'avait grondé parce qu'il avait bâclé la deuxième partie de son devoir de calcul. Elle l'avait fait recommencer et privé de récréation. Ma fille comptait lui demander de ne plus intervenir si son travail était mal fait. Qu'elle s'en occuperait elle-même. Je me demandais ce que j'aurais fait moi-même. Je pense que je n'aurais rien fait dans un premier temps, vu que c'est la première fois que ça arrive et je me demandais si une intervention ne serait pas de la surprotection. Blanche me dit de laisser gérer cet aspect par ma fille. De m'en tenir, comme je l'ai fait, à mon rôle de Mamy. De "garder ma place". Elle ne peut cependant s'empêcher de critiquer l'accueillante qui, selon elle est là pour veiller à ce que tout se passe bien, mais que l'aspect purement scolaire (les devoirs) est du ressort de l'institutrice et des parents. Elle m'informe aussi qu'en principe, les écoles ne sont pas autorisées à donner du travail aux enfants en 1er et 2ème année et que pourtant beaucoup le font. C'est une bonne chose à savoir. Je demande aussi comment armer, soutenir un enfant qui subit ce genre de frustration ? Comment soulager cette somatisation ? Elle me répond que Picolo est un enfant sensible. Qu'un enfant a besoin de bases solides, d'être valorisé et que dans son cas, il souffre de l'absence de père. Ma fille doit jouer les 2 rôles, ce qui n'est pas facile.

Ce qui m'a valorisée, moi, c'est l'enthousiasme de Blanche quant aux réflexions de Picolo à mon sujet. "Vous vous rendez-compte, il trouve chez vous un havre de sécurité (j'ajouterais "et de bienveillance") et vient se guérir chez vous ! Ce n'est pas formidable ça ?"