27/06/2020
je suis triste pour picolo :(
Picolo doit doubler sa quatrième année primaire. Etant donné la situation particulière du confinement et le travail que nous avons fourni par skype, lui et moi, pendant 7 semaines, au rythme de 6 jours par semaine, j'espérais que l'école considèrerait qu'il peut passer en 5ème. Et bien non ! Mais le pire : il est le seul de sa classe ! Comment va-t-il ressentir les choses ? Va-t-il se sentir nul ?
Bien sûr, même si c'est dur sur le moment, même s'il perd ses copains, même s'il est le seul recalé, cela peut lui être bénéfique par la suite. Enfin, "pourrait" devrais-je dire, car selon moi il y a un gros soucis. Ma fille m'explique au téléphone toutes les raisons invoquées par le conseil de classe et le bénéfice d'un redoublement. Bien, bien ! Un moment donné elle s'exclame : "J'espère que du coup il va prendre conscience et s'y mettre." Je lui réponds que je n'y crois pas. Cette expression de "prendre conscience", elle me l'avait déjà servie il y a peu, un jour (un de plus) qu'elle en avait marre que son fils n'en fasse qu'à sa tête : "Tu vois, moi je lui explique, j'essaie toujours de lui faire prendre conscience." Aurais-je dû lui suggérer que si une même méthode pratiquée pendant 10 ans ne marchait pas, il fallait peut-être envisager d'en changer ? En tout cas, cette fois-là, je me suis tue. Et ici, elle s'exclame : "En tout cas moi, je n'ai pas le courage de me battre pour le faire travailler à la maison." J'ai pris l'habitude d'en dire le moins possible qui puisse la mettre en cause, mais là, c'est sorti tout seul : "Tu sais, si tu n'arrives pas à résoudre ce problème-là, ça n'ira jamais. Peut-être que l'année de son redoublement se passera mieux, mais dès la 5ème, il sera à nouveau perdu."
Elle s'est tue un moment. Moi : "Je suis désolée si c'est brutal, mais c'est ce que je pense." - "Oui, mais j'ai eu assez de chocs émotionnels ces derniers jours !" Un blanc. "Bon, je vais te laisser, je suis arrivée chez mon client." Je sens bien que je l'ai bousculée et qu'elle préfère arrêter la conversation. Un nouveau blanc. Elle recommence à parler quand même. Notamment de la formation psycho-motivo-machin-chose (en fait ça s'appelle "soyez extraordinaire") qu'elle suit et qui porte apparemment ses fruits. Le froid se dissipe. Nous continuons à parler encore un peu. Je l'encourage à intégrer les chocs émotionnels récents qu'elle a subis pour en faire des opportunités de travail sur soi, etc.
Voilà ! Je peux me taire souvent, mais cette fois, je n'ai pas pu. Je n'ai même pas essayé. Et je ne sais pas si c'est toujours une mauvaise chose. Parfois, l'absence de spontanéité de ma part me pèse ...
19:13 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (11)
13/04/2020
Le poids de Picolo
En même temps que j'apprenais, au téléphone, la non implication de ma fille dans le travail scolaire demandé à son fils, elle me racontait aussi qu'il grossissait. Pourtant il ne mangeait pas beaucoup, disait-elle, "supposant" que ça devait être à cause du chocolat. D'ailleurs, elle le lui avait dit : "Loulou, tu devrais faire attention à ce que tu manges car tu commences à grossir !" Comment ça !? À 9 ans, c'est lui tout seul qui devrait gérer son poids, alors que l'armoire aux friandises est archi pleine et en libre service ? C'est elle qui fait les courses, ils sont confinés ensemble, et elle ne sait pas combien il mange de chocolat ? Tout ça, je le pense, mais je reste silencieuse. Alors, elle rajoute : "Ou alors, c'est sa constitution qui est comme ça. Ça arrive hein !" Je déglutis, j'y crois pas, mais je reste stoïque.
Est-ce qu'elle pense vraiment ce qu'elle dit ? J'en doute. Et c'est ça qui m'énerve le plus. Est-ce de la mauvaise foi ou du déni ? Alors, j'entends Blanche qui me murmure à l'oreille : "C'est sûr qu'elle a une vraie difficulté à supporter la moindre frustration de son fils." Et là je me rappelle que ce problème pourrit la vie de ma fille et qu'elle se dépatouille comme elle peut. Et ma compassion refait surface, balayant mes critiques, se substituant même partiellement (ou momentanément) à mon angoisse pour la santé de son fils. Et quand Blanche me dit :"Vous ne croyez pas qu'elle sait très bien ce qu'il en est ?", une réponse surgit spontanément dans ma tête, sans que j'aie même à y réfléchir : "Mais oui, je suis sûre que dans son for intérieur, elle n'est pas persuadée d'être sur la bonne voie. Et si elle le nie, qu'elle fait semblant d'y croire, qu'elle se vante parfois de son éducation "bienveillante", c'est peut-être qu'elle craint mon jugement ? Alors je me rappelle qu'elle n'arrive tout simplement pas à faire autrement. Et ma colère s'en va, faisant place à l'empathie ...
L'empathie est un sentiment bien plus agréable à ressentir que la colère, le jugement, la critique ...
Je crois que c'est Neale Donald Walsch qui écrit dans Conversation avec Dieu, qu'il n'existe que deux émotions primaires : la peur et l'amour. Il me semble que c'est bien ce que je décris dans cette note.
18:32 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (15)
11/04/2020
Ma fille aînée et le confinement
Nots pensait que depuis ma thérapie je n'alimentais plus mon blog. C'était plus ou moins le cas. Je ne publiais plus que rarement. Cependant ces derniers temps, j'ai justement quelques sujets qui me chagrinent, me frustrent ou me choquent. Je me les raconte dans ma tête. J'imagine que je parle à Blanche ou à n'importe quelle personne compatissante. Mais les oreilles neutres et empathiques, ça ne court pas les rues. L'écoute maritale est parfois trop passive, genre "Je t'écoute, mais je pense à autre chose en même temps, ce que je nie farouchement". Ou alors la réaction n'aide pas, genre "Laisse tomber, ça ne sert à rien d'insister." Je viens donc ici en commençant par l'événement le plus ancien.
Ma fille aînée !
Cela faisait plusieurs semaines qu'elle se plaignait d'être prête à craquer. Elle n'arrivait à rien obtenir de la part de son fils. Le peu qu'elle lui demandait, il fallait qu'elle le répète 10 fois ou qu'elle se fâche. Elle avait fait un test sur le burnout parental et son score était de 8/10. En plus, elle en avait marre de son boulot. Elle n'avait aucun plaisir dans la vie, bref, tout allait mal.
Moi, je m'occupais de Picolo le mercredi. Je préparais les devoirs et les leçons pour les 2 jours suivants. On y passait une très grande partie de l'après-midi. J'ai réussi à lui faire honorablement remonter la pente. Je me sentais un peu coupable de ne pas faire plus pour ma fille, mais je n'arrivais pas à l'envisager. J'entendais Blanche me dire que je faisais déjà pas mal.
Puis est arrivé le coronavirus. Les écoles ont fermé. J'ai cru dans un premier temps que Picolo allait se retrouver chez moi. J'aurais trouvé ça lourd de m'occuper de lui tous les jours pendant 15 jours, puis encore pendant les vacances de Pâques, mais j'étais prête à le faire et j'en aurais profité pour faire des révisions. Rapidement, on nous a cependant annoncé que les enfants ne pourraient pas être gardés par les grands-parents. J'étais partagée entre le soulagement et la frustration. Puis est arrivé le confinement. Et avec lui, l'inquiétude. Ma fille allait se retrouver seule avec son fils, jour et nuit. Qu'adviendrait-il de son burnout parental ?! À ma grande surprise, son état psychologique et nerveux s'est amélioré en quelques jours. Elle travaillait de chez elle, mais n'avait pas grand-chose à faire. Son fils s'éclatait sur Tic toc et jouait en ligne avec ses copains de classe et une petite fille de son âge rencontrée sur les jeux. Plus aucune obligation, ni scolaire, ni parentale, puisque ma fille le laisse faire à peu près tout ce qu'il veut et ne lui demande rien, à part se laver, s'habiller et manger, ce qu'elle obtient avec beaucoup de mal. J'étais soulagée !
Mais une nouvelle inquiétude est arrivée. Picolo avait reçu de son instituteur, des exercices à faire et ma fille ne se bougeait pas pour qu'il s'y mette. Au bout de 10 jours, elle avait réussi à le persuader d'en faire quelques-uns en ligne. Je reprenais espoir. Mais après m'avoir annoncé qu'il en ferait tous les jours un peu, au bout de la semaine, il n'avait pas fait grand-chose. La semaine suivante encore moins. Mais il n'allait pas avoir de vacances m'affirma-t-elle. Il travaillerait tous les jours. Ben tiens ! Comment y croire ? Je n'ai jamais fait de remarque. J'ai bien compris que ça ne servait qu'à la contrarier, sans rien changer à la situation. Et Blanche m'a bien ancré dans la tête que cela pourrait être contreproductif. Mais alors, que peux faire une grand-mère ?! Pas grand-chose. Faire sa part et faire confiance, si j'ai bien compris. Mouais. Pas facile.
Comment pourrais-je "aider", de loin ? J'en avais parlé à une amie qui me suggéra de le faire travailler par skype. J'y avais bien pensé, mais je n'étais pas allée au bout de cette idée. Je n'avais pas ses cahiers, comment fallait-il installer skype, plein d'obstacles qui finalement n'étaient pas insurmontables.
Mon mari m'a installé skype et j'ai fait la proposition à ma fille. Elle a acquiescé sans enthousiasme, mais ça ne m'a pas perturbée plus que ça car je sentais que mon initiative était bonne. Elle m'a avoué plus tard que ma suggestion l'avait ramenée à sa propre incapacité, mais qu'elle était très contente que ça se fasse et qu'elle me remerciait.
Ça, ça m'a fait du bien !
19:11 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (11)