11/01/2021
Le complot pédo-sataniste mondial
Hier soir, ma fille me téléphone toute excitée : "Voilà, je te téléphone pour t'avertir que ça y est, c'est parti, ça va péter !" Je lui réponds que je m'en doute, croyant qu'elle me parle des menaces proférées par les pro-Trump de revenir armés après leur marche sur le Capitole. "Non, non, c'est pas ça. "Ils" sont en train d'arrêter le pape. On croyait que ça venait de Chine (le grand complot mondial), mais en fait, "ils" ont découvert qu'à l'origine c'était le pape. Qui aurait cru ça, il avait pourtant l'air bien ce pape. Macron aussi va tomber. Et quelqu'un aux Pays-Bas, je ne sais plus son nom. En Belgique, je n'ai rien entendu. Mais aux Etats-Unis, il y en a plein : John Travolta, Brad Pitt, Madona ... Hillary Clinton est déjà aux arrêts. Elle porte un bracelet électronique. Et Obama aussi. On l'a vu sur une vidéo, dans une barque avec Michelle."
Je suis sidérée par tout ce qu'elle me balance, sans préambule. Je sens mon cœur battre fort dans ma poitrine. J'ai l'impression qu'elle m'annonce une guerre mondiale. Mais petit à petit je reprends mes esprits : "Comment ça, Obama porte un bracelet électronique ? Et il se promène en barque à l'air libre ? Elle me donne une vague explication dont j'ai oublié le contenu. Elle continue : "Et toutes les vidéos qui diffusent ces informations sont supprimées, les unes après les autres." (sous-entendu par les corrompus qui ne veulent pas que ça se sache.)
Moi : "Mais qui est-ce qui arrête tous ces gens ?"
Elle : "Ceux qui s'organisent pour combattre toute cette corruption, tout ce réseau pédo-sataniste qui torture des enfants et prennent leur sang pour rester jeune."
Comme chacun sait, tous les gouvernements sont impliqués, tous les médias aussi, les hôpitaux, les milliardaires, etc. Ça, c'est ce que disent les complotistes et qu'elle répète.
Moi : "Et bien, il en faudra des prisons pour tout ce monde !"
Elle : "Justement, c'est pour ça que Trump n'a pas voulu fermer Guantanamo. Il avait prévu d'y emprisonner tous ces gens."
Moi : "Ah ?!"
Elle : "Tu sais, au début, j'y croyais de façon instinctive (aux complots). Et j'avais dit que je ne me laisserais plus jamais manipuler par qui que ce soit (comme elle l'avait fait avec le père de son fils). Tu m'avais répondu que ça, je ne pouvais pas en être sûre. Ça m'a fait douter de moi. Mais maintenant, avec tout ce que j'ai appris, tous les recoupements que j'ai faits, tout ce qui se confirme, je suis absolument sûre de moi. Et je sais que je ne suis pas folle."
Moi : "Et si rien ne se passe ?"
Elle : "Alors, je devrai travailler sur moi pour comprendre la raison pour laquelle je me suis laissé manipuler."
Moi : "Mais il se pourrait qu' "ils" ne soient pas assez bien préparés et qu'ils ne réussissent pas ? Ils pourraient faire une nouvelle tentative plus tard ?"
Elle : "Non, non, c'est maintenant ou jamais. On ne réalise ce genre de chose qu'une seule fois."(Je ne comprends pas la logique, mais bon.)
Moi : "Ah bon ? Et comment s'appelle ce groupe de personnes ?"
Elle : "Ils n'ont pas vraiment de nom. On parle de l'alliance ou des white heads"
Moi : "En tout cas, tu as l'air d'être en forme en ce moment !"
Elle : "C'est vrai que j'ai eu une bonne journée. Il y avait du soleil et ça m'a fait du bien. Mais c'est surtout toute cette effervescence qui me donne de l'énergie. Quand tout le monde sera arrêté, on va avoir une période dure, mais après, tout sera fini, tout ira bien. Et nous, (elle et ses compères complotistes), on nous demande d'expliquer aux gens qui ne sont pas au courant ce qui se passe, car ça va être dur à admettre pour eux."
Je ne savais pas où elle en était de ses idées complotistes, vu que je ne voulais plus qu'elle m'en parle. Maintenant, je sais. Elle n'a rien lâché. Peut-être qu'elle va comprendre quand elle se rendra compte qu'il n'y a pas plus de bracelet électronique à la cheville d'Obama que de pape en prison ? À moins qu'elle ne trouve une nouvelle explication ...
22:02 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (45)
27/11/2020
Une lueur d'espoir
Mardi ma fille aînée m'annonce au téléphone qu'elle a pris une décision. Elle va prendre du recul par rapport aux vidéos qu'elle regarde. Ou du moins essayer. Sinon elle va se rendre complètement malade. Elle l'est déjà, dit-elle. Son fils lui a dit qu'il croyait qu'elle ne l'aimait plus. Qu'il n'était plus intéressant. Qu'elle ne s'occupait plus de lui. C'est dur d'entendre un enfant dire ça à sa mère. Pauvre Picolo. Ils ont parlé longuement. Elle a tenté de le rassurer, l'a câliné et lui a promis de faire mieux dorénavant.
J'étais tellement soulagée, même si tout n'était pas gagné, que l'idée d'une nouvelle balade ne me rebutait plus. Nous l'avons faite hier. Elle semblait bien plus accessible à la nature que les fois précédentes. Plus joyeuse aussi. Déçue même quand mon mari et moi avons décidé de rebrousser chemin. Ceci dit, heureusement que nous l'avons fait car Laly a eu un problème. Elle qui d'habitude ne relève quasi pas la tête, la truffe au ras du sol, concentrée comme un chien policier sur la piste d'un malfrat. La voilà qui ralentit l'allure, et ne s'intéresse plus à aucune odeur alléchante. Je remarque le manège et je me pose des questions. Elle finit par ne plus avancer du tout et à se tenir bizarrement, le dos légèrement arqué. Nous rentrons chez ma fille en la portant alternativement, mon mari et moi. Elle ne geint pas, se laisse complètement faire.
Chez ma fille, elle se couche et semble se détendre. Je téléphone au véto qui pense qu'il s'agit d'un problème de vertèbre et qui conseille de surveiller et de voir venir.
Ma fille nous fait un thé et nous passons un bon moment. La seule chose de complotiste qu'elle a évoquée, c'est la raison du couvre-feu qui serait peut-être une façon d'installer la 5G la nuit, en douce, pendant que tout le monde est cloîtré chez soi. Car elle dit ressentir des sortes de vibrations bizarres dans son corps et Picolo ressentirait la même chose.
Enfin, ce fut une bonne après-midi, sauf que je suis allée chez le véto dans la soirée, Laly n'ayant quasi pas mangé et hurlé de douleur quand j'ai voulu la déplacer. Piqure anti-inflammatoire et anti-douleur. Repos. Pauvre Laly !
00:35 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (14)
24/11/2020
Ma fille au plus bas
Mercredi dernier, j'envisageais de faire à nouveau une balade avec ma fille aînée et son fils. Mais la météo n'était pas encourageante et moi pas très courageuse. J'ai donc reporté au WE.
Le samedi, je n'étais toujours pas en forme. J'ai reporté au dimanche. J'ai fait une sieste de 3 heures. Au réveil, après avoir pris un petit en-cas, j'ai commencé à avoir des vertiges. Je titubais littéralement. J'ai fini par vomir et j'ai passé le restant de la journée couchée devant la télé.
J'ai l'habitude de ce genre de crise, même si maintenant elles se font rares. Celle-ci était différente des autres. Etait-ce une réaction au message que ma fille m'avait envoyé le matin-même ? Je lui demandais si elle avait réfléchi à un nouveau travail. Elle m'avait répondu : "Je t'enverrai mon idée plus tard." Elle avait donc une idée ? Au lieu de me réjouir, j'ai craint le pire, vu la dernière "idée" sublime dont elle m'avait fait part à la fin du mois d'août et qui m'avait mise hors de moi. Du coup, je n'avais pas vraiment envie d'entendre ce qu'elle projetait. Je restais pourtant capable de me raisonner et d'envisager qu'il s'agisse de tout autre chose. J'aurais peut-être une bonne surprise ? Mais mon corps s'est désolidarisé de ma raison. J'ai eu une crise d'angoisse, suivie d'une grosse fatigue et de la crise que je viens de raconter.
Le lendemain, je me suis sentie un peu mieux, mais je n'avais toujours pas envie de me promener. Ni de savoir ... Et comme le temps était maussade, j'ai encore annulé la promenade, mais j'ai fini par lui demander par texto en quoi consistait l'idée ? Je préférais l'apprendre de loin que d'y être confrontée frontalement.
Finalement, l'idée ne concernait pas son avenir professionnel. Il y avait eu quiproquo. Elle parlait d'un endroit de balade. Comme quoi je me suis fais du souci pour rien. Enfin, pour rien c'est beaucoup dire car la vérité n'est sans doute pas plus réjouissante.
Je savais que de l'empêcher de parler de ses sujets favoris serait très frustrant pour elle, vu qu'elle ne parlait quasi plus que de ça. Elle me l'a confirmé dans un mail disant qu'elle ne s'était jamais sentie aussi seule dans la vie. Que son père lui manquait terriblement car elle croit que lui l'aurait comprise. Ce sont maintenant de parfaits inconnus qui la soutiennent, qui lui remontent le moral (des complotistes sur internet). Sous-entendu, pas sa famille. Elle voudrait que je comprenne que vu ce qui se trame dans le monde, c'est difficile pour elle de parler "de tout et de rien".
Ce mail m'attriste, mais me met en colère aussi. Donc, si je ne la soutiens pas dans son complotisme, je ne la soutiens pas du tout ? Son père la comprendrait ? Le connaissant, je l'imagine plutôt la traiter de malade. Je sais bien que c'est un cri de détresse qu'elle lance et son père (idéalisé vu qu'il est mort) un refuge.
Je lui réponds que pourtant je suis là. Je l'ai toujours été. Je lui explique que mon idée en lui proposant des balades, c'est de la reconnecter à la vraie vie, à la nature, à son corps, etc. Je lui demande comment je peux la soutenir. Si c'est en l'écoutant parler encore et encore de complots ? Et quelques autres questions par exemple au sujet du dégoût qu'elle ressent, de la colère et de l'espoir. Et je lui demande si elle ne croit pas devoir se faire aider par un ou une professionnelle.
Dans sa réponse, elle n'y tient plus et reparle des informations mensongères, des vaccins qui vont modifier notre ADN, de la lutte pour nos libertés, etc
Moi, je me tiens à ma ligne de conduite. Je ne réponds à rien qui touche au sujet tabou. Même si parfois je me demande si je fais bien.
Je constate alors qu'elle n'a répondu presque à aucune question et lui en fait part. Elle me répond : "Heuuu, je croyais que j'avais répondu." Et du coup, elle me répond, point par point. Ce qui est assez interpellant, c'est que j'ai posé 13 questions. Elle n'a répondu qu'à 3 d'entre elles. Mais le plus sidérant, c'est que les seules réponses qu'elle m'ait faites se rapportent aux complots ! Les 10 autres ne semblent même pas avoir effleuré son esprit. Comme si ça n'existait pas !
Mais j'ai une bonne nouvelle. Enfin, il y a aussi du moche là-dedans. N'empêche ! Un espoir d'éclaircie ... dans une prochaine note ...
23:19 Publié dans Ma grande fille/Bébichon, alias Picolo | Lien permanent | Commentaires (6)