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24/05/2013

activités à la maison de retraite

Aux activités, il y a plusieurs types de personnes. Il y a d'abord celles qui se débrouillent bien toutes seules. Certaines semblent y prendre du plaisir et s'appliquent. D'autres font ce qu'on leur demande, avec beaucoup de sérieux, comme si c'était un devoir scolaire qui "compte pour des points". Mais est-ce que ça leur a plu ? Quelques-unes se font prier, prétextant qu'elles ne savent pas faire ça, qu'elles ne l'ont jamais fait et découvrent avec surprise qu'au contraire, elles y arrivent.

Il y a celles qu'on emmène uniquement pour qu'elles profitent de la compagnie. Celles qui ont perdu beaucoup de leurs moyens, mais font quand même des efforts et qu'il faut aider d'un bout à l'autre. Et comme partout, il y a le rouspéteur de service qu'on a casé dans un coin parce que pour lui, pas question de faire comme les autres ! Il fait ce qu'il veut ! Il me demande où est Josée. Je ne sais pas. Il me demande si la voiture est là. Je ne sais pas. Il me demande quand "elle" va arriver. Je ne sais pas. Il me regarde de travers : "tu ne sais pas grand-chose !" Je lui explique que je suis nouvelle, mais que je vais apprendre. "J'espère !" grogne-t-il. Et comme partout aussi, il y a celles qui sont toujours de bonne humeur, comme cette dame toute penchée en avant, qui pousse la chaise roulante de son inséparable copine. Il paraît qu'elles vont chaque jour boire un verre de vin blanc ensemble et qu'elles paient alternativement. Comme telle autre aussi, toute souriante, qui cherche systématiquement à rendre service au point qu'on se demande ce qu'elle fait là, tant elle semble valide. C'est la mémoire qui est foutue le camp, mais ça ne se remarque pas, sauf quand quelqu'un lui rappelle qu'elle est allée chez le coiffeur le matin même car elle ne le sait plus.

Il y a aussi la rebelle qui ne veut pas participer parce qu'elle préfère jouer aux cartes, mais qui s'y met quand même et se débrouille finalement très bien. Une petite marrante celle-là ! "Vous croyez que vous nous occupez, mais en fait, c'est nous qui vous occupons ! En plus, vous êtes payées pour le faire et c'est nous qui payons ! Mais c'est normal, hein !" Elle parle des salariés. Elle ne sait sans doute pas qu'il y a des bénévoles. Et à la fin de la séance, elle déclare avec humour : "Ah, on peut enfin retourner à nos occupations ! Enfin, on a rigolé quand même, hein !"

J'ai eu une seule fois l'occasion de participer pour mon compte à une activité : la peinture sur soie. Une personne avait renversé un pot de peinture. Pour ne pas la perdre, j'ai utilisé un foulard abandonné aux couleurs assez pâles. J'y ai rajouté le bleu qui aurait été perdu et le résultat me semble très satisfaisant.

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05/04/2013

Crêpes, bigoudis et bricolage

Mardi, il y 15 jours, j'ai été réquisitionnée pour donner un coup de main à la maison de retraite. Il s'agissait de faire des crêpes pour les résidents et leur famille. 2h30 debout, dans la chaleur de la cuisson ! Une immense casserole à transformer en jolies crêpes fines et appétissantes. J'étais épuisée. J'ai pu en ramener chez moi. Elles étaient bonnes ! Miam !

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Tant qu'à faire, puisqu'on m'avait sous la main, on m'a aussi demandé de venir le lendemain en renfort pour le salon de coiffure. J'ai accepté. Quand je suis arrivée, pile à l'heure, il y avait déjà 2 résidentes qui attendaient. Elles papotaient ensemble et se sont réjouies de me voir arriver, même si elles ne m'ont pas reconnues. Du moment que quelqu'un allait s'occuper d'elles ! Il y avait là ma centenaire, qui prétendait m'avoir déjà vue auparavant ... il y a un an, disait-elle. Je sais que le temps passe de plus en plus vite, quand on vieilli, mais quand même ! Non, en fait, elle ne m'a pas reconnue. Comment l'aurait-elle pu ? Elle n'avait pas ses lunettes et quand je suis arrivée, elle m'a demandé si j'étais Annie, la bénévole qui est là habituellement et qu'elle connaît donc très bien.

J'étais un peu stressée car l'autre bénévole n'arrivait pas. Faire tout toute seule aurait été lourd et en plus, si je pouvais retrouver le matériel, je ne connaissais pas encore bien les produits à utiliser. Heureusement, elle est arrivée et tout s'est bien passé.

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Jeudi dernier, nous avons fait des petits arrangements floraux destinés à garnir les tables pour Pâques. Certaines participantes étaient débrouillardes et motivées. D'autres moins. Quelques-unes n'étaient là que pour profiter de la compagnie et regarder. L'une n'avait pas envie. Après avoir été encouragée, elle a quand même accepté de piquer quelques branches dans un pot qu'elle aurait ensuite absolument voulu emmener dans sa chambre, ce qui n'était pas le but. Il a fallu la convaincre. Le résultat n'était pas mal du tout.

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Hier, c'était après-midi bricolage pour l'étage des résidents plus valides que les précédents. Elles étaient presque toutes en chaise roulante, mais leurs mains avaient gardé une certaine agilité. Je dis "elles", mais il y avait aussi un seul et unique monsieur.

Il s'agissait de peindre des foulards en soie à l'aide de 2 couleurs assorties, parfois trois. Je ne l'avais jamais fait, ni même vu faire, et je dois dire que le résultat était très réussi. Les personnes étaient ravies, et, cerise sur le gâteau, elles  pouvaient emmener leur œuvre.

Je suis contente d'avoir opté pour le bricolage. C'est plus varié que les bigoudis ou les crêpes. Je me demande à quoi on va s'attaquer la semaine prochaine...

07/03/2013

Bigoudis

À la mi-janvier, j'ai envoyé ma lettre de candidature à la fonction de tutrice de mineur étranger non accompagné. À ce jour, je n'ai pas eu de réponse. Un mail envoyé est également resté sans réaction de la part du service organisateur (ministère de la justice). J'ai donc téléphoné. Une dame m'a répondu que ma demande avait bien été enregistrée. Elle m'informe en outre qu'un cycle de formation venait de se terminer. Le prochain aurait lieu dans la seconde partie de l'année. Des demandes arrivaient tous les jours. Je recevrais une réponse au mois d'avril.

Un peu déçue de tant de lenteur, je me suis demandée si je ne ferais pas bien de m'engager dans une autre voie, du moins pour l'instant. Car non seulement il me faudrait participer à la formation, mais rien ne dit que ma candidature serait acceptée. Surtout si les demandes sont aussi nombreuses. Et si la réponse est positive, je ne pourrais commencer à m'investir que dans plus de six mois.

Sur ces entrefaits, un petit encart dans la gazette communale fait appel à une bénévole pour le salon de coiffure de la maison de retraite. Ce n'est pas l'activité dont je rêverais, mais pourquoi pas ? Je téléphone et suis reçue quelques jours plus tard par la responsable du staff de bénévoles. Elle me demande si je tiens à cette activité particulière ou si une autre me conviendrait également. Comme je n'ai pas de préférences, elle me propose de choisir entre la participation à la journée "crêpe" (vaisselle, service ...) ou au bricolage. Je choisis cette dernière option. Elle remplit des papiers et me contactera quand la direction aura accepté ma candidature. Elle me rassure, les refus sont extrêmements rares et correspondent à des situations particulières, par exemple l'alcoolisme.

Quelques jours plus tard, cette dame me contacte à nouveau. Elle me demande si c'est à moi qu'elle a demandé de faire un remplacement d'urgence au salon de coiffure. Je lui réponds par la négative, mais j'accepte de le faire si nécessaire. Je commence à stresser. Ne vais-je pas faire couler de l'eau dans les yeux des gens ? Comment serais-je accueillie ? Vont-elles rouspéter parce que les bigoudis ne sont pas placés comme elles le souhaitent ? Bof, on verra bien ! Me voilà donc à me présenter dans le petit salon de coiffure du home. La première fois que je l'avais vu (lors de mon entretien "d'embauche"), je l'avais trouvé assez froid. Une personne lavait des cheveux. Une autre plaçait des bigoudis. Le silence était absolu.

Cette fois, par contre, je suis accueillie par un joyeux trio de dames (retraitées comme moi, je suppose, vu leur âge) qui me demandent comment je m'appelle, d'où je viens, ou j'habite etc. Celle qui s'occupe du salon manifeste son plaisir de me voir intégrer l'équipe. Le trio se disperse et la coiffeuse en titre (qui n'est qu'une bénévole ayant reçu une petite formation) m'explique le rangement, les produits, les ustensiles. Elle commence le placement de bigoudis et je prends la relève, un peu gauche et tremblotante au début. J'ai fait ce genre de chose pour ma mère, jadis, quand j'étais jeune fille, c'est-à-dire il y a bien longtemps. Mais je dois dire que c'est comme le vélo. Ça revient très vite. Ma "patronne" est contente. Elle trouve que je vais vite (moi qui me trouve lente d'habitude) et que je parais avoir fait ça toute ma vie.

Toutes mes "clientes" se sont endormies pendant que je plaçais les bigoudis. Au moins, ça signifie que je n'ai pas tiraillé leurs cheveux et ne leur ai pas enfoncé les pics dans le crâne !

Je me suis notamment occupée d'une dame qui avait fêté ses 100 ans. Elle avait encore toute sa tête. Et par-dessus, une chevelure bien fournie. Je l'ai un peu bousculée en plaçant le casque sèche-cheveux, mais pas trop. Je l'ai reconduite dans sa chambre en chaise roulante. Elle s'est déplacée elle-même vers son fauteuil rempli de petits coussins. J'ai rangé sa chaise roulante là où elle me le demandait et elle m'a gratifiée d'un merci accompagné d'un large sourire. Elle s'est un peu tendue vers moi en levant la main et j'ai cru comprendre qu'elle voulait m'embrasser, ce que j'ai fait avec plaisir. Nouveau sourire de sa part.

Voilà une matinée bien remplie et satisfaisante. C'est aussi un petit défi pour moi de faire ce genre de chose, moi qui suis un peu asociale et timide !