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23/09/2015

Dois-je en rire ?

Ma fille me téléphone tout à l'heure. Elle parle tout bas parce qu'elle est dans un magasin. Elle voudrait me demander un service. Non pas pour lui "sauver la vie", juste pour lui faire plaisir. Ce sont ses termes. Elle a un rendez-vous galant (d'autres auraient dit "un plan c**"). Elle a pris congé demain après-midi et voudrait s'acheter des vêtements. Pourrais-je lui prêter l'argent ? J'ai fait "Ah là là !" Elle a dû interpréter ma réaction comme une difficulté décisionnelle, alors qu'il s'agissait plutôt d'une difficulté quant à la façon de refuser. J'ai donc dit "non", du ton le plus doux possible, sans justification. Elle n'en a pas demandé d'ailleurs. Sa réaction : "Non ? Bon, ben je me débrouillerai alors. Et je verrai bien ce que je fais de ma demi journée de congé. Allez, au revoir. Bisous." Il y avait comme un sourire dans sa voix. Le sourire qu'on affiche pour masquer une déception. Je l'imagine là, dans le magasin, en train de se creuser la cervelle pour trouver un moyen d'acheter quand même les vêtements (ou sous-vêtements) qui lui font envie, sans se retrouver sans le sous à la fin du mois.

J'étais partagée entre la perplexité et l'envie de rire. La différence par rapport à sa demande de prêt pour partir en vacances, c'est qu'elle n'a pas argumenté comme elle l'avait fait à l'époque. Elle a seulement titillé la corde sensible du plaisir que j'allais lui faire. C'est un progrès, non ?

21/09/2015

Brocante

La brocante que j'avais proposée à ma fille aînée a eu lieu hier. Quel bol on a eu avec le temps ! Après une semaine de pluie et de vent, il a fait magnifique. Tant et si bien qu'un moment donné on a dû se protéger du soleil.

Gros stress après avoir vidé la voiture. Où est mon sac à main ? Sûre que j'avais eu l'intention de l'emmener, mais pas certaine de l'avoir fait. Heureusement, j'avais une pochette avec mon téléphone, mes clés et les sous pour la brocante. Je donne un coup de fil à mon mari qui est un paniqueur dans ce domaine. Il ne voit mon sac nulle part à la maison et s'inquiète du contenu (cartes de banque, d'identité, etc.) Un malaise s'installe en moi et mets du temps à s'évacuer. Je repense au manteau de fourrure tout neuf qu'on m'avait volé lors de ma première brocante. Au contenu de mon sac qu'il faudra renouveler. J'arrive pourtant à enfermer ce souci dans une petite case de mon cerveau et finis par l'oublier. Ma fille, elle, est persuadée que je vais le retrouver.

Bébichon se sentait dans son élément. Il s'amusait avec les jouets que ma fille avait mis en vente, au milieu des articles. J'ai dû avertir les gens que le petit garçon n'était pas à vendre. Il circulait aussi avec sa draisienne, faisait des courses à pied et gagnait (tout seul !). C'est vrai qu'on peut gagner contre soi-même ! Montrait ses muscles, etc.

Les gens sont arrivés petit à petit, en quantité réduite. On pensait que l'après-midi serait plus animé. Mais non ! Toujours au même rythme, de petites grappes disséminées circulaient. Autant dire que les ventes ont été à la hauteur du peu de monde. En même temps, le côté positif, c'est qu'on a évité le stress de la cohue. Je n'ai pas gagné un dixième de mon bénéfice de l'année dernière. C'était le cas pour tous les vendeurs, dont certains étaient professionnels. Le pire pour moi était que la voiture serait aussi pleine à l'aller qu'au retour. Tous ces efforts inutiles pour désencombrer ma maison !

Ma fille, très stressée le matin, se détendait au point de dire qu'elle se sentait bien, tranquille. Il faut dire que ce n'était pas évident pour elle de charger sa voiture. Les allers-retours de son appartement au parking avec toutes les portes qu'on ne peut plus bloquer et un gamin à gérer. Et le temps compté parce qu'il fallait qu'elle quitte la ville avant 9h30, vu que c'était un dimanche sans voitures.

L'ambiance avec les autres vendeurs était conviviale et même complice. Les acheteurs, eux, sont partout pareils. Il y a ceux pour qui tout est trop cher, qui négocient le moindre centime, par radinisme, pauvreté ou simplement par sport. Ceux qui ne disent rien, regardent, choisissent et paient ce qu'on leur demande. Ceux qui papotent et n'achètent pas forcément. Ceux qui passent et repassent au point qu'on se demande s'ils ne repèrent pas les trucs qu'ils veulent vous piquer. Oui, je sais, une mauvaise expérience ne doit pas nous faire devenir parano. Mais un peu de prudence ne fait pas de tort. Et puis il y a ceux qui me font le plus de bien, ce sont ceux dans le regard de qui on voit le plaisir d'avoir fait une trouvaille.

Ma fille cadette vient nous faire un coucou avec ses deux loustics qui reluquent ce que nous vendons et s'intéressent à quelques articles. Je veux leur donner, mais leur maman veut qu'ils les achètent, je ne sais trop pourquoi. Pour leur éducation sans doute. Je leur demande alors un prix dérisoire, genre un cent pour des gants en cuir. Ma fille fait la grimace et me donne une série de cents qui allègent son porte-monnaie. Ah, c'était donc ça le but de la manœuvre !

À la fin de la journée, l'heure du rangement est venue. Et c'est là que je retrouve mon sac ! À moitié planqué sous le siège arrière rabattu. Je ne sais même pas comment je ne l'avais pas vu avant. Je téléphone immédiatement à mon mari pour lui annoncer la bonne nouvelle. Le voilà très soulagé et reconnaissant que je l'informe tout de suite. Il s'était déjà renseigné par internet sur les montants maximum qu'on pouvait retirer sur son compte par jour, la police et je ne sais plus tout quoi.

C'est long de remballer tout ce qui a été exposé. Ma fille commence à râler. La chaleur, la fatigue, ses multiples douleurs, le sol qui est trop bas (j'en rajoute un peu !) Comme j'ai fini avant elle, je l'aide pour les derniers paquets. Puis on s'en va prendre un verre et s'installer sur des "vraies" chaises. Elle se détend immédiatement et déclare qu'elle a eu une très bonne journée. Qu'elle n'aurait de toute façon rien fait de plus agréable de son dimanche. C'est clair que le contact humain qu'elle aime tant, elle en a eu, ainsi que de la (bonne) compagnie (moi), de la bonne humeur, du soleil et le summum, un fils qui se comporte impeccablement.

Je referais bien une petite brocante un de ces quatre, tiens !

 

09/09/2015

Qu'est-ce que j'ai encore dit !

Ma fille est toute en affaire avec cette histoire de réfugiés qui campent devant l'Office des étrangers à Bruxelles en attendant de pouvoir s'inscrire. Comme d'autres, elle veut aller donner des vêtements. Vendredi dernier, sur facebook elle propose à ses contacts de les récolter chez elle pour aller les porter elle-même ensuite. Quelqu'un lui signale immédiatement qu'ils en ont déjà trop et ne savent plus où les stocker. Elle répond que ceux qui sont déjà inscrits pourraient en avoir besoin, sinon elle fera une brocante et fera don de ses gains. Elle projette ensuite d'acheter des brosses à dents et du dentifrice car ils en manquent. Je lui demande s'il ne vaut pas mieux donner de l'argent et que les associations achètent au fur et à mesure des besoins réels puisqu'ils fluctuent chaque jour. "Oui, mais donner de l'argent c'est facile, me dit-elle, mais elle, elle veut du concret et voir leurs sourires quand elle leur donnera. Un échange avec ces personnes." Je suis un peu perplexe et suggère : "Est-ce que ce n'est pas un peu de voyeurisme ?" Après quelques secondes de blanc, elle me répond qu'elle ne pense pas.

Le jour suivant, je lui demande ce qu'elle va faire finalement. Elle reparle de stocker des vêtements chez elle et de les leur apporter. "Ah bon ? Alors qu'ils disent qu'ils en ont déjà trop ?" - "Oui, mais ils en ont trop maintenant, mais après, quand il y aura de nouveaux arrivants, il leur en faudra de nouveau". Puis, agacée, elle rajoute, sans que j'aie rien dit de plus : "Oui, ben, je suis comme ça et je dois faire ce que je sens en moi et ne pas me laisser influencer par ce qu'on me dit. " Le "on" en l'occurrence, c'est moi. Mais évidemment qu'elle doit faire ce qu'elle sent. Elle me dit alors qu'elle était pleine d'enthousiasme et que je lui ai coupé les ailes. Je suis vraiment désolée, mais je n'ai fait qu'une réflexion sous forme de question. Ce n'était pas une accusation. Elle sait et ne comprend pas pourquoi elle y est si sensible. Peut-être un relent de sa relation avec XY qui trouvait toujours quelque chose à redire, quoi qu'elle fasse. Je suis un peu déboussolée. Qu'est-ce que je peux encore dire ? "Oui, oui, tout ce que tu dis est parfait ? Tout ce que tu fais est génial ?"

Lundi, en m'amenant Bébichon malade, on en reparle à mon initiative. Je vois à quel point je l'ai blessée. Elle est toujours sous le "choc" ! Elle ne comprend pas comment moi, qui la connaît si bien, je puisse penser qu'elle est une "voyeuse". M'enfin, je n'ai jamais dit ça ! Ce n'est pas un état général, le voyeurisme. Ni une tare diabolique. On peut en avoir un peu à des degrés divers. Moi, je sais qu'il m'arrive d'en avoir. Je ne suis pas pour autant une mauvaise personne ! Elle pas apparemment. Je lui dis aussi que j'y ai réfléchi et que je pensais que chez elle c'était plutôt le besoin de reconnaissance : recevoir un merci et un sourire. Elle acquiesce et repart, sur la défensive. "J'ai toujours été comme ça et je le serai toujours. C'est comme ça. On ne me changera pas !" Ben, je n'avais pas l'idée de la changer, c'était juste pour comprendre. Elle qui est toujours en train de cogiter sur le pourquoi du comment psychologique de ses propres actes, c'était une piste de réflexion. Une piste qui pouvait s'arrêter tout de suite si elle y répondait par la négative. Je lui dis que je ne sais plus comment me comporter avec elle. Elle me répond que je ne dois rien changer à mon comportement qui est normal. C'est elle qui doit trouver le moyen de ne pas être aussi touchée et elle ne sait pas comment faire. Bref, personne n'a de solution ...

Finalement, personne ne lui a apporté ni vêtements, ni brosses à dents. Je surfe sur la vague de la brocante qu'elle se proposait de faire et lui demande si elle veut se joindre à moi pour en faire une que j'avais repérée. Elle accepte sans enthousiasme. Qu'elle donne ou pas ses bénéfices, ça m'est complètement égal. Ce que je vois, moi, c'est que la dernière fois qu'on en a fait une ensemble, c'était sympa et qu'elle aura moins de bazar chez elle, ce dont elle se plaint régulièrement.