Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/11/2014

"Dégage !"

Lundi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mardi, ma fille m'amène Bébichon en se plaignant de son comportement. Mercredi, ma fille m'amène Bébichon en ne se plaignant pas du comportement de Bébichon. Pas besoin, son visage défait parle pour elle. Bébichon, lui, tout joyeux, se cache pour faire une surprise à Mamy. Ma fille lui demande de lui dire "au revoir". Il entre dans la maison sans se retourner et lui lance avec mépris : "Dégage". Moi, ahurie : "Qu'est-ce que tu dis ?" Il répète : "Dégage !" Ma fille s'éloigne sans rien dire. Je rattrape Bébichon, le tire par le bras jusqu'à la voiture où ma fille s'apprête à repartir. Il se laisse emmener sans résistance. J'ouvre la porte et ordonne à Bébichon de dire au revoir à sa maman. Il ne réagit pas. Je lui redemande fermement, plusieurs fois. Il ne bronche pas. Je lui demande s'il veut que je le secoue. Il fait signe que non. Je lui redemande, je ne sais combien de fois de dire au revoir. Il s'obstine. Je lui promets une mauvaise journée avec moi, sans résultat. Je le menace d'aller dans le coin. Rien n'y fait. Il garde le visage fermé et ne dit rien. Je suis furibarde. Je l'emmène à l'intérieur. Ma fille s'en va. Je le mets dans le coin pour cinq minutes. C'est la première fois. Je mets le minuteur. Quand la sonnerie retentit, il ne bouge pas. J'attends un peu puis je lui signale plus calmement qu'il peut sortir du coin, mais que s'il a envie d'y rester, il peut. Il y reste. Après vingt minutes, je vais au yoga. Il est toujours dans le coin. Mon mari me dira par la suite qu'il est resté encore 20 minutes de plus.

Quand je reviens, Bébichon m'accueille tout sourire. Ma fille croit qu'il est resté dans le coin pour s' auto punir davantage, réalisant qu'il a largement dépassé les bornes. Vu son air pas contrit du tout, je crois qu'il voulait plutôt me signifier que ma punition n'avait aucun impact. Qu'il s'en fichait de rester dans le coin. Revenu à de meilleures dispositions, je lui demande ce qui s'est passé le matin avec sa maman. Il m'explique avec un sourire un peu gêné qu'il a demandé de l'aide pour mettre ses chaussettes et qu'elle n'a pas voulu. Je lui explique qu'il est normal de faire seul ce qu'on sait faire. Qu'il est assez grand pour ça. Je lui demande s'il trouve qu'il a été gentil. Il fait non de la tête. Je lui dis aussi que sa maman est triste quand il est méchant comme ça. Tu comprends ? Il fait oui de la tête. Je lui demande de s'excuser quand sa maman reviendra le chercher le soir. Il est d'accord. Il le fera d'ailleurs sans réticence, mais j'ai quand même dû le lui rappeler.

Dans la soirée, il a à nouveau demandé pardon, spontanément cette fois, pour avoir dit "dégage !" et aussi pour autre chose, je ne sais plus quoi. Ma fille est contente que je sois intervenue. Elle est même contente que je me sois montrée aussi fâchée. "Comme ça il voit qu'il n'y a pas que moi qui me fâche et que quelqu'un d'autre est d'accord." Elle se sent soutenue "contre" lui. Elle pense qu'il est difficile parce qu'elle est seule avec lui et qu'il n'y a donc pas une deuxième personne (un père si possible ou même une autre personne) qui lui donne raison. C'est sûr que c'est plus facile à deux, quand on est des parents unis et responsables, mais je ne suis pas persuadée que toutes les mères seules aient les mêmes soucis. Elle pense aussi qu'il lui en veut parce qu'il ne peut pas voir son père. Ça c'est fort possible, mais je pense sincèrement que l'éducation qu'elle donne à son fils y est pour quelque chose. Elle est fort permissive, discute en détails, explique longuement, négocie sans fin avec lui. Elle ne cède plus, dit-elle. C'est déjà bien.

Mais quand elle vient le chercher, par exemple, il est tout content de la voir et ne la laisse pas tranquille une seconde. Il veut toute son attention et elle, elle veut papoter un moment avec moi, ce qu'elle n'arrive pas à faire, si ce n'est péniblement entre deux interventions du petit vampire. La plupart du temps, je ne dis rien ou j'essaie de le calmer en douceur. Mais il ne m'écoute pas quand elle est là. Rarement, une remarque m'échappe ce qui déplait fortement à ma fille et je le comprends. Un jour je lui ai demandé si elle considérait que j'avais le droit de donner mon avis. Elle m'a répondu oui, mais pas au moment même. Un soir de cette semaine, j'étais tellement énervée par le harcèlement de Bébichon, ou plutôt par la réaction molle de ma fille, que je n'ai pas pu différer ma remarque et j'ai lâché un "ça, ça ne va pas hein !" Elle l'a mal pris. En fait, elle lui a "demandé" (comme une autorisation) de la laisser tranquille 5 minutes. "Non, c'est trop long !" - "Mais non, ce n'est pas long" - "Siiiii" - "Mais non, regarde quand la grande aiguille est là, etc, etc, etc". Résultat, elle a passé de longues minutes à négocier 5 minutes de tranquillité. Il est parti regarder la télé avec Papy pendant 3 minutes et il est revenu avant que la grande aiguille soit là où il avait été dit. Et ma fille a baissé pavillon. Elle est partie avec lui. C'est ce qu'il voulait.

Le lendemain, au téléphone, ma fille m'explique à quel point elle a été blessée par ma remarque, vu son hyper sensibilité actuelle. Je sais, j'aurais dû attendre. Ce n'est pas toujours évident. Et les moments de lui parler ne sont pas légion. Soit Bébichon est là, soit elle travaille, soit elle est trop déprimée ou énervée et je crains de la déprimer ou de l'énerver davantage. Et comme elle est quasi toujours déprimée ou énervée ... Et quand parfois elle est moins abattue, voir joyeuse, j'hésite à gâcher ce moment par une discussion dont je sais qu'elle va lui déplaire. Donc, je me tais ...

Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux que je me taise pour de bon. Ce qui m'en empêche de le faire c'est que j'ai l'impression que ce ne sont pas des détails. Quand je vois comme il peut avoir des colères violentes déjà maintenant à 4 ans et demie, qu'en sera-t-il à l'adolescence si elle continue à lui laisser autant de pouvoir ? Et parfois, je me questionne. Est-ce que ma fille ne va pas se laisser dominer par son fils comme elle s'est laissé dominer par le père ?

 

27/11/2014

Tricherie et compassion

Bébichon était malade. Il est donc venu chez moi lundi, mardi et mercredi. Je lui ai appris à jouer au lotto. Au lottino plus précisément. La première fois, je gagne, je fais mine de me réjouir. il ne dit rien. La deuxième fois, il gagne. Il jubile.  La troisième fois, je gagne, il ne dit rien. La quatrième fois je gagne, il pousse un "Ooohhhhh" de déception ! La cinquième fois je gagne. Il rouspète : "tu triches !" - "Mais non, je ne triche pas pas !" - "Si, tu triches !" - "Mais comment je fais pour tricher, à ton avis ?" - "Une fois tu gagnes, et après, tu gagnes encore et pas moi !"

J'essaie de lui expliquer ce que c'est réellement de tricher. Il me regarde d'un air dubitatif. C'est vrai que c'est pas juste. On devrait gagner chacun son tour, non ?

Je lui demande alors s'il veut arrêter de jouer, mais il veut continuer. J'aurais bien voulu tricher pour perdre, mais il m'a à l'œil le bougre ! Je gagne à nouveau. Je prends un air désolé en disant que j'ai à nouveau gagné. Il me regarde d'un air compatissant et me dit : "C'est pas grave !" Mes regrets d'avoir gagné l'ont touché et il veut me consoler. Ouf !

24/11/2014

Les sous, toujours les sous ! Et de l'insécurité ...

Une nouvelle fois, ma fille me demande de lui prêter de l'argent. Et pas une petite somme. Pas pour faire des achats, c'est déjà bien. Ce serait pour alléger le poids du remboursement de l'emprunt qu'elle a fait en son temps en faveur de XY. En effet, vu les retards accumulés, elle doit payer chaque mois des intérêts supplémentaires et des amendes. Si elle remboursait tout d'un coup, avec l'argent que je lui prêterais, la banque lui accorderait une diminution des charges.

Je ne suis pas contre cette idée, mais ça me stresse quand même. Parce que sa situation n'est pas stable à moyen et peut-être même à court terme. Pourquoi ? Parce que son travail ne lui plaît pas. Donc, elle ne fait pas ce qu'il faut pour être efficace. Donc, elle n'atteindra pas le chiffre d'affaire prévu. Donc, elle n'obtiendra pas la prime escomptée ET ne satisfera pas son patron. Donc, peut-être qu'un jour, elle sera licenciée. À la limite, ça lui conviendrait bien. Mais c'est oublier un peu vite qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Que ce boulot lui laissait beaucoup de temps libre. Pas de stress quant au regard permanent d'un chef, puisqu'elle travaille de chez elle ou sur chantier. Un bon salaire, plein d'avantages (voiture de société, portable, ordinateur ...)

Ce qu'elle voudrait - et je le comprends - c'est un boulot dans le secteur social, associatif, humanitaire ou autre du même style. Mais ça en général, ça ne paie pas. Et dans sa situation financière, ce n'est donc pas acceptable. Alors elle cherche. Elle a postulé pour un poste de direction dans une association, mais les règles sont telles qu'ils n'ont pas le droit d'embaucher une personne qui n'a pas le diplôme ad hoc, même si la personne a les qualités requises.

D'un autre côté, même si je comprends son désir de travailler dans un autre secteur, les contingences matérielles sont là. Elle les a créées elle-même. Tant de personnes font un boulot alimentaire et s'en contentent. Pourquoi pas elle ? Ah oui, je n'ai pas tout dit. Elle voulait suivre une formation de coach. Pas gratuite non plus hein ! Sans savoir, en plus, ce que ça vaut. Elle ne m'a rien demandé, mais j'ai la vague impression qu'elle aurait bien voulu. Je lui ai fait comprendre mon point de vue en lui demandant comment elle allait financer ça. Elle m'a alors parlé de sponsor/mécène etc. Elle n'a trouvé personne. Enfin, elle n'a pas cherché ...

Autre épée de Damoclès : sa santé ! Psychologique et physique. Presque chaque semaine elle me dit qu'elle se demande comment elle tient le coup. Elle est hyper stressée tout le temps. Quand je lui demande comment elle va, elle me répond qu'elle ne sait pas, qu'elle essaie d'avancer sans trop réfléchir à son état, moral et psychologique. Elle a mal partout et peut-être que finalement elle a quelque chose de grave, perdu et occulté par toutes ses douleurs habituelles.

*****

J'avais commencé cette note il y a déjà une semaine. Je me demandais alors (comme à chaque fois) si je faisais bien de lui prêter cette nouvelles somme. Elle n'a en effet pas fini de me rembourser la précédente et doit encore de l'argent à l'ami de son père. Pas non plus une petite somme.

Puis finalement, je me suis demandée en quoi toutes mes autres craintes pouvaient influencer ma décision. Si elle perd son emploi et n'en retrouve pas un nouveau aussi rémunérateur, elle ne pourra ni me rembourser moi, ni même la banque et je serais quand même obligée de lui prêter. Pareil si elle tombe malade. Il vaut donc peut-être mieux que je lui prête tout de suite. Ce sera ça de moins dans son bagage de stress et au bout du compte, elle paiera moins.

J'ai vraiment l'impression que toute ma vie ce sera comme ça. Que ma fille ne sera jamais indépendante. Oui, je sais, je ne devrais pas penser ça ...