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02/11/2023

Mon pommier

IMG_20231102_101929.jpgNous avons commandé des travaux importants dans notre jardin. Tout cela devient compliqué à faire pour nous qui commençons à devenir branlants. Nous avons rapidement décidé de ce qu'il fallait tailler, élaguer, supprimer. Il y avait notamment un coin "forêt vierge" presque impénétrable ou cohabitent un très grand houx, des troènes, de nombreuses ailantes qui se reproduisent comme des lapins et surtout du bambou qui se propage insidieusement par les racines de façon hallucinante.

Dans la foulée, j'ai proposé d'abattre le pommier. C'était une grave décision pour moi car cet arbre a une histoire en rapport avec mon père. "Abattre" a d'ailleurs été un mot que j'ai eu du mal à entendre. Quand mon mari l'a prononcé, me sont apparues des images de gens que l'on exécutait. Je lui ai demandé de ne pas le prononcer. Il a très bien compris pourquoi. Mais quel verbe employer ? "Supprimer" ? "Éliminer" ? Ce sont des synonymes qui peuvent en effet paraître moins violents, même si le résultat est le même. Ils signifient aussi "tuer".

Mais pourquoi une telle décision ?

Notre voisin s'était plaint plusieurs fois des pommes et des feuilles qui tombaient dans son jardin. La dernière fois qu'on l'avait fait tailler, il avait demandé de couper tout ce qui dépassait chez lui, ce qui n'était pas possible. Esthétiquement, cela aurait complètement déséquilibré l'arbre. De plus, le jardinier m'avait expliqué que c'était trop à élaguer d'un coup. Ils ne pouvaient couper qu'un certain pourcentage. Le voisin en avait finalement pris son parti. Il renvoyait simplement les pommes par-dessus la clôture et tondait les feuilles qui tombaient de son côté.

D'autre part, mon mari s'est souvent plaint de la difficulté de devoir se baisser pour tondre sous les branches basses (que je ne voulais pas qu'on coupe) et des pommes qui tombaient en grande quantité avant d'être mûres et qu'il fallait ramasser avant de tondre. Lui aussi s'était résigné. Cependant, l'âge rendant tout cela de plus en plus pénible, j'ai fini par prendre l'initiative, sans pression extérieure. Quand j'ai fait venir l'entreprise de jardin pour un devis, le gars m'a expliqué que mon arbre était malade et qu'on ne pouvait pas le guérir, mais qu'on pouvait le soigner et améliorer son état. Il est vrai que cette année, nous n'avons eu quasi aucune pomme mangeable. J'ai demandé un délai pour décider si le pommier devait rester ou partir. Quelques jours plus tard, je prenais la décision "fatale".

À partir de ce moment-là, je n'ai plus eu de regrets, mais quand même quelques coups au cœur. Croyant faire plaisir à mon voisin, je lui explique pourquoi il ne sera plus gêné par mon pommier. Il me dit : "Oh mais moi ce n'était rien du tout." Et il ajoute plein d'empathie :"Pourtant, c'est un souvenir pour toi !?" Mince alors ! Je n'aurai même pas la compensation de savoir que ça lui fait plaisir. C'est un peu comme si une des raisons qui me poussait à cette "extrémité" tombait.

Bon, il restait la plus importante : la facilité de tonte pour mon mari. Et puis, nous aurions du bois pour nous chauffer en hiver. Et au printemps, sur l'emplacement libéré, le sèmerais un pré fleuri. :)

Quand j'en ai parlé à mes filles et à Picolo, tout le monde a fait : "OOhhh ! :(". Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi à me faire regretter ! Mais je sais que pour elles et lui, ce sera un "OOhhh !" de quelques secondes seulement, puis ce sera oublié.

Et puis maintenant, la date fatidique approche. Ce matin, assise dans ma cuisine, je regardais mon jardin. Je l'imaginais sans cette silhouette familière. Je ne verrais plus jamais les jolies fleurs du printemps. Je visualisais l'ébranchage. Je voyais déjà l'arrachage de la souche. Ça faisait mal ! Et en même temps, je me disais que cela déracinerait peut-être en moi le mal que j'ai eu d'accepter le père que j'ai eu. C'est là que je vis 2 des 3 pigeons dont le pommier est un des perchoirs favoris. Ils s'étaient installés chez moi l'année où mon voisin avait rabattu ses grands arbres. Où iraient-ils maintenant ? Des arguments écologiques rajoutaient leur logique dans ma petite tête : "On ne coupe pas les arbres, on en plante !" Et des larmes me sont montées aux yeux.

Peut-être que je replanterai un arbre un jour. C'était l'idée de Picolo. Pas à cet endroit bien sûr. Il faudra bien y réfléchir. Un pommier peut-être à nouveau, d'une espèce résistante aux maladies. Un arbre tout neuf en tout cas.

09/03/2023

Apostrophe

Je ne vous parlerai pas de l'émission qui porte le même nom que ma note. Non, je voulais juste raconter une petite anecdote qui m'a fait sourire.

Je me balade avec mes chiens. Derrière moi, j'entends quelqu'un m'interpeller : "Madame !" Je me retourne. Un homme sortant sa voiture de son garage m'apostrophe, vitre ouverte : "C'est un terrain privé ici. Je ne vous ai pas donné l'autorisation de laisser VOTRE chien renifler MES plantes !" Je lui réponds : "OK" en faisant un signe conciliant de la main et refais volte-face à nouveau pour continuer ma promenade en tirant Laly près de moi. Je l'entends encore crier derrière moi : "Ce n'est pas public !" Je continue à avancer sans plus me retourner.

En fait, moi je marchais sur le trottoir, ainsi que Mika. Mais je dois admettre que Laly, qui n'a pas la notion de ces frontières inventées par les humains, s'était aventurée d'au moins 50 cm sur le parterre non clôturé. Et moi, je ne suis pas toujours attentive à ce genre de démarcation. Surtout que le jardin était constitué seulement de buissons et de terre nue. Laly n'écrasait ni ne faisait donc de tort à rien.

J'aurais sans doute dû faire attention et, à la limite, j'aurais compris qu'il me dise de ne pas laisser mon chien faire ses besoins (ce qui n'était pas le cas) ou même juste marcher sur son "terrain privé". C'est sa formulation qui m'a fait sourire. Mon chien n'avait pas le droit de "renifler" SES plantes !

20/01/2023

Toubib et compétence !?

Lors de la consultation, mon toubib consulte son ordinateur pour vérifier le rythme auquel je suis déjà venue le voir pour le souci que je lui expose. Il lit tout haut les 4 dates précédentes. Il fait ses commentaires et propose alors d'investiguer plus avant, vu la récurrence du problème. Au moment où il complète mon ordonnance, je lui demande de bien vouloir me noter lesdites dates. Il me répond que ça n'a pas d'importance, que je ne peux rien faire avec ça. J'insiste :

- J'aimerais quand même bien les avoir, pour mon information.
- Non, (il me répète un peu la même chose qu'au début et rajoute quelques autres considérations que j'ai oubliées)
- Ça vous dérange tant que ça de me les donner ?
- Je vous les ai données. (D'un air narquois.)
- Vous me les avez lues, mais je n'ai pas retenu. En quoi cela vous dérange-t-il de me les noter ?
- Je dois déjà faire assez de choses stupides. (Il rigole.)
- Et ça, vous trouvez que c'est une chose stupide ?
- Oui, (Il rigole à nouveau, puis plus sérieusement) et il est de ma compétence d'en juger.

Je m'en vais, un peu éberluée, sans le payer car j'avais oublié mon portefeuille.

J'y pense à plusieurs reprises dans la soirée et me prépare à lui dire ma façon de penser quand j'irai le lendemain régler ce que je lui dois.

À son cabinet, je lui tends les billets et il me donne l'attestation de soin en échange. Je l'interpelle :

- Je ne crois pas être une personne difficile et votre attitude d'hier m'a assez choquée.
- Je comprends que ça puisse être irritant. J'étais irrité moi-même. Surtout que je vous avais donné les explications. Mon attitude était justifiée.
- Je ne trouve pas. (Il me regarde alors avec sévérité)
- Je ne suis pas votre domestique... Vous n'avez pas à me donner des ordres... Vous n'êtes pas ma patronne.
- Des ordres ? C'était juste une demande. Une toute petite demande. Ça vous aurait pris 2 petites minutes.
- ...
- Bon, eh bien, je vous souhaite encore une bonne journée et à la prochaine fois. (Je le gratifie d'un sourire tendu.)

Par cette dernière phrase, j'ai voulu lui signifier que l'affaire était close pour moi. Il m'ouvre la porte pour me laisser sortir, calme comme à son habitude et j'ai même droit à un sourire, comme si rien ne s'était passé. J'aurais voulu lui dire aussi que je ne contestais pas sa compétence professionnelle, mais bien sa compétence humaine, en tout cas pour cette pauvre petite histoire. Qu'il n'avait pas été sympa.

Il ne m'a pas donné raison et ne se remettra sans doute pas en question, mais ce n'est plus mon problème. Moi je suis satisfaite. J'ai dit ce que j'avais à dire. Enfin presque tout. Sinon, ça m'aurait torturée pendant des jours. Il en fera ce qu'il voudra ...

Quand il m'a téléphoné pour me donner les résultats de l'analyse, il était comme à son habitude, posé, détendu et disponible. Je me demande ce qui lui a pris.