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29/05/2015

Des pleurs dans la nuit (reportage)

Non, je n'ai pas accouché récemment. Non, les voisins n'ont pas de bébé qui pleure la nuit. Non, je ne fais pas de cauchemars. C'est Mika ! Début mars, non seulement elle a commencé à pleurer, mais elle fait plein de bruits divers. Au début, je redescendais, je refaisais le rituel du dodo et elle se calmait. C'était une erreur éducative, paraît-il. Par la suite, je redescendais, mais sans lui prêter attention. J'essayais de voir si elle ne grattait pas aux portes, au radiateur ou aux meubles qui sont neufs. Aucune trace. Elle trottinait alors dans tous les sens en haletant nerveusement.

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IMG_6865.JPGUn soir, en sautant sur la table de la cuisine, elle est parvenue à passer dans le living par une baie ouverte (photo de gauche), renversant bruyamment au passage les décorations posées sur la tablette (photo de droite). Heureusement, rien n'était cassé. Le verre est resté en place !

IMG_6863.JPGPour l'empêcher de passer. J'ai donc tout retiré et installé des boîtes en carton. C'est utile finalement les boîtes de brol ;o). Pas très décoratif, j'en conviens, mais bon, à la guerre comme à la guerre !       

IMG_6861.JPG<— Le lendemain, une des boîtes était renversée et coincée entre la tablette et la table, juste au-dessus du panier de Laly qui aurait pu l'attraper sur elle !

IMG_6862.JPGAu cas où il y aurait eu un doute, Sherlock Quantique découvre une empreinte accusant la coupable. —>

Je n'en reviens pas ! Elle n'a pas pu sauter si haut quand même ? Je remarque qu'une des chaises est éloignée de la table alors que je suis sûre de l'avoir bien poussée en-dessous. J'en déduis que mon mini quadrupède saute sur l'assise et en passant son museau entre le dossier de la chaise et le bord de la table, elle force le passage et réussit à faire se déplacer la chaise pour se faufiler et atteindre le Graal ! Les hauteurs de la table ! Ceci explique l'un des bruits que j'entendais d'en haut.

L'autre bruit était une suite de coups sourds et rapprochés qui s'est avéré provenir du panier qui cogne contre le carrelage pas parfaitement plane, au rythme de son agitation ou peut-être de ses grattements.

IMG_6866.JPGSoir suivant. Au lieu de pousser les chaises sous la table, je les en éloigne. Conclusion, je lui offre un tremplin que je n'avais pas prévu et qui lui permet d'aller se promener sur le plan de travail et la cuisinière. Je le sais parce que le rétrécisseur d'un bec de gaz était déplacé. Quand je disais à son arrivée chez nous qu'elle avait du chat en elle, c'est toujours vrai dans ce cas-ci. Elle aime prendre de la hauteur.

Nouvelle tactique : placer les chaises en hauteur. Je le fais tous les soirs depuis lors. Mais la question des pleurs n'est pas résolue pour autant. Je décide alors de ne plus me montrer quand elle pleure, mais de descendre en restant derrière la porte en disant un "non" bien ferme. Une nuit, lassée de faire le guet dans la cage d'escalier, je dors dans le canapé pour dire "non". En effet, elle ne commence parfois à pleurer que 3/4 d'heure après que je sois montée. Après 2 "non", elle s'arrête, mais la nuit suivante, elle recommence.

Tout ce cirque dure depuis 2 mois et demie ! J'en ai parlé à un un éducateur qui ne pouvait pas me donner d'explication étant donné que Mika n'est plus un chiot et qu'elle est chez nous depuis déjà 2 ans et demi. Il suggérait un changement qui aurait traumatisé le chien. Je n'ai pas trouvé quoi. Une autre éducatrice qui pratique la thérapie comportementale en amateur m'a accordé du temps pour écouter mon histoire. Selon elle aussi, quelque chose a dû perturber Mika, mais c'est difficile à déterminer chez un chien sorti d'un refuge car on ne connaît pas son passé et ses traumatismes anciens. Ou alors, il s'agit d'hyper attachement. Ça, j'y avais pensé et j'avais déjà commencé à prendre quelques distances, ce qui n'est pas facile du point de vue affectif.

Forte de cette dernière conversation, qui date de vendredi dernier, je suis bien décidée à ne plus descendre la nuit, même pas pour dire "non". Mais voilà t'y pas qu'un nouvel événement vient remettre en cause mes bonnes intentions. C'est Laly qui se met à aboyer en grognant. Comme elle ne fait jamais ça, je descends dare-dare pour découvrir ... 2 petits chiens tout mignons qui m'accueillent joyeusement. Je les fais sortir pour faire un petit besoin nocturne et elles rentrent normalement, comme si de rien n'était. Le reste de la nuit se passe tranquillement. J'aimerais bien voir ce qui se passe. Je devrais avoir une caméra de surveillance.

La nuit suivante, rebelote. Laly aboie et grogne. Je ne bouge pas. Mon mari me dit : c'est Laly. Oui, je sais, on verra. Puis elle recommence, plus fort et on entend un "kaï kaï" plaintif de Mika. Je redescends à nouveau à toute vitesse. Pas de blessés, ouf ! Seulement 2 toutounes contentes de me voir ! Et un panier qui s'est déplacé d'un bon mètre signifiant que Laly en est sortie brusquement !

Je pense que Mika, tout agitée, se tend contre le rebord du panier et gène Laly avec ses griffes. Je l'ai vu faire ça une fois en journée et Laly a réagi par un grognement et un petit coup de dents. Il y a bien deux paniers, mais Mika préfère rejoindre Laly dans le sien. Je pourrais les installer dans des pièces séparées, mais je me dis que ce serait encore plus dur pour Mika d'être complètement isolée.

Stratégie suivante inaugurée hier. Je les promène une petite heure en fin de soirée, pour fatiguer Mika (lu sur internet). J'enlève les paniers et j'installe un coussin de chaise longue pour qu'elles aient beaucoup de place pour ne pas se gêner et qu'il n'y ait plus de rebord contre lequel s'appuyer. Elles s'y précipitent et s'y lovent dans tous les sens. Je les caresse. Elles adorent. Je m'en vais. Je ferme la porte, mais je reste encore quelque temps dans la pièce à côté pour ne pas faire de rupture brusque (vu sur internet). Je monte et reste un moment en-haut de l'escalier. Rien ne bouge. Je me couche et lis encore un petit quart d'heure. Je n'entends rien et m'endors. Au milieu de la nuit, Laly aboie. Cela dure 15 secondes maximum. C'est long 15 secondes dans la nuit silencieuse ! J'écoute. Je ne bouge pas. Tout se calme jusqu'au matin.

La solution n'est donc pas encore trouvée. Mon mari me harcèle pour que je contacte un comportementaliste professionnel au lieu de "perdre tout ce temps". C'est pourtant moi qui assume, mais ça le stresse quand même. Je lui ai promis que j'allais continuer cette stratégie pendant une semaine et qu'ensuite, si ça ne donnait rien, je consulterais.

Hier soir, je refais tout comme la veille. Environ une heure après être montée dormir, réveil en sursaut ! On n'entend pas Mika, mais Laly aboie ! Ce n'est pas possible !? Toute ma stratégie est à revoir ! Du coup, je les sépare. Laly dans la cuisine. Mika dans le living. Je recouvre le canapé. Je n'ai pas envie qu'elle le griffe comme avait fait un de mes chiens précédents.

Je remonte dépitée et là je me fais agresser par un mari de mauvais poil. Une humeur de chien ! C'est le cas de le dire. "Et maintenant il faut arrêter d'inventer des systèmes. Tes promenades en soirée, ça ne rime à rien. Maintenant ma nuit est foutue tellement je suis énervé". Moi : "Je t'ai dis une semaine". Lui : "Oui et dans une semaine tu ne feras rien et tu le sais bien, etc". Il descend regarder la télé. Moi, je ne peux plus dormir, bien sûr. Il remonte quelque temps plus tard, apparemment calmé et nous dormons tous tranquillement, chiens et humains, jusqu'à 7h.

Mardi soir. Au grand étonnement de Mika habituée à rester dans la cuisine, je l'envoie dans le living, comme la veille. Aucun bruit la nuit. Ni pleurs, ni aboiements. À 6h30' en revanche, ce n'est plus Laly qui aboie, mais bien Mika. La raison : des cyclistes qui bavardent en passant devant la maison qui est très près de la route. Quand je descends, elle m'accueille au pied de l'escalier. Comme les flics qui font les constats d'adultère, je cherche à savoir où elle a dormi. Elle a laissé sa chaleur et un peu de poils, vous vous en doutez, dans le canapé interdit, la canaille.

Mercredi et jeudi soir, pareil, sauf qu'au matin il n'y a pas d'aboiements. Sans doute qu'aucun cycliste n'a parlé en passant. Idem le jeudi. Les pleurs semblent s'être arrêtés. C'est le principal. Pour les aboiements, on avisera s'ils se reproduisent.

 

20/05/2015

Les amitiés à la maison de retraite

Au premier étage, dans le petit salon, il y a toujours trois dames en chaise roulante dont on ne les sort que pour aller aux toilettes ou au lit. Elles sont toujours assises côte à côte devant la télé. Rosalie et Gigi sont même inséparables. Si les chaises ne sont pas collées l'une à l'autre, Gigi demande à ce qu'on les rapproche. Elle veut pouvoir toucher son amie. Si l'une participe à une activité, l'autre la suit systématiquement. Parfois, elles se tiennent par la main. Je crois que c'est surtout parce que, au propre comme au figuré, l'une réchauffe l'autre qui a toujours froid. La troisième, Léandra, n'était plus présente depuis quelque temps. Je demande donc des nouvelles. Gigi me dit qu'elle est malade, qu'elle est allée la voir la veille et qu'elle a eu un mauvais pressentiment. Peu de temps après, en allant chercher les personnes qui désirent participer à l'atelier créatif, j'aperçois Léandra couchée dans son lit, les yeux grands ouverts. Je n'ai pas beaucoup de temps, mais je m'arrête quand même. Elle est installée sur le côté, un coussin derrière elle pour l'empêcher de basculer sur le dos, comme on fait pour les nourrissons. Elle me sourit et tend vaguement la main que je lui prends. Sa petite tête ronde, ses yeux ronds, ses cheveux tout aplatis, elle semble toute petite. On dirait un vieux bébé. Je lui demande comment elle va. Elle me dit bien. "Tu as tout ce qu'il te faut ?" - "Oui". Elle a l'air tranquille. La semaine suivante, la chambre est occupée par une autre personne et la photo de Léandra trône sur le comptoir à l'accueil ... à côté du faire-part ...

Il y a un autre duo que je trouve très touchant. Marie est toute courbée et pousse la chaise roulante de Héléna. Chaque après-midi, elles vont boire un verre de vin blanc à la cafétéria. Un jour c'est l'une qui paie, le jour suivant c'est l'autre. Héléna a l'air méfiant. Marie en revanche est toujours tout sourire. Elle m'explique qu'elle a été hospitalisée pour une méchante grippe qui a duré longtemps. Elle a été soutenue par tout un tas de résidents qui sont venus la voir à son retour. Elle est fière de la sympathie qui l'a entourée et de sa propre volonté de s'en sortir. Elle a l'air presque plus en forme qu'avant. Peut-être parce que son dentier ne voyage plus dans sa bouche quand elle parle ...

Le troisième duo loge à l'étage où il faut un code pour sortir. Wilfried a toute sa tête et guère de problèmes physiques. Sauf que, suite à un accident vasculaire, il a perdu une grande partie de sa mémoire ancienne et que son sens de l'orientation est mal en point. Il s'est lié d'amitié avec Paulette, une dame très gentille et très gaie qui est atteinte d'alzheimer. Physiquement, elle n'a pas non plus de problèmes. Elle adore danser et chanter. Wilfried l'accompagne et fait preuve de beaucoup d'attention à son égard. Quand elle est perdue dans sa tête, il la remet discrètement sur la bonne voie, avec tact, sans lui faire ressentir ses déficiences. Il blague et la taquine aussi beaucoup. Rire, c'est la vie aussi ...

12/05/2015

Mon regard, mes remarques

Tiouane participait à un tournoi de badminton. Nous étions invités à y assister. Etonnament, il n'y avait pas plus de monde que d'habitude. Nous étions le seul "groupe". Beaucoup d'enfants étaient simplement déposés et laissés seuls, comme lors des entrainements. Quelques parents accompagnaient les plus petits, comme d'habitude aussi. Les enfants arbitraient eux-même leurs matchs, remplissaient un petit papier et allaient le remettre à l'organisateur.

Le tournoi commence. Tiouane a fait beaucoup de progrès. Il est vrai qu'il y a 11 mois que nous ne l'avions plus vu jouer. Il gagne contre son premier adversaire. Ma fille ainée, qui est sa marraine, devait arriver à 10 h 30. Elle n'arrive qu'à 11 h 1/4, alors que Tiouane commence un set contre un gamin plus fort que lui. Elle se met à l'encourager de la voix. Ma fille cadette lui dit qu'elle le déconcentre, que c'est mieux d'être calme, comme aux matchs de tennis. Ma fille aînée n'est pas d'accord et continue à sa manière son rôle de supporter. Entre 2 sets, je lui dis que ce qui me fait mal au cœur, c'est que l'autre garçon n'a personne pour l'encourager. Ma fille, apparemment piquée au vif, justifie son attitude et me fait remarquer qu'elle a aussi par moment félicité l'autre garçon pour un beau jeu et à la fin, pour sa victoire. Le match reprend. Un moment donné ma fille recommence à encourager son filleul, puis elle s'interrompt : "Oups, pardon !" Je la regarde étonnée : "Je n'ai pas dit que tu ne pouvais pas, j'ai seulement donné mon point de vue"- "Non, non, ça va, c'est moi qui dois ..." Je comprends par là que c'est à elle de réagir, je dirais, en adulte.

On n'en parle plus. On mange au restaurant. Bonne ambiance. Une heure d'attente, Pfff !

Le lendemain, ma fille me téléphone. Tout en fin de conversation, elle revient à mon intervention qui l'a apparemment perturbée plus que je n'imaginais. Elle recommence à expliquer son attitude au match : "Il s'agit quand même d'un tournoi, non ? On est les supporters. C'est quoi sinon, un supporter ?" Je la sens touchée. Je lui réponds que si elle le voit comme ça, c'est bien. Qu'elle fasse selon son point de vue. Ce n'était pas une critique. J'ai simplement dit mon ressenti par rapport à l'autre enfant. Elle me dit que je dois quand même comprendre que si moi, sa maman, je lui dis ça, elle le ressent comme une interdiction. Je lui réponds que ce n'est pas de ma faute et j'insiste, c'était seulement mon point de vue. Ou alors je ne peux rien dire ?

Ceci n'est qu'une anecdote banale, mais elle me renvoie au visage l'impact que j'ai en tant que maman et que je ne souhaite pas. Par moment, mon regard est vu comme critique. Ma fille cadette aussi le ressent parfois de cette façon. Même quand je ne dis rien. Elle me dit que ça a commencé quand elle est devenue maman. Ce n'était pas le cas avant. Dans certaines situations particulières que nous avons décortiquées, j'ai pu lui montrer qu'elle se trompait totalement. Elle ne faisait qu'interpréter erronément une attitude, un coup d'œil, basé que ce qu'elle pensait savoir de moi. À d'autres moments, il est vrai que j'ai parfois une façon différente de voir les choses ou de les faire, mais n'est-ce pas le cas pour tout le monde ? Je suis sûre que ses amies ne sont pas toujours d'accord avec elle, qu'elles le disent ou non.

Etant donné que mes deux filles ont le même ressenti, j'estime pourtant utile de me poser des questions. Est-ce une règle générale en tant que parent d'enfants adultes ? Est-ce inéluctable ? Sinon, que faire ? Dois-je me taire ou précéder chaque point de vue d'une mise en garde : "Attention, ce n'est pas une critique !". Ou est-ce elles qui doivent se libérer de mon "joug" ?!