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28/08/2013

Ma maison (rêve déjà raconté - complément d'interprétation)

Je suis maintenant devant une maison où je suis sensée passer la nuit ou bien j'y habite, je ne sais pas. Je suis encombrée, de paquets je crois, et n'arrive pas à ouvrir la porte. Une jeune femme qui entre également dans la maison l'ouvre et me laisse passer. J'entre dans ce qui devrait être mon appartement, mais je ne reconnais pas l'endroit. Peut-être ne suis-je pas au bon étage ?

Ce que je n'avais pas raconté : l'appartement était vide ou quasi.

Vu que la maison me représente - Olivier, que je remercie au passage - me suggère que je ne me reconnais pas. Et aussi que je suis peut-être aidée par une femme, une guide.

D'abord, je me demande pourquoi j'ai un appartement, dans une maison. Comme si je n'avais pas accès à l'entièreté de moi-même.

Et le vide de l'appartement (alors que ma vraie maison est au contraire encombrée) que signifie-t-il ? Que je vais enfin arriver à me débarrasser du superflu qui dans mon rêve est symbolisé par les paquets que je porte ? Ou comme le suggère l'un de mes livres, que je suis pauvre d'idées et de moyens. Bof, j'aimerais mieux que ce soit la première solution. Mais je crains que ce soit le contraire.

Et puis, il y a cette femme qui m'ouvre la porte. Je ne vois pas dans mon entourage une femme qui remplirait ce rôle. Je pense plutôt à une part de moi-même qui me permet d'entrer (en moi) en même temps qu'elle. Cette part jeune qui loge dans un autre appartement du même immeuble. Une partie de moi qui possède la clef, mais qui ne me laisse pas occuper l'entièreté de ma maison.

C'est déjà pas mal, d'avoir la clef. C'est qu'elle existe.

23/08/2013

Promenade au bois

Toutes les personnes que nous avons emmenées en promenade jeudi sont capables de se déplacer seules ou à l'aide d'une tribune à roulettes (rollator), mais uniquement sur de courtes distances et en terrain plat. Des chaises roulantes étaient donc prévues pour chaque personne, ainsi qu'un(e) bénévole pour la pousser. Sauf pour François qui marche sans soucis et fait même encore du vélo. Malgré cela, il se dit en prison dans cet établissement.

En début de semaine, la météo avait prévu du beau temps. Mais le jeudi venu, le ciel s'était fait moins engageant. Personne ne semblait contrarié, sauf l'organisatrice qui aurait à improviser s'il se mettait à pleuvoir. Dès que nous sommes arrivés au bois, de fines gouttes se mirent à tomber. Pas grave ! L'idée était de toute façon de prendre quelque chose dans un établissement.

Je suis assise à côté de Marguerite qui est une personne attachante. Un peu désabusée, elle a souvent l'air rêveur et se gratte inconsciemment les bras. "Vieillir !!!' soupire-t-elle d'un air entendu. Mais elle peut aussi faire quelques pointes d'humour et raconte qu'avec ses 3 sœurs, elles se réunissent toutes les semaines et amènent à tour de rôle une bouteille de vin. Elle dit qu'on les entend rire jusqu'au bout de la rue. Puis elle reprend son air mélancolique. Ce qui est étonnant, quand on y pense, c'est que cette personne, je la connaissais de vue. Elle était souvent dans la rue, aux alentours de sa maison. Elle connaissait plein de gens à force de les regarder passer et de parler avec tout un chacun. Et puis son mari était coiffeur, ce qui facilite la circulation d'informations diverses. Puis un jour elle a disparu de la circulation, mais je ne m'en suis pas rendu compte. Si on m'avait dit à l'époque que je prendrais un jour un thé auprès de cette dame un peu pipelette pendant qu'elle se délecte d'une bonne bière fraîche !

Tout le monde est content. Sauf Hélène qui prétend que le café est exécrable. Elle n'en veut pas et déclare qu'elle déconseillera l'établissement à toutes ses connaissances. Son vis-à-vis, un grand taiseux qui sourit quand on lui sourit, le lui rachète gentiment. Je remarquerai par la suite que c'est ce même gentil monsieur qui la reconduira à sa chambre. J'apprendrai aussi que pour les repas quotidiens, il est aussi assis en face d'elle à table. L'humeur chagrine d'Hélène ne semble pas l'affecter. Ou alors c'est pareil chez les vieux ? Les hommes préfèrent les chieuses ? Car c'est bien de ça qu'il s'agit, je le constaterai après son départ, lorsque les autres se lâcheront en se plaignant d'elle parce qu'elle rouspète tout le temps.

J'avais bien remarqué qu'elle était la seule à ne pas vouloir faire la promenade quand il a commencé à pleuvoir, et aussi qu'elle s'agaçait, je ne sais pas pourquoi. Sachant qu'il y avait des capes prévues, tous les autres avaient pris l'arrivée de la pluie avec philosophie. Hélène s'est tout de même laissée convaincre à accompagner le groupe.

Le but était de faire un arrêt à la chapelle, d'y chanter, de passer aux toilettes et puis de retourner dans le bois, faire un pique-nique. J'ai été surprise de la justesse de ton des chanteuses et de leurs voix harmonieuses.

Hélène avait un besoin pressant, mais au vu de la pluie, elle ne voulait plus aller aux toilettes qui se trouvaient dans un bâtiment proche. "Oh là là, mais quelle affaire, ce temps, c'est pas possible ! Oh là là ! Je ne veux plus y aller !" Je la convainc pourtant en lui remontant sa capuche. Elle pousse des lamentations pendant les 50 mètres qui nous séparent des toilettes. Après, elle se dit quand même soulagée d'y être passée. Mais voilà que je constate que sa veste est souillée. "Oh là là, qu'est-ce que c'est que ça ? C'est pas possible ! Il va falloir la faire nettoyer ! Je l'ai depuis au moins 25 ans. C'est de la qualité, vous savez ! C'est la marque "X" (Je n'ai pas retenu) Ce n'est pas n'importe quoi ! Oh là là !" En fait, elle ne semble pas ennuyée, chagrinée ou déçue. Elle a l'air fâché, comme si quelqu'un était responsable. Elle cherche autour d'elle d'autres regards à convaincre, mais n'en trouve pas. Elle devra se contenter du mien qui ne s'apitoie peut-être pas assez à son goût. Elle bougonne encore à tout va et me signale au passage que son seul désir dans cette vie c'est de se coucher. Ça en dit long ...

Finalement il a tant plu que nous sommes retournés à la maison de retraite. Le pique-nique a eu lieu dans la cafétéria ...

C'est là que Célestine a révélé un aspect de sa personnalité que personne apparemment ne connaissait. Elle a bavardé avec entrain, de sa petite voix de sourde un peu criarde, alors que d'habitude elle ne dit quasi rien, ne participe à rien et passe son temps couchée. Encore une tiens ! Elle n'est pas contrariante elle, par contre. Quand on lui parle, elle hoche la tête et sourit, même si on voit bien qu'elle n'a pas compris. Pas drôle d'être sourde ! Quel isolement ! Et quelle angoisse parfois ! Ainsi, elle raconte qu'elle a eu peur dans le bois, parce qu'elle croyait qu'on était perdus !

Ce qui est touchant, ce sont les petites attentions que les résidents ont les uns envers les autres. Les liens qui se tissent. C'est ainsi que Maria, assise à côté de Célestine, se penche vers elle et traduit, avec des mots simples et clairs, accompagnés de gestes évocateurs, ce qui a échappé à cette dernière. J'ai vu aussi un autre jour, un monsieur au regard d'enfant venir plusieurs fois au salon de coiffure voir si une des dames était prête, afin de la ramener dans sa chambre. Et j'ai entendu dire qu'à l'étage des personnes les moins valides, où il faut un code pour sortir, se trouve un monsieur qui semble n'avoir aucun problème, ni physique ni mental. Il paraît qu'il est là à sa propre demande. Et je le vois toujours accompagner une certaine Paula, très gentille et encore bien de sa personne, mais qui se trouve dans la confusion la plus totale. Serait-ce la raison qui le motive à rester à cet étage ?

19/08/2013

Mon agressivité face à l'envahissement !

Quantique, agressive ? Vous pouvez l'imaginer ? J'ai peut-être pas l'air comme ça, mais méfiez-vous des eaux qui dorment ou font semblant. Ainsi, quand j'étais plus jeune, j'ai commencé à être très désagréable envers les envahisseurs. Et "désagréable" est un euphémisme. Avec le temps, je me suis calmée. J'ai trouvé des stratagèmes pour empêcher intrus et intruses d'entrer ou pour les ramener vers la sortie, l'air de rien, en douceur.

Ainsi j'ai refoulé mon cousin qui venait pourtant du bout du monde. Il est arrivé sans prévenir, pendant que je faisais une coupe de cheveux à mon mari. Je lui ai demandé (gentiment parce que je l'aime bien) de revenir le lendemain. C'est ce qu'il a fait. J'ai été un peu plus ferme avec ma cousine qui, malgré que je l'avais prévenue, débarquait aussi n'importe quand, sous prétexte qu'elle passait justement par là.

Mais là, avec la chaleur, les chiens qui entrent et qui sortent tout comme nous, la porte est souvent restée entrouverte. Et une porte qui n'est pas fermée indique qu'il y a quelqu'un. C'est comme une invitation à entrer à qui passe par là. Pendant quelques jours, j'ai cru que j'étais devenue moins femme des cavernes. Que les visites impromptues étaient devenues, sinon agréables, du moins supportables.

Ce n'était qu'une illusion. Ainsi, avant-hier, fatiguée, j'ai voulu me reposer dans mon canapé. C'est ce moment que deux voisines ont choisi pour me rendre visite. J'ai bien tenté de les dissuader de rester, mais elles faisaient mine de ne pas comprendre. J'ai fini par m'énerver et pour ne pas créer d'esclandre, je me suis éclipsée au jardin, laissant mon mari au prises avec ces dames, sous prétexte que j'avais à faire au jardin.

Par la suite, j'en ai été bien contente, car je me suis attelée à un petit travail de réaménagement du coin où trône mon Bouddha. Le résultat m'a plu. Merci les intruses.

N'empêche, ma patience et ma tolérance ne sont pas revenues pour autant. Aujourd'hui encore, je me suis déchaînée. Avec violence, vous pouvez me croire. Et je peux vous annoncer qu'il y a d'ores et déjà au moins 15 âmes supplémentaires au paradis des mouches. Pauvre Mi*ka, elle n'aime pas du tout quand je joue de la tapette !

Mais je sens que ça va aller mieux maintenant. Je vais faire plus attention à fermer les portes ! Et j'attendrai, comme avant, que ces dames ailées se posent sur la moustiquaire ou qu'elles volent près de la fenêtre, pour ouvrir celle-ci et leur donner une chance d'échapper à un sort inexorable.