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19/07/2016

Le fil des souvenirs et des émotions

Hier, journée calme. Seule à la maison. Dehors, chaleur étouffante. Promenade matinale avec les chiens. Pause dans l'ombre d'un arbre, les chiens couchés dans l'herbe fraîche. Retour aux démons habituels. D'où rangement d'un petit coin du garage (Un tout petit). Surf sur internet. Facebook. Une chanson de Léonard Cohen "Allelujah" que j'aime beaucoup. Je l'écoute plusieurs fois, interprétée aussi par d'autres chanteurs. Je ne comprends pas bien les paroles anglaises. Ni même le sens de la traduction française. J'analyse un peu. J'écoute encore. Je me rends compte qu'il n'y a pas beaucoup de chansons ou d'interprétations qui me touchent autant. J'essaie de me remémorer ...

Tout à coup, il y en a une qui me revient. De loin. C'était il y a 20 ans (rectification, il y a 17 ans). "L'un pour l'autre" de Maurane. Elle avait été très joliment interprétée à l'église par deux jeunes filles étudiantes au conservatoire, des jumelles, accompagnées par le cœur des élèves de la classe de ma fille cadette. C'était lors de son mariage. Tiens, j'ai écrit "cœur" au lieu de "chœur". C'est parlant ! Je les revois, elle et lui, tout frais, tout amoureux, tout attendrissants. Et j'éclate en sanglots brusquement. Pourtant je ne suis pas naïve. Je me souviens bien avoir pensé à l'époque que c'était bien joli, mais que la vraie vie est souvent moins romantique.

On peut penser que j'en fais trop avec ma tristesse. Mais non, je refuse de refouler mes émotions. Je laisse monter ce qui est en moi. Y compris les souvenirs personnels de ruptures douloureuses. L'impression qu'il y a eu un malentendu de base. Que je ne valais pas les sentiments qu'on avait pour moi. De ne pas être "aimable". De n'être pas grand-chose, en fait. La douleur aussi d'avoir été quittée sans respect parfois. Surtout la dernière fois, juste avant que je rencontre mon mari. Méritais-je donc d'être traitée ainsi ?

Ils sont faits l'un pour l'autre
Comme le yin pour le yang
Comme le goût pour la langue
L'un pour l'autre
Ils sont faits l'un pour l'autre
Comme le bleu pour la mer
Comme un Dieu pour la terre
L'un pour l'autre
Crève les yeux tellement c'est clair
L'un pour l'autre

Séparer Séparer Séparer Séparer
On ne le pourra jamais, oh non non
On ne pourra jamais les séparer
Séparer Séparer Séparer Séparer
On ne le pourra jamais, oh non non
On ne pourra jamais les séparer
Ils sont faits l'un pour l'autre
Dans la foule qui avance
Un regard qu'ils se lancent
L'un pour l'autre
Ils sont faits l'un pour l'autre
Dans un monde qui se perd
Un rayon de lumière
L'un pour l'autre
Crève les yeux tellement c'est clair
L'un pour l'autre

L'un pour l'autre
L'un pour l'autre
L'un pour l'autre
instrumental
Passionnément les nuages
Même dans l'orage
La pluie les a lavés
Dans nos yeux comme une image
Du bonheur qui voyage

14/07/2016

Les indices

À posteriori, la tentation serait de me dire : "Mais pourquoi j'ai rien vu ?!" Des indices, il y en avait pas mal.

Maintenant, d'autres questions me viennent à l'esprit. Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Je vois trois raisons possibles. Pour ne pas m'inquiéter. Le choc en a été d'autant plus grand. Peut-être aussi parce qu'il arrive à ma langue de fourcher et de lâcher sans le vouloir quelque chose que j'étais sensée taire et qui aurait pu arriver aux oreilles des enfants. Je ne le fais pas exprès. Je suis parfois maladroite, distraite. Tant pis pour moi ! Ou alors, pour ne pas se laisser influencer par mon avis. Elle a déjà pratiqué de cette manière dans d'autres situations.

Maintenant, je ne sais pas trop bien comment aborder ou ne pas aborder le sujet. L'aborder peut être perçu comme intrusif. Ne pas l'aborder peut paraître mettre trop de distance. On verra. Si je suis maladroite, elle ne me l'enverra pas dire ...

13/07/2016

Trois jours plus tard ...

Lundi, rendez-vous avec Blanche. J'ai lâché les vannes pendant toute la séance. Hier, mes larmes n'ont plus trop coulé. Ce matin, je me réveille et je me scrute. Vais-je encore pleurer aujourd'hui ? Je me concentre sur mon ressenti. Ça va mieux. Je me remets du choc. Une émotion s'annonce quand même encore. J'attends de voir ce qu'elle va provoquer. Un petit nuage se concentre entre le haut du nez et les yeux qui s'humidifient (*). C'est tout.

Maintenant, du fait de le relater, cela recommence. Ma respiration devient saccadée, courte, en surface. Une grimace naît sur mon visage. Une petite larme déborde. Je ne rejette rien. Je ne juge rien. Je laisse passer. Le sanglot s'en va, revient, s'en va à nouveau.

IMG_7658 - copie.JPGJ'attends. Petit à petit, mon regard flou se tourne vers l'extérieur. Je vois ce qui m'entoure. Je le ressens. Mes chiens paisiblement installés dans leurs paniers tout près de moi. J'entends parfois un mouvement léger. Une griffe contre un panier en plastique. Une respiration régulière. Un petit bruit de langue. Un ronflement.

IMG_7657 - copie.JPGJe vois devant moi une jardinière. Un géranium qui tarde à fleurir. Deux petits bégonias qui se remettent péniblement de l'attaque des limaces. Et les mauvaises herbes qui s'épanouissent tout autour. Pendant un quart de seconde je me dis qu'il faudrait que je les enlève. Mais on s'en fout pour le moment des mauvaises herbes, non ? Sur base de quoi d'ailleurs décide-t-on qu'elles n'y ont pas leur place ? Dehors, le soleil. Un pigeon qui s'exprime en langage codé. Tout est paisible autour de moi. Et finalement en moi aussi.

Ne pas nier la souffrance. La ressentir sans s'y opposer. Ne pas la fuir. Ne pas la chasser. L'observer, puis la laisser passer. Ne rien bloquer. Je sais que c'est la meilleure formule pour qu'elle ne se cristallise nulle part en soi.

Prochaine étape : comprendre ce qui est si fort touché en moi pour que je pleure autant ...

IMG_7659 - copie.JPG

N.B : J'ai aussi des jardinières sans mauvaises herbes ! ;)

(*) - Pour les scientifiques, il s'agit de la zone autour du sac lacrymal et du canal nasolacrymal.
     - Pour les lacaniens qui jouent avec les mots : lacrymal -> là-cri-mal ...