13/07/2016
Trois jours plus tard ...
Lundi, rendez-vous avec Blanche. J'ai lâché les vannes pendant toute la séance. Hier, mes larmes n'ont plus trop coulé. Ce matin, je me réveille et je me scrute. Vais-je encore pleurer aujourd'hui ? Je me concentre sur mon ressenti. Ça va mieux. Je me remets du choc. Une émotion s'annonce quand même encore. J'attends de voir ce qu'elle va provoquer. Un petit nuage se concentre entre le haut du nez et les yeux qui s'humidifient (*). C'est tout.
Maintenant, du fait de le relater, cela recommence. Ma respiration devient saccadée, courte, en surface. Une grimace naît sur mon visage. Une petite larme déborde. Je ne rejette rien. Je ne juge rien. Je laisse passer. Le sanglot s'en va, revient, s'en va à nouveau.
J'attends. Petit à petit, mon regard flou se tourne vers l'extérieur. Je vois ce qui m'entoure. Je le ressens. Mes chiens paisiblement installés dans leurs paniers tout près de moi. J'entends parfois un mouvement léger. Une griffe contre un panier en plastique. Une respiration régulière. Un petit bruit de langue. Un ronflement.
Je vois devant moi une jardinière. Un géranium qui tarde à fleurir. Deux petits bégonias qui se remettent péniblement de l'attaque des limaces. Et les mauvaises herbes qui s'épanouissent tout autour. Pendant un quart de seconde je me dis qu'il faudrait que je les enlève. Mais on s'en fout pour le moment des mauvaises herbes, non ? Sur base de quoi d'ailleurs décide-t-on qu'elles n'y ont pas leur place ? Dehors, le soleil. Un pigeon qui s'exprime en langage codé. Tout est paisible autour de moi. Et finalement en moi aussi.
Ne pas nier la souffrance. La ressentir sans s'y opposer. Ne pas la fuir. Ne pas la chasser. L'observer, puis la laisser passer. Ne rien bloquer. Je sais que c'est la meilleure formule pour qu'elle ne se cristallise nulle part en soi.
Prochaine étape : comprendre ce qui est si fort touché en moi pour que je pleure autant ...
N.B : J'ai aussi des jardinières sans mauvaises herbes ! ;)
(*) - Pour les scientifiques, il s'agit de la zone autour du sac lacrymal et du canal nasolacrymal.
- Pour les lacaniens qui jouent avec les mots : lacrymal -> là-cri-mal ...
09:08 Publié dans Ma fille cadette, Tiouane & Titou | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Ah ce cher Jacques Lacan... Les photos sont belles surtout les deux amours ! ❤️
Écrit par : Daisy | 13/07/2016
Cher Lacan, oui, assez cher, coûteux comme la thérapie ...
Écrit par : quantique | 13/07/2016
En dehors des motifs personnels, l'augmentation du taux de séparation est aussi à mettre en lien avec le mode consumériste de notre société. Le mariage est malheureusement un produit de consommation parmi d'autres, et on ne s'y engage plus comme "dans le passé". A cela s'ajoute aussi cette illusion de devoir être/vivre toujours au top... et donc de ne pas/plus accepter, au sein du couple, une période plus sobre sentimentalement ou émotionnellement. Accepter la palette des émotions, comme vous l'évoquez dans votre billet.
Écrit par : An | 13/07/2016
Il y a encore d'autres facteurs : l'indépendance financière des femmes, la "libération" des mœurs, la déperdition des croyances religieuses ... Et dans tout ça, il y a de la souffrance, mais je crois aussi des opportunités nouvelles. Bref, c'est surtout ce qu'on fait de cette souffrance et l'état d'esprit avec lequel on s'engage dans la vie nouvelle qui fera grandir les uns et les autres ...
Écrit par : quantique | 13/07/2016
Sociologiquement, le divorce est normal. Avant on s'associait plus qu'on ne se mariait, l'amour était secondaire, on restait ensemble pour des raisons matérielles, financières, successorales et l'espérance de vie était moins longue, donc on restait marié tout une vie certes, mais une vie qui s'arrêtait plus tôt.
Toutes ces raisons existent moins, du fait de l'indépendance des femmes, de l'augmentation de l'espérance de vie, etc. Le mariage tient aujourd'hui son origine dans l'amour, mais rien n'est plus malléable que ça. Donc, le divorce est normal. Logique.
Mais une rupture non voulue, reste violente et douloureuse.
Écrit par : nots | 17/07/2016
Oui, une rupture subie reste violente et douloureuse. Ceci dit, ça devait être pire à une autre époque, quand le divorce était moralement réprouvé et que les femmes avaient peu de choix.
Écrit par : quantique | 17/07/2016
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