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18/03/2018

Les types de résidents

Je ne ne vais pas faire un catalogue exhaustif des types de résidents en maison de retraite. Ce serait un peu limitatif. Mais je voulais réagir au commentaire de Chaourcinette qui pense que ces personnes n'ont qu'une envie, c'est de se racrapoter dans leur chambre et de ne pas bouger.

Dans la maison de retraite où je suis bénévole, parmi les personnes atteintes de démence, il y a quelques cas dramatiques qui semblent souffrir tous les jours d'être perdus et s'agitent. D'autres ne s'agitent qu'occasionnellement. Certains sont calmes et ne quittent pas leur fauteuil de la journée, sans plus. Et quelques-uns sont toujours joyeux, mais il est vrai que ce sont des exceptions.

En ce qui concerne ceux qui sont encore capables de participer aux activités, il y a ceux qui refusent tout, pour différentes raisons. Parce qu'ils préfèrent le feuilleton à la télé, parce qu'ils n'aiment pas la promiscuité, parce qu'ils ont de la visite ou parce qu'ils préfèrent une autre activité personnelle (puzzle, cartes, tricot, lecture ...)

Il y a ceux que l'on "pousse". Ils viennent parce qu'ils n'osent pas dire non. Ils se sentent obligés. Parmi eux, certains sont soulagés quand c'est fini. D'autres se disent que finalement ça leur a plu. Qu'ils ont bien fait de venir. C'est ce qui rend difficile la façon de les motiver. Encourager, sans forcer. Ce n'est pas toujours facile à évaluer. La responsable principale a tendance à pousser beaucoup. Elle va jusqu'à prétendre leur demander de l'aide. Moi je n'aime pas cette tactique. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une manipulation et que la personne n'a pas un véritable choix. Elle accepte "pour faire plaisir". Ce que les résidents aiment généralement bien c'est d'emmener leurs œuvres, même si, en fait, c'est une(e) bénévole qui l'a réalisée pour la plus grande part, si pas entièrement.

Il y a aussi ceux qui viennent, sans participer. Ils sont contents de voir faire les autres et ça les change des 4 petits murs de leur chambre.

Et puis, il y a ceux qui viennent volontiers. Soit par intérêt véritable, soit par défaut, pour ne pas s'ennuyer. Et ça, c'est chouette !

Demain, on va faire des décorations de Pâques ...

15/03/2018

Parfois, c'est pénible à la maison de retraite

Tous les 15 jours, les résidentes de la maison de retraite ont droit à une mise en plis. Ce service est assuré exclusivement par des bénévoles. Ce n'est pas mon activité principale, mais j'y fais occasionnellement des remplacements.

Jeudi dernier, on y amène une dame en chaise roulante. Elle se plaint d'être obligée de venir alors qu'elle ne se sent pas bien. L'infirmier qui l'accompagne rigole. (Je trouve ça déplacé) La dame s'exclame : " Eux, ça les amuse, mais pour nous ce n'est pas drôle." Nous lui prêtons l'oreille avec sérieux. Elle se calme, mais garde son air mécontent. Quand vient son tour, elle me dit : "Je n'ai même pas profité de mon bain, tellement je me sens mal." Alors je lui réponds : "Tu sais, si tu ne veux vraiment pas venir, tu n'es pas obligée. Ils ne peuvent pas te forcer." C'est là qu'elle se calme d'un coup. "Bah, une fois que je suis ici, ça va." Et son air revêche disparaît complètement. Et moi, je me dis que c'est extraordinaire ce qu'un peu d'attention, de compassion véritable peuvent avoir comme effet apaisant !

Quand j'ai commencé mon activité bénévole à la maison de retraite, il y a 5 ans, il y avait un autre résident qui participait aux activités manuelles. Quand je dis participer, c'est beaucoup dire. Il fallait presque tout faire à sa place. Mais il avait l'air content d'être là. Par contre, il parlait fort et gênait les autres. Dans la vie quotidienne, il a dès lors été isolé. Aussi parce qu'il criait toujours qu'il voulait rentrer chez lui. Il ne voyait que le personnel qui passait de temps en temps. On lui répondait avec douceur que ce n'était pas possible. Il prétendait que si. "Quand on veut, on peut !" Puis, je ne l'ai plus vu. Par contre, je l'ai encore entendu. Je ne sais pas où ils l'ont caché. Tout ce que je sais, c'est que régulièrement quand je passe devant une certaine fenêtre, je l'entends appeler : "À l'aide, à l'aide, venez m'aider !" Je passe en faisant taire mon cœur ...

Mardi, je faisais à nouveau un remplacement au salon de coiffure. On y amène une petite dame que je n'avais plus vue depuis longtemps car elle ne quitte plus son étage. Son état mental avait visiblement pris un coup dans l'aile. Elle demandait pourquoi on l'amenait là. Elle voulait rentrer chez elle, à la maison (la maison de son enfance). Je lui ai expliqué qu'on allait lui faire une mise en pli. Elle n'en voulait pas. Elle voulait retourner chez sa mère (décédée depuis longtemps). Je l'assurai qu'elle repartirait aussitôt que ses cheveux auraient été coiffés. Elle s'est tue, mais elle essuyait ses larmes qui coulaient abondamment. J'ai encore tenté de lui montrer mon empathie. Elle se plaignait de quelqu'un qui avait été méchant avec elle et qui lui faisait peur. Pleurant toujours comme une vieille petite fille, elle demandait pourquoi elle ne pouvait pas rentrer chez sa maman. Elle n'avait pourtant rien fait de mal ! Moi : "Mais bien sûr que tu n'as rien fait de mal. Personne n'a dit ça !" Elle : "Oh si ! Le méchant l'a dit." Finalement, elle s'est laissé faire sans broncher. Ma collègue qui la connaît bien était même étonnée de son calme inhabituel. Quand le séchoir s'est éteint, j'ai voulu l'emmener vers le siège en face du miroir pour terminer sa coiffure. C'est alors qu'elle a reconnu une résidente de son étage qui était prête à remonter. Mélangeant le présent et le passé, elle s'est exclamée : "Mais je pourrais aller avec elle ! Je la connais. Elle habite dans ma rue, à quelques maisons de la mienne." J'ai alors demandé à l'autre dame si elle était d'accord d'attendre. Au départ, je l'ai sentie un peu réticente, mais comme je l'assurais que ça ne durerait que 5 minutes et que ça permettrait de calmer l'autre personne, elle a accepté. Du coup, finis les pleurs et les récriminations. Ma petite dame avait un visage familier auquel se raccrocher. Avec l'autre bénévole, nous sommes allées les reconduire ensemble. Une fois dans son couloir habituel, elle a un peu retrouvé sa sérénité et s'est dirigée d'elle-même vers son petit monde connu tout rétréci, mais plus ou moins rassurant.

Il y a des jours où c'est vraiment plus éprouvant que d'autres à la maison de retraite ...