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25/07/2017

La vie privée de l'analyste

Lundi, Blanche m'envoie un sms : Je ne pourrai pas vous recevoir cette semaine pour cause de décès. Je vous recevrai lundi prochain si cela vous convient. Bien à vous. Mme Blanche. Toujours par smsje lui présente mes condoléances.

Hier, je me présente chez elle pour ma séance. Je me demandais si dans cette relation thérapeutique il convenait d'aborder un sujet personnel relatif au thérapeute. Il y a toujours cette distance nécessaire. Mais je ne me voyais pas m'installer sans dire un mot la concernant et me mettre à lui parler de moi comme si elle n'était pas, elle aussi, un être humain sensible. Je lui demande donc si elle a perdu quelqu'un de proche. "Oui", me répond-elle, sans autre précision. Nous nous regardons un moment. Elle ajoute : "... mais je ne vais pas faire peser cela sur vous ..." Je lui réponds que je comprends, vu la relation thérapeute-patient, mais bon ..." C'est alors qu'elle m'annonce qu'il s'agit de son petit-fils !!! "Votre petit-fils ? Celui qui est né il n'y a pas longtemps ?" (Je pense qu'elle en a un autre). "Oui, il avait 6 mois. Il était atteint d'une maladie rare. En fait, il n'avait pas d'immunité. Donc, le premier virus venu l'a emporté." "C'était déjà à cause de ça que vous avez annulé certaines autres séances ?" Elle acquiesce. Je manifeste mon empathie et elle l'accueille avec simplicité. Que la vie est dure ! Je comprends maintenant ses airs "ailleurs" à la fin de certaines séances, entre le moment où je me prépare à partir, le moment où je la paie et le moment où elle me tend la main pour me dire au revoir, avec le sourire.

Il me faut ensuite toute ma concentration pour me remettre dans ma bulle de patiente. Elle m'écoute, comme d'habitude. Intervient de temps en temps, de sa voix douce, comme d'habitude. Je ne sens aucune différence dans son attitude envers moi. Elle est vraiment là pour moi. Je la quitte en lui souhaitant bon courage. Quel métier, analyste !