09/06/2015
"Tu me fatigues !"
C'est la fête scolaire de Bébichon. Il fait beau, les enfants s'amusent. Je papote avec ma fille cadette. Elle m'explique qu'elle a trouvé des chaussures à semelles compensées moins hautes que les précédentes qui l'étaient trop à son goût. Elle ne portait jamais de talons auparavant. Elle les met quand elle sait qu'elle ne va pas trop devoir marcher, sinon elle a mal aux pieds. Je rajoute que ce n'est pas plus mal, vu que ce n'est pas bon pour le corps. Elle me toise un moment en silence, la bouche en bec de canard, puis me lance : " tu me fatigues !" Je tombe des nues. Qu'est-ce que j'ai dit ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ah oui, elle n'aime pas quand je fais des observations sur la santé. Je commence à formuler une réponse dans ma tête, mais aucun son ne sort de ma bouche. Je ne sais pas comment la conversation a repris, simplement, comme si de rien n'était.
Un moment donné, je me retrouve seule à table. En repensant à son regard qui tue et à ses mots, "tu me fatigues", j'ai les larmes qui me montent aux yeux. M'enfin ! Ce n'est pas si grave quand même ! Non, mais je n'ai pas l'habitude. Quand ma fille aînée réagit à mes propos, elle explique son point de vue, son ressenti, ses émotions. Bref, elle dialogue. Ma fille cadette non, elle me sort que je la fatigue, sans plus.
Une fois rentrée à la maison, plus de fête pour m'occuper la tête. Plus de spectacle, plus de musique, plus d'enfants bruyants. Seul le calme et ces mots qui me reviennent en boucle : "Tu me fatigues !" Je me sens mal avec ça. Il faut qu'on en parle. Je vais lui téléphoner. Ou alors lui écrire un mail ? Bof ! Je ne vais quand même pas en faire un fromage ! Après tout, si je laissais couler ? Ça finira bien par passer. Mais dans ma tête, depuis 2 jours , ça ne passe pas. Je rumine. J'ai quand même bien le droit de dire ce que j'ai dit, non ? Ce n'est pas non plus comme si je parlais de la santé de façon obsessionnelle. Quoique ! Le même jour, elle me parlait du vernis à ongle semi permanent qu'elle avait porté, du produit qu'il fallait garder pendant un quart d'heure pour dissoudre le vernis. De l'esthéticienne qui lui avait fait mal et abîmé un ongle en le grattant. Et là, j'avais dit :"On se demande aussi si ces produits ne sont pas nocifs." Elle m'avait répondu : "Oui mais tu sais ... bon, pas bon ... " Peut-être que là déjà, ça l'avait "fatiguée" ... Finalement, se pourrait-il que je développe une phobie ?
À force d'y penser, il y a autre chose. Elle m'a déjà dit que quand je fais une observation de ce genre, elle a l'impression que je la juge. Lui dire que ce n'est pas bon signifie dans sa tête que je trouve qu'elle ne devrait pas. Donc c'est "pas bien" ! Contrairement à moi, elle utilise souvent la formule "c'est pas bien". Peut-être parce qu'elle est institutrice. Mais moi, quand je dis ça, je ne juge pas. Je comprends très bien qu'on ait envie de porter des talons hauts. Je comprends aussi qu'on se fasse vernir les ongles. Je comprends même qu'on fume ou qu'on mange trop. Je lui ai déjà expliqué, mais apparemment elle n'est pas convaincue.
En fait, c'est le même problème que j'ai évoqué dans une note précédente où j'avais eu un accrochage avec ma fille ainée. Je n'ai décidément pas encore trouvé la bonne formule ...
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