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18/10/2019

Plaisir inattendu

Mercredi, je reçois un coup de fil d'une dame qui venait d'être désignée tutrice d'une jeune fille (mineure étrangère non accompagnée). Elle m'explique que le compagnon de cette jeune fille est le jeune Syrien dont je m'étais occupée jusqu'à ses 18 ans, Jamal ! Mon rôle avait alors pris fin, vu sa majorité. J'avais encore eu des nouvelles parce qu'il avait eu des problèmes pour obtenir le visa de sa famille qu'il voulait rapatrier en Belgique. Une association m'avait contactée à ce sujet. Plus tard, la police m'avait téléphoné parce qu'ils le recherchaient en tant que témoin et victime d'une rixe au couteau. Il avait été blessé sans trop de gravité. J'avais moi-même tenté d'avoir de ses nouvelles à son portable et par facebook, mais il ne m'avait pas répondu.

En début de semaine, avant ce coup de fil donc, j'en parlais justement à mon mari, disant que je ne saurais sans doute jamais si sa famille l'avait rejoint en Belgique, s'il était retourné au Liban où sa famille s'était réfugiée, ou s'il était resté seul en Belgique.

Et voilà que cette tutrice m'apporte tous ces renseignements sur un plateau d'argent ! Elle me raconte que l'amie de Jamal, dont elle est tutrice est enceinte (à 16 ans) et qu'en parlant de moi, il s'était enthousiasmé, qu'il voulait avoir mon numéro de portable car il ne l'avait plus et qu'il voulait me contacter ! Wouaw ! Ça faisait plaisir à entendre !

Cet après-midi, un coup de fil : "Bonjour madame." En entendant l'accent, je crois que c'est quelqu'un de la famille de ma pupille qui m'appelle. J'attends ce qu'il a à me dire. Mais vous l'aurez compris, c'est mon ex-pupille en personne que j'ai au bout du fil ! Il baragouine quelques phrases que je ne comprends qu'approximativement. Je lui réponds, mais il ne me comprend pas. Son français ne s'est pas beaucoup amélioré. Alors, à bout de vocabulaire, il me dit en parlant de lui-même :"Tu connais Jamal ?" Oui, je connais Jamal ! Il pousse un grand "Ahhhhh" de satisfaction. Entre toutes ses phrases chaotiques et les miennes dont le sens lui échappe pour la plupart, je comprends qu'il va se marier. Un moment donné, il me lance un "Je t'aime ! Tu es ma mama !" plein de fougue. Je ris. Il était plus réservé à l'époque où je l'ai pris en charge. Je dis que je suis contente d'avoir de ses nouvelles. Il ne comprend pas. Je dis que ça me fait plaisir. A-t-il compris ? Je ne sais pas. Mais un courant de sympathie passait au-delà des mots. C'était cool !

Autant je ne souffrais d'aucune déception majeure concernant l'ignorance où j'étais de la vie que menait maintenant Jamal, autant j'ai été surprise de l'émotion agréable que ce coup de fil a provoqué en moi. Je souris encore en y repensant ...