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03/09/2017

La poussière

Au début, quand je parlais de mes compulsions à ma psy, j'utilisais le mot TOC. Elle non. Un jour, elle m'a dit "ce que vous appelez votre TOC". C'est vrai qu'on aime bien donner un nom au choses. Les classer. Les ranger dans des cases. Dans un sens, ça déculpabilise. J'ai un TOC. C'est un peu comme une maladie. On n'est pas responsable d'attraper un rhume n'est-ce pas ? D'un autre côté, est-ce que cela ne risque pas d'enfermer ? De limiter ? De rigidifier les concepts ?

Je crois que les choses sont bien plus complexes, mouvantes et imbriquées que ça. Si la poussière laissée dans un coin derrière le balai ne fait pas partie de mon TOC d'accumulation, c'est donc inexcusable ? Est-ce qu'un TOC est circonscrit sans interférence avec d'autres aspects de ma psychologie ? Ne puis-je, en-dehors de ce TOC connu et reconnu, avoir d'autres difficultés ? Des difficultés secondaires, plus ou moins liées, qui peut-être n'ont pas de nom ?

Ceci dit, objectivement, je ne considère pas que de laisser la poussière dans un coin soit un problème. Qui aurait édicté la règle qu'il faut ramasser immédiatement ? À partir de combien de minutes de différé, combien d'heures, combien de jours est-ce "mal" ? Celui qui fait une fixation sur ce genre de choses est peut-être un peu maniaque, non ?  Mais je sais que socialement, la maniaquerie de la propreté est considérée comme une qualité, alors qu'il peut s'agir, dans les cas aigus, d'un processus pathologique dont le sommet est un TOC (se laver les mains au point de les blesser, nettoyer chaque jour chaque recoin, obsession des bactéries, etc). C'est un peu comme les gens qui se déclarent perfectionnistes. Ils en tirent une certaine fierté, même si ça les fait souffrir et qu'il s'agit en fait d'une forme de névrose ou de son début. La perfection n'existe pas. Dans aucun domaine.

Que l'on ne comprenne pas mon mécanisme de fonctionnement ne me surprend pas. Je ne pensais pourtant pas être jugée pour cette anecdote, ici, sur cette plateforme. Or, je constate que je le suis. Je ne crois pas que j'en raconterai d'autres. Pour ma part, je m'autorise à ne pas me juger. À ne plus le faire, devrais-je dire. En tout cas, j'essaie. En thérapie, je découvre que je résiste à tous les "il faut" que la société impose. Même aux '"il faut" ou "il faudrait" que je crois devoir m'infliger à moi-même. C'est dire ! Je ne suis pas sortie de l'auberge. C'est ma façon à moi d'être bizarre.

En fait, c'était assez intéressant de vivre ces échanges. Un peu douloureux quand même. Dans un premier temps, j'ai pensé abréger. Mais cette mise au point avec moi-même ne me semble pas inutile.