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29/01/2017

1ère mission accomplie !

Le MENA* dont j'avais été désignée tutrice fin juillet est majeur depuis le 1er janvier 2017. Son 18ème anniversaire marque donc la fin de la tutelle. Il doit maintenant se débrouiller tout seul. C'est un aspect des choses que je trouve un peu dur. Les jeunes sont pris en charge correctement jusqu'à 18 ans et puis bye bye les frères. Débrouille-toi ! J'ai fait de mon mieux pour l'accompagner et pour le préparer pour la suite, mais je sais que ce ne sera pas facile pour lui, surtout qu'il connaît très peu le français et que depuis le début il n'est pas motivé pour apprendre, malgré mes encouragements. Il se dit trop stressé par la séparation d'avec sa famille et la crainte que le regroupement familial demandé ne puisse avoir lieu. Tout est en ordre pourtant, mais il n'ose pas y croire.

Ce que j'ai retiré de cette première expérience ? En fait, j'ai eu l'impression de marcher à tâtons dans un grand labyrinthe. Un jeu vidéo qui vous donne un plan au départ. Mais en cours de route, des pans de murs apparaissent, des obstacles non prévus surgissent, les règles du jeu ne sont pas appliquées, des fonctionnalités ne répondent pas. Comme si le jeu nécessitait une mise à jour plus récente. Cela m'a valu pas mal de stress, je dois l'admettre. J'ai même cru que je ne renouvellerais pas l'expérience avec d'autres jeunes. Mais j'ai depuis retrouvé mon enthousiasme. Ma psy m'a bien aidée dans ce domaine.

Quant au côté humain, il n'a pas été facile. Imaginez comment communiquer avec un jeune qui ne comprend même pas des mots simples comme "content" ou "difficile", qui ne sait conjuguer les quelques verbes qu'il connaît qu'au présent. Vous ne savez donc pas si ce qu'il dit il "va" le faire, ou s'il l'"a" fait. Il ne sait d'ailleurs toujours pas ce que signifie "tutrice", quel était mon rôle exact. Il m'a toujours appelée "-sistante sociale"

Le positif. Au début, je dirais qu'il me tolérait, parce qu'il le fallait bien. C'est un garçon indépendant qui supporte mal la contrainte. Il m'a mis devant des faits accomplis. Mais il a fini par me faire confiance et s'est détendu. Je suis sûre que s'il n'y avait pas eu la barrière de la langue, cela se serait mieux passé. Il y a quand même eu des moments de convivialité. Un jour, par exemple, il m'a montré des photos de ses parents, frères et sœurs. Une autre fois, il m'a photographiée, occupée à étaler devant moi des euros qui lui étaient destinés. Il allait envoyer la photo à sa famille. Ça l'amusait. J'ai joué le jeu. Il a aussi fait un selfie de nous deux. C'était des moments sympathiques.

Donc, officiellement, pour moi c'est fini. Je lui ai toutefois dit qu'il pouvait encore me téléphoner s'il avait un problème. ("Problème" est un mot qu'il connaît bien !)  C'est marrant, mon mari avait l'impression que je n'étais occupée avec ça que depuis 3 ou 4 mois, alors que moi, il me semblait que cette aventure avait duré bien plus que les 6 mois réellement traversés. C'est dans ma tête que ça a pris de la place et du temps.

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*MENA : mineur étranger non accompagné.