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22/09/2016

Mon Syrien a craqué !

Journée importante hier, pour mes deux Syriens, le grand et la petite. Ils ont été auditionnés au CGRA, chacun pendant 1h30. Sur leur famille, leur voyage d'exil, leurs souvenirs de la Syrie, leurs objectifs en Belgique. C'est cette instance qui décide de l'octroi du droit d'asile.

La fillette, dont on m'avait pourtant dit qu'elle était très stressée, s'est montrée très calme.

Le garçon s'est bien tenu aussi, contrairement à la première interview à l'OE (Office des Etrangers) où il avait manifesté de l'impatience. Nous l'avions bien préparé je crois, l'avocate et moi-même en lui expliquant que ce serait long et répétitif, mais que c'était la règle pour tout le monde et que dans sa situation, il n'y aurait pas de problème quant à son droit d'asile. Tout cela lui a permis, semble-t-il, de maîtriser sa nervosité.

Par contre, après avoir répondu aux questions concernant tous les membres de sa famille, l'auditrice lui a demandé s'il y avait d'autres personnes importantes qu'il avait dû quitter. Il a alors cité son petit frère, bien que cet enfant fasse partie de sa famille. Il a été invité à en dire plus. C'est alors qu'il a craqué. Il s'est mis à pleurer et nous avons fait une petite pause. Quand il s'est calmé, l'auditrice lui a demandé d'expliquer un peu ce point. Il a raconté que l'enfant avait 1 ans quand il est parti, qu'il n'y avait rien à dire de spécial, juste qu'il était attaché à lui. Je pense que tout le monde a été touché par cette réaction émotive et personnellement, par la raison qui l'a provoquée. L'auditrice lui a fait comprendre qu'il n'avait pas à être gêné et qu'il avait le droit d'exprimer son ressenti. Je l'ai trouvée bien plus humaine que celle qui l'avait interrogé lors de la première interview à l'OE (instance qui décide si la demande d'asile est recevable et si oui le transmet au CGRA). Je l'avais trouvée froide et moralisatrice, alors que la réputation des 2 organismes est inverse, c'est-à-dire souplesse à l'OE et sévérité au CGRA.

Quand tout a été fini, j'ai remercié la jeune femme pour son attitude. Je crois que ça ne lui a pas été indifférent. Son rôle n'est pas facile. J'ai eu l'impression qu'elle cherchait à rassurer et à établir un contact "vrai", ce qui n'est pas évident. Souvent, les demandeurs d'asile sont méfiants. Ils ont peur de ne pas donner "la" bonne réponse et donc adaptent leur discours en fonction de ce qu'ils croient devoir dire. J'ai vu à plusieurs reprises un petit sourire de frustration à une réponse un peu laconique ou convenue.

Dans quelques semaines, ils recevront leur décision. Positive, bien entendu ! :)